La Russie se convertira et un temps de paix sera donné au monde, telle est la promesse faite par la Mère de Dieu à Fatima. La première partie s'est réalisée. Le communisme athée s'est effondré en Russie. Bien plus, alors que nos pays occidentaux font montre d'une réelle christianophobie et s'orientent vers des législations pernicieuses, du genre mariage homosexuel, la Russie est un pays qui défend beaucoup mieux que nous les valeurs chrétiennes ou simplement naturelles. Comme le rappelle le Docteur Anca Cernea, une femme médecin de Bucarest, de rite catholique oriental, que j'ai eu le plaisir de rencontrer à deux reprises, et qui fut l'une des intervenantes au dernier synode sur la famille, les principes pervers du matérialisme marxiste sont à l'oeuvre dans nos sociétés occidentales et opèrent leur travail de destruction de la société civile et de l'Eglise, alors que la société russe est fière de ses racines chrétiennes.
Mais la conversion de la Russie, promise à Fatima, ne visait-elle pas le retour du peuple russe à l'unité catholique? Nous devrions alors nous situer dans le problème plus vaste de l'unité des chrétiens. La Russie est orthodoxe, et son orthodoxie est pointue. Elle refuse la primauté de juridiction du Pontife romain et est jalouse de son autonomie, même vis-à-vis du Patriarche de Constantinople, plus ouvert à l’œcuménisme. La promesse de Marie concernerait-elle la fin d'un vieux schisme et l'avènement d'une unité tant désirée, gage d'une nouvelle expansion missionnaire de l'Eglise? A vues humaines, ce n'est guère probable. Mais la chute miraculeuse du communisme n'était guère probable elle aussi, il y a quelques années. Je pense donc que Fatima n'a pas dit son dernier mot.
Mais quant à la paix du monde, la promesse n'est pas encore réalisée. Notre grand ennemi n'est plus le communisme mais l'Islam, ce vieil ennemi de la chrétienté. Nous devons donc continuer à dire le chapelet pour la paix du monde, et en particulier pour la conversion des musulmans, et retrouver ce souffle qui a soulevé la chrétienté, à l'époque de la bataille de Lépante. Marie nous a entendus dans notre lutte contre le communisme, elle nous entendra encore sur toutes nos difficultés actuelles avec le monde musulman.
Mais pour comprendre en profondeur la prophétie de Fatima, je voudrais appliquer à l'exégèse de cette révélation privée les mêmes principes que ceux que l'on applique aux prophéties bibliques. Dans la Bible, des termes géographiques comme l'Egypte ou Babylone, ennemis et oppresseurs du peuple de Dieu, désignent d'abord des pays particuliers bien précis, mais en certains passages, ils désignent des symboles. Il s'agit alors de tout ce qui est hostile à Dieu.
La Russie est le premier pays dans l'histoire à avoir connu un régime officiellement athée. Mais ne peut-on voir en elle le symbole de tous les autres pays qui ont ensuite suivi son exemple. La pensée antichrétienne s'est maintenant infiltrée un peu partout. Quand Marie parle de la conversion de la Russie, ne parlerait-elle de la conversion du monde entier, prenant la partie pour le tout?
Alors la prophétie s'éclaire d'un jour nouveau, celui de la conversion du monde et de son retour à la foi et à l’Évangile. On verrait alors, comme conséquence heureuse de cette conversion universelle, l'établissement de la paix universelle, l'unité des chrétiens et le triomphe du Cœur Immaculé de Marie. La prophétie de Fatima s'inscrirait ainsi dans le cadre plus vaste d'autres prophéties qui annoncent d'abord une terrible épreuve purificatrice qui serait suivie d'une nouvelle Pentecôte ou du déluge de la Divine miséricorde. Je comprends ainsi le psaume: La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui: "Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations!" (Ps 21, 28-29).
Quand cela se produira-t-il? C'est le secret de Dieu, mais ne pouvons-nous pas hâter ce moment par notre supplication fervente? L'Eglise revit dans son histoire les étapes de la vie du Christ. Nous serions à la veille du dimanche des rameaux, jour de triomphe pour Jésus-Christ, précédant les événements ultimes de la Semaine Sainte. Le Christ régnerait sur le monde, avant l'épreuve finale et son retour dans la Gloire, à la consommation des siècles. "Oui, je viens bientôt". Amen. Viens, Seigneur Jésus (Apoc. 22, 20).
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