Marie,
notre Mère
La
Vierge Marie est la mère de Jésus-Christ et elle est aussi notre
mère. Le mystère fondamental de Marie est celui de cette double
maternité. Marie est essentiellement mère. Aussi dans cet article
nous allons étudier, d'une part, la place de Marie dans le mystère
du Christ, et, d'autre part, sa place dans notre vie surnaturelle.
La nouvelle Ève
Le thème le plus ancien de la mariologie est celui de Marie, la
nouvelle Ève. Nous trouvons ce thème au deuxième siècle dans
l’œuvre de saint Irénée de Lyon. Dans la Genèse, il nous est
dit que le nom d’Ève signifie la mère des vivants. Marie est la
véritable mère des vivants.
Dès l'origine, Dieu propose à l'humanité une alliance d'amour, une
relation d'amitié, une alliance dans la liberté. A sa proposition,
Dieu attend un oui de sa créature libre. Il y a donc la proposition
de Dieu et la réponse libre de l'homme. Marie va représenter, dans
le plan de Dieu, toute l'humanité. Elle va dire ce oui total en
notre nom à tous. Elle occupe donc une place centrale dans
l'histoire du salut. Marie va dénouer ce qu’Ève a noué. En disant
oui au serpent, Ève a noué un premier nœud négatif et chacun de
nos péchés crée un nœud supplémentaire. Marie elle a défait
tous ces nœuds. Ce thème ancien de la patristique a resurgi de nos
jours dans une forme de dévotion à La Vierge, celle de la neuvaine à
Marie qui défait les nœuds. Le pape François aime beaucoup et
recommande cette neuvaine à Marie qui défait les nœuds.
En Argentine, quand il n’était pas encore évêque mais supérieur
des jésuites, c’est lui qui a commencé à distribuer à
l’Université d’El Salvador, les images de la Vierge qui défait
les nœuds qu’il avait rapportées d’Allemagne. C’est aussi lui
qui a permis qu’une reproduction du tableau soit placée à
l’Université. Devenu Archevêque de Buenos Aires, c’est encore
lui qui autorisa qu’on Lui rende un culte public dans l’Église.
Saint Bernard, dans son sermon « missus est » sur
l'annonciation, dit que la création tout entière, en ce moment
solennel et central de notre histoire, attendait le oui de Marie. En
disant oui elle est devenue la réparatrice de la faute d’Ève. Tel
est le mystère de la liberté : Dieu a voulu avoir besoin du
consentement de Marie. Marie n'est donc pas passive dans le mystère
de l'incarnation. Mais elle est médiatrice active, corédemptrice.
Elle a en effet coopéré librement et activement à l’œuvre de la
rédemption.
Marie désirait la venue du Messie et elle intercédait pour le monde
entier. Elle était déjà notre mère, car elle est d'abord mère
par son intercession. Cette prière incessante de Marie est une
conséquence de son mystère de l'immaculée conception. Le curé
d'Ars aimait dire que la sainte Vierge se reposerait seulement à la
fin du monde, quand tous ses enfants seraient sauvés et que le
mystère du salut serait définitivement accompli. A l'annonciation,
la foi et l'obéissance de Marie ont réparé le doute et la
désobéissance d’Ève.
Par son consentement, Marie devient Mère de Dieu. Elle est la mère
du Christ, mais du Christ total. Jésus est l'aîné, la tête du
corps mystique de l’Église. Nous sommes les puînés. Marie
devient ainsi notre mère car elle nous engendre à la vie nouvelle.
Dans l'entretien de Jésus avec Nicodème (Jn 3,4), ce dernier pose
la question suivante : Est-ce qu'un homme peut entrer une
seconde fois dans le sein de sa mère et naître ? La
réponse est oui, car nous naissons une première fois de notre mère
à la vie naturelle, et nous naissons à la nouvelle vie, à la vie
surnaturelle, dans le sein de la Vierge Marie, notre mère dans
l'ordre de la grâce.
Dans diverses scènes évangéliques, on peut constater à quel point
Marie agit toujours à notre égard comme une mère. Lors de la
visitation, c'est Marie qui fait le déplacement, qui vient vers
nous, qui nous salue, qui nous donne le Christ et le Saint-Esprit. Ce
qu'a fait Marie pour sa cousine, le jour de la visitation, elle le
fait à nouveau chaque fois qu'elle rend visite à notre terre, lors
de ses apparitions.
Lors de la présentation au Temple, Jésus s'offre par les mains de
Marie. C'est Marie qui donne ensuite l'enfant Jésus au vieillard
Siméon. A la messe, Marie est présente et lorsque nous recevons le
pain de vie, en quelque sorte, nous le recevons de Marie, à l'instar
de Siméon.
A Cana, Marie intercède pour nous, elle hâte la manifestation de
Jésus et elle nous dit : Faites tout ce qu'il vous dira. A
la croix, Jésus dit à chacun d'entre nous : Voici ta mère.
