En
ce temps-là, il y avait dans un village proche de Jérusalem, une
fratrie, un frère et ses deux sœurs. Le frère se nommait Lazare,
l'aînée des sœurs, Marthe, et la cadette, Marie. Ils étaient
plutôt aisés. La plus jeune, Marie, fit comme le fils prodigue.
Elle quitta la maison, pour aller à Magdala, en Galilée, y mener
joyeuse vie. Elle devint une pécheresse. On l'appela dès lors Marie
de Magdala, ou Madeleine. Mais la miséricorde divine s'intéressa à
elle. Elle fit la rencontre de Jésus, l'amour et la pureté en
personne. Elle pleura ses péchés et se mit à aimer Jésus.
Entièrement pardonnée, et même délivrée de sept démons qui
avaient pris possession de son âme, au cours de sa vie pécheresse,
elle se mit à suivre Jésus avec d'autres femmes et à l'assister.
Sans doute, il lui arrivait de revenir à la maison de temps en
temps, auprès de son frère et de sa sœur.
Un
jour qu'elle était chez elle justement, Jésus arriva et rendit
visite à Marthe et Marie. Semble-t-il, Lazare n'était pas là ce
jour-là. Et pendant que Marthe s'agitait pour servir le repas, Marie
était assise aux pieds de Jésus et l'écoutait. Marie fut en ce
moment l'image-même de la vie contemplative, vie qui consiste à
regarder et écouter. A ce sujet, écoutons ce que le cardinal
Luciani, futur pape Jean-Paul Ier, écrivait sur les 4 formes de la
prière.
Un
père de famille fête son anniversaire, avec sa femme et ses trois
enfants. Le plus petit des garçons lui récite un petit poème qu'il
a appris par cœur. Il représente celui qui récite des prières,
par exemple le chapelet. Cette prière, si on la fait avec attention
et amour, a déjà une grande valeur aux yeux de Dieu. Puis c'est le
tour de l'aîné des garçons, qui est déjà à l'école secondaire.
Lui il prononce un discours, qu'il a écrit lui-même. Le père peut
être fier de son adolescent ! C'est l'image même de ce qu'on
appelle l'oraison discursive ou méditation. On exprime à Dieu ses
pensées, avec ses mots à soi. Ensuite la petite fille elle, elle
offre un bouquet de fleurs à son papa, sans rien dire. C'est
l'oraison affective, celle où on ne cesse de dire à Dieu qu'on
l'aime et qu'on a confiance en lui. On arrive là déjà à des
formes beaucoup plus élevées de la prière. Mais le sommet est
atteint par l'épouse. Cette dernière ne dit rien et se contente
d'échanger un regard avec son mari. Là elle dit tout dans le
silence. C'est l'oraison contemplative, la plus parfaite des prières.
On songe ici à cet habitant d'Ars, le Père Chaffangeon, qui passait
en silence de longs moment à l'église. Un jour le curé d'Ars lui
demanda : « Mais que dites-vous au Bon Dieu lorsque vous
restez si longtemps devant le tabernacle ? » Et l'autre de
répondre : « Mais rien, monsieur le curé, je l'avise et
il m'avise ».
Que
pense Jésus de la vie contemplative de Marie, alors qu'elle subit
les critiques de sa sœur Marthe ? La réponse de Jésus, vous
la connaissez : « Marie a choisi la meilleure part et elle
ne lui sera pas enlevée ». Jésus loue et estime au plus haut
point la prière contemplative, qui fait de ceux qui y sont établis
ses intimes, ses familiers. Jésus en effet par dessus tout a soif de
notre amour silencieux et nous ravissons son cœur lorsque nous
entrons dans cette voie.
Dans
la prière contemplative, on goûte déjà aux joies du paradis. La
vie active a toute sa valeur, mais elle cessera avec la fin de notre
vie sur terre. La vie contemplative au contraire durera toute
l'éternité, dans un face à face avec la Sainte Trinité, qui nous
comblera d'un bonheur incessant et sans cesse renouvelé. C'est donc
avec raison que Jésus dit de la part que Marie a choisie, qu'elle ne
lui sera pas enlevée.
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