Le
mystère de la création de l'homme
Dans
le livre de la Genèse, il est dit que Dieu créa l'homme à son
image et à sa ressemblance. Il en est ainsi non seulement du premier
homme et de la première femme, mais de tous les hommes et femmes de
tous les temps. Tous nous sommes créés à l'image et à la
ressemblance de Dieu, de la Sainte Trinité.
On
pourrait dire que dans le terme d'image, il y a quelque chose de
statique et d'inaliénable : l'homme est une fois pour toutes
image de Dieu, et même chez l'être humain le plus défiguré, cette
image ne disparaît jamais. Par contre, le terme de ressemblance
renvoie à quelque chose de dynamique, à un phénomène de
croissance et d'évolution.
L'image
de Dieu dans l'homme se trouve dans la partie spirituelle de son âme.
On peut distinguer dans l'âme humaine trois niveaux. Il y a d'abord
l'âme végétative, que l'homme a en commun avec tous les êtres
vivants : ainsi les fonctions de respiration et de nutrition
relèvent de cette âme végétative. Ce sont les fonctions vitales
les plus fondamentales. Ensuite l'âme sensible, que l'homme a en
commun avec les animaux, du moins les plus évolués. De cette âme
sensible relève tout ce qui est de l'ordre de la sensibilité, du
psychisme, de l'imagination, des passions etc.
Enfin
il y a l'âme proprement spirituelle, qui distincte radicalement
l'homme des autres créatures et qui fait que parmi celles-ci,
l'homme seul est créé à l'image de Dieu. Cette partie noble de
l'âme est le siège des deux facultés spirituelles qui sont cette
image de Dieu en l'homme : l'intelligence et la volonté.
L'intelligence est faite pour connaître la vérité, la volonté est
faite pour l'amour. Quand on parle d'amour ici, on veut parler de
l'amour spirituel. L'amour sensible, qui existe aussi d'une certaine
façon chez l'animal, a son siège dans la partie sensible de
l'homme, et il peut ainsi être déviant. Mais la possibilité d'un
amour spirituel est le propre de l'homme, de même que la
connaissance spirituelle l'est aussi de l'homme, seul capable par
exemple de la connaissance métaphysique. Dans son âme spirituelle
l'homme est capable de connaître Dieu et de l'aimer. Telle est la
noblesse de l'homme.
L'homme
fut aussi créé à la ressemblance de Dieu. L'homme est appelé à
ressembler à Dieu. En particulier, puisque Dieu est infiniment
saint, l'homme est appelé à la sainteté. Vivant dans le temps,
l'homme doit se sanctifier progressivement, croître en sainteté au
long des jours, tendre à la perfection divine : Soyez
parfaits comme votre Père céleste est parfait
(Matt 5, 48). On voit donc ici que dans cette notion de ressemblance,
il y a quelque chose de dynamique. A la différence de l'image divine
qui est en l'homme de manière inaliénable, la ressemblance avec
Dieu peut s'accroître ou diminuer, voire se perdre, par le jeu de la
liberté de l'homme, qui répond ou non à la vocation à la
sainteté.
Chute
de l'homme et rédemption
En
effet, la foi nous enseigne que Dieu, non content de nous créer à
son image, voulut nous associer plus étroitement à sa vie infinie.