Elle nous enfante dans la douleur. Elle est la nouvelle Ève à
côté du nouvel Adam. Le samedi-saint, elle est l’Église à elle
seule, car elle seule avait encore la foi. Au cénacle, elle est la
Mère de l’Église. Dans le livre de l'apocalypse enfin, au
chapitre 12, elle nous apparaît dans toute sa gloire. Elle est la
Reine, qui combat le dragon, lequel a une haine totale et
irrémédiable contre elle et contre ses enfants.
On appelle Sion ma mère car en elle tout homme est né (Psaume
86)
Saint Jean-Paul II a découvert la place de Marie dans la vie
chrétienne en lisant les œuvres de saint Louis-Marie Grignon de
Montfort. Marie joue véritablement dans notre vie spirituelle le
rôle d'une mère. Elle n'est pas notre mère naturelle, mais elle
est notre Mère selon la grâce. Elle joue pour notre vie
surnaturelle le même rôle que celui de notre mère terrestre pour
notre vie naturelle. Par conséquent, dans la vie spirituelle, Marie
est celle qui nous enfante, nous porte dans son sein, nous nourrit,
nous éduque, nous forme et nous protège.
Saint Maximilien Kolbe, de son côté, a mis en lumière le rapport
étroit et mystérieux qui unit Marie et le Saint-Esprit. Toute
l’œuvre de formation, de vivification et de sanctification que la
personne divine et éternelle de l'Esprit saint opère en notre âme,
en particulier par la prière et les sacrements, la Sainte Vierge, le
fait, en coopérant à l’œuvre du saint-Esprit, par sa maternelle
intercession. Le meilleur moyen pour un chrétien d'être sous la
mouvance de l'Esprit saint, c'est d'avoir une profonde relation avec
la Mère de Dieu.
Marie, notre mère, est aussi celle qui nous sourit. En 1883, sainte
Thérèse de Lisieux fut guérie par le sourire de la Vierge. Et le
16 juillet 1858, à Lourdes, lors de la dernière apparition, il y
eut le sourire d'adieu de Marie à Bernadette. Dans le salve regina,
nous chantons : tourne vers nous tes yeux pleins de
miséricorde. Prenons l'habitude de vivre sous le sourire de
Marie. Marie est ainsi une icône de la tendresse du Père, car Dieu
est un Père qui nous aime comme une mère.
Marie est médiatrice de grâce, à côté de Jésus, qui est
l'unique médiateur de justice. Le Christ nous a sauvés et a réparé
tous nos péchés par sa mort sur la croix. Marie exerce une
maternité spirituelle par son intercession. Elle nous obtient toutes
les grâces dont nous avons besoin. Une belle illustration de cette
doctrine est la médaille miraculeuse, sur laquelle on voit toutes
les grâces descendre sur le monde par les mains de l'Immaculée. La
médiation de Marie naît de la surabondance de la médiation du
Christ. Ce n'était pas nécessaire, mais Dieu a voulu que nous
obtenions tout par Marie.
Donner toute sa place à Marie intensifiera notre vie spirituelle.
Nous devons nous abandonner à elle, nous laisser porter par elle.
Nous devons vivre dans son cœur immaculé, son sein virginal. Celui
qui se donne à Marie, qui se réfugie en elle, peut avoir une
confiance absolue. Un enfant de Marie ne peut se perdre. Marie veille
sur nous, même pour les petites choses, les soucis de la vie de tous
les jours, comme le montre son attitude à Cana pour sortir de
l'embarras les jeunes époux : Ils n'ont plus de vin.
C'est pourquoi nous recourons explicitement à l'intercession de
Marie et nous prions Jésus-Christ de nous exaucer pour l'amour de
sa mère.
Saint Louis-Marie Grignon de Montfort et saint Maximilien Kolbe ont
ainsi recommandé la consécration à Marie. Dans cet acte, qui
renouvelle la consécration du baptême, on remet toute son
existence, toute sa destinée, entre les mains de Marie. A partir de
cet acte d'abandon, on peut connaître une confiance absolue. Notre
prière se fait dès lors aux intentions du cœur immaculé de Marie.
Toutes nos actions lui appartiennent, elle en dispose à son gré et
selon son bon plaisir. Elle offre nos prières et nos bonnes œuvres
à Dieu, et celles-ci sont parfumées du parfum même de la Mère de
Dieu. Une des grandes conséquences de cette vie en Marie sera la
grande liberté spirituelle de l'âme.
N'ayons pas peur de Marie
Voici pour conclure une citation de Jean Guitton dans son livre La
Vierge Marie (1949) : Le problème spirituel qui
se pose au sujet de Marie me semble exactement défini par la parole
de Nicodème : il s'agit de redevenir enfant, comme si on
rentrait « âgé dans le sein de sa mère ». La vie de
l'esprit est, de ce point de vue, à l'inverse de la vie du corps.
Dans la vie de l'esprit, plus le corps s'éloigne du sein
maternel, plus il croît et plus il s'affirme : vivre, c'est
quitter ce premier milieu pour avoir une existence à part. Mais,
dans cette vie spirituelle de type marial, une influence puissante et
douce nous tire de l'extérieur et nous fait en quelque sorte
involuer pour nous incorporer au Christ et à l'Esprit en qui nous
rentrons : ceci se fait par un intermédiaire de ressemblance
maternelle, qui est l'influence et la sphère mariales.
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