Il avait donc, dans Adam, le premier homme, donner à la nature
humaine de participer à la nature divine par ce que nous appelons la
vie surnaturelle ou la grâce sanctifiante. Ainsi, du rang de simple
créature, Adam était élevé à celui d'enfant de Dieu et
d'héritier du ciel ; dignité qu'il devait transmettre à toute
sa race comme un patrimoine divin. Mais
Adam refusa d'obéir à Dieu ; par le péché originel, il
perdit la vie surnaturelle et tous ses privilèges. Depuis lors, ses
descendants naissent privés de ce don céleste et chargés des
conséquences de la première faute. Dieu cependant eut pitié du
genre humain tombé dans cet état de péché. La seconde personne de
la Sainte Trinité, Dieu le Fils, s'est faite homme pour nous
racheter par sa passion et par sa mort. En vertu des mérites de
Jésus-Christ, notre Sauveur, la grâce sanctifiante est rendue aux
hommes et nous redevenons les enfants de Dieu. En même temps Dieu
nous éclaire et nous fortifie par les vertus de foi, d'espérance et
de charité, par les grâces actuelles, par d'autres dons encore,
comme les sept dons du Saint-Esprit, bref par toute une action
mystérieuse et réelle de l'Esprit-Saint au-dedans de notre
intelligence et de notre volonté, qui nous permet de vivre, dès
ici-bas, comme il convient à de vrais enfants de Dieu et de mériter
de la posséder un jour dans le ciel. Son action, le Saint-Esprit ne
l'exerce pas du dehors, mais au plus intime de nos âmes qu'il habite
avec le Père et le Fils. Jésus, après la Cène, a dit ces paroles
bénies : Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole,
mon Père l'aimera et nous viendrons à lui et chez lui nous
établirons notre demeure (Jean
16, 2). C'est pourquoi, un
homme en état de grâce est déjà un saint, puisque l'habitation en
son âme de la Sainte Trinité crée cette ressemblance avec Dieu,
dont nous avons parlé plus haut. Les
secours divins seront plus ou moins abondants selon la libéralité
de Dieu, sans doute, mais encore selon notre ardeur à nous les
procurer. Les sacrements, la prière et les bonnes œuvres augmentent
en nous la grâce de Dieu et nous concilient sa bienveillance.
Notre
sanctification est l’œuvre certes de la grâce : Sans
moi vous ne pouvez rien faire (Jean
15, 5). Mais il faut la collaboration de la liberté de l'homme :
Aide-toi et le ciel t'aidera,
dit un vieux proverbe populaire. Saint Augustin a bien résumé cette
doctrine : Celui qui nous a créés sans
nous, ne nous sauvera pas sans nous.
C'est ce que les Pères grecs aiment appeler la synergie, œuvre
commune de la grâce de Dieu et de l'activité de l'homme.
Rôle
des sacrements
Le
premier grand secours que Dieu nous accorde pour que nous puissions
nous sanctifier est celui des sacrements. Il nous faut donc les
recevoir, sinon nous nous éloignons de la vie divine. Si quelqu'un
est malade, un médicament ne pourra le guérir que s'il consent à
le prendre. Il y a 7 sacrements, institués par Jésus-Christ. Il y a
d'abord deux sacrements qu'on appelle sacrements des morts, parce
qu'ils peuvent être reçus par ceux qui sont dans un état de mort
spirituelle. Ces sacrements ont en effet pour rôle de produire dans
l'âme la vie spirituelle, qu'elle ne possède pas encore
nécessairement. Le premier est le baptême. Il efface le péché
originel (dans le cas d'un petit enfant) et aussi tous les péchés
commis antérieurement (dans le cas d'un adulte). Le baptême nous
enrichit de la grâce sanctifiante. Nous devenons ainsi des enfants
de Dieu, des membres du corps mystique du Christ, des temples de la
Sainte Trinité, des héritiers du ciel. Le
baptême remet aussi toutes les peines dues à nos péchés et celui
qui mourrait immédiatement après le baptême irait droit au ciel,
sans aucun purgatoire. Le baptême est ainsi une vraie résurrection
de l'âme.
Le
sacrement de pénitence efface les péchés commis après le baptême.
Le sang du Christ nous lave de nos fautes, si bien que ce sacrement
est parfois appelé un second baptême. Faisons
cependant une remarque importante. Ces sacrements des morts peuvent
en effet être reçus par des âmes vivant déjà de la vie
surnaturelle. Ainsi un adulte qui reçoit le baptême a pu faire
auparavant, lors de sa conversion, un acte de parfaite contrition. Un
baptisé qui se confesse n'a commis que des péchés véniels et dès
lors n'a pas perdu la vie de la grâce. Mais dans ces cas, le
sacrement renforce et augmente la grâce dans l'âme qui le reçoit.
Les
sacrements des vivants doivent être quant à eux reçus par des
personnes en état de grâce, sous peine de sacrilège. Notons en
particulier la confirmation et l'eucharistie.
La confirmation nous confère
la grâce et l'abondance des dons du Saint-Esprit, pour nous rendre
parfaits chrétiens et nous donner la force de confesser sans crainte
la foi catholique. L'eucharistie, sacrifice de la loi nouvelle et
nourriture de nos âmes, contient réellement le corps, le sang,
l'âme et la divinité de Jésus-Christ, sous les espèces du pain et
du vin. L'eucharistie contient donc non seulement la grâce, mais
l'auteur de la grâce en personne. Chaque communion augmente en nous
la grâce. Elle augmente la beauté éternelle de notre âme, la
gloire qui sera la nôtre au ciel.
Rôle
de la prière
Le
second grand moyen de nous sanctifier que nous donne Dieu est celui
de la prière. On connaît la
célèbre formule de saint Alphonse de Liguori,
le grand docteur de la
prière : Celui
qui prie se sauve certainement, celui qui ne prie pas se damne
certainement. La prière est un
moyen indispensable et efficace pour obtenir les grâces dont nous
avons besoin pour nous sauver et nous sanctifier. Dieu
cependant conserve l'initiative première. La grâce initiale, le
baptême d'un enfant encore inconscient ou la conversion d'un adulte,
est toujours l'effet de la miséricorde gratuite de Dieu, qu'aucun
mérite ou demande de l'homme ne précèdent.
Mais pour la suite, Dieu a disposé que les grâces nécessaires pour
persévérer ne seront données qu'à ceux qui les demandent. La
prière devient ainsi absolument nécessaire : Demandez
et vous recevrez (Luc
11, 9-10). Selon le cours ordinaire de sa providence, Dieu veut nous
donner ses grâces, mais il veut aussi que nous les lui demandions.
Saint Thomas d'Aquin remarque qu'il n'est pas nécessaire de prier
pour que Dieu connaisse nos besoins ; mais Dieu nous oblige de
prier, afin que nous comprenions nous-mêmes la nécessité de
recourir à Lui pour recevoir les secours nécessaires au salut, et
que par là nous le reconnaissions pour l'unique auteur de tous les
biens que nous avons. Le concile de Trente a déclaré que Dieu ne
commande pas des choses impossibles, mais qu'il nous avertit de faire
ce que nous pouvons avec l'aide de la grâce ordinaire, et de lui
demander l'augmentation de la grâce nécessaire pour accomplir ce
que nous ne pouvons faire sans ce secours. Toute la tradition établit
donc clairement la nécessité de la prière pour répondre à notre
vocation à la sainteté.
Conclusion
Le
concile Vatican II a de son côté affirmé
que tous les chrétiens sont
appelés à la sainteté, il y a une vocation universelle à la
sainteté. Cette vocation ne concerne pas seulement les religieux,
bien que ceux-ci y soient spécialement tenus par leurs vœux.
Elle concerne tout le monde quel que soit l'état de vie. Saint
François de Sales, dans l'Introduction à la vie dévote, enseigne
qu'il y a plusieurs types de sainteté, selon notre état de vie.
Ainsi par le sacrement de mariage, les époux se sanctifient dans
leur état de vie, tout autant que les religieux le font par la
pratique de leurs vœux. Laissons retentir en nos cœurs cet appel et
répondons-y généreusement. Il n'y a
qu'ainsi que nous pourrons
connaître le vrai bonheur et le plein épanouissement de notre
nature humaine, créée à l'image et à la ressemblance de la Sainte
Trinité.
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