Le
sacrement de la divine miséricorde
Redécouverte
contemporaine de la miséricorde
De grandes saintes comme Thérèse de Lisieux ou
Faustine Kowalska, des papes comme saint Jean-Paul II ou François
ont remis à l'honneur le thème de l'amour miséricordieux de Dieu.
Déjà dans l'acte de la création, cette miséricorde est à
l’œuvre. Mais c'est surtout dans l’œuvre de la rédemption,
après le péché de l'homme, que cette miséricorde a éclaté.
Dieu nous offre son pardon. Le Christ nous
réconcilie avec le Père, nous ouvre le paradis, nous ramène à la
maison. Non seulement le péché est remis mais nous sommes recréés,
une vie toute nouvelle, une vie divine nous est donnée.
En
quel Dieu croyons-nous ?
La miséricorde est l'attribut divin le plus
mystérieux. Il est aussi
celui qui domine en Dieu, en colorant si je
puis dire les autres attributs, comme la justice et la sainteté. La
justice en Dieu est miséricordieuse, tout comme l'est sa sainteté.
Essayons de comprendre par exemple ce rapport
entre miséricorde et justice en Dieu et pour cela partons d'un
exemple humain, celui de l'amour des parents pour leur enfant.
Prenons l'exemple suivant : un père et une mère ont un fils.
Ils ont pour lui un grand amour et l'enveloppe de tendresse. C'est
leur enfant bien-aimé. Ils le couvrent de caresses et de baisers.
Mais cet enfant se drogue. Deux attitudes peuvent alors exister chez
les parents. Dans la première, ils disent à leur fils : « Nous
t'aimons mais cela nous laisse indifférents que tu te détruises,
c'est pourquoi continue à te droguer si cela te plaît ».
Cette attitude ne serait pas un amour authentique. Un vrai amour
serait plutôt celui qui fait dire aux parents : « Parce
que nous t'aimons, nous te disons que c'est mal de te détruire par
la drogue. Parce que nous t'aimons nous voulons tout faire pour te
sauver de ton péché ».
Parce que sa miséricorde est authentique et
brûlante d'amour pour l'homme, Dieu n'est pas indifférent devant
notre péché. La miséricorde en Dieu n'abolit pas la justice. Dieu
est à la fois bon et juste. Dieu aime le pécheur, mais en même
temps condamne sévèrement le péché. Ou pour dire les choses
autrement, c'est parce qu'il est amour que Dieu est aussi justice et
sainteté. Dans sa justice, Dieu nous dit ce qui est mal, ce qui est
destructeur pour nous.
C'est donc une très grave erreur de nos jours de
relativiser les commandements de Dieu sous prétexte de miséricorde.
Cette erreur pousse certains à exiger de l’Église qu'elle modifie
sa doctrine en matière morale, par exemple sur le divorce,
l'avortement, la contraception ou l'homosexualité. Cette erreur
provient d'une mauvaise articulation entre miséricorde et justice.
Elle entraîne une fausse conception de la divine miséricorde. Un
philosophe protestant, Paul Ricoeur, aimait dire qu'un Dieu gâteux
était aussi idolâtrique qu'un Dieu croquemitaine. Croire en l'amour
divin ne signifie pas que l'on voit en Dieu un vieux grand-père qui
laisse tout faire.
Justice
et miséricorde dans le sacrement de réconciliation
Une bonne articulation entre ces deux attributs
divins se vérifie au contraire dans une juste conception du
sacrement de pénitence ou réconciliation, où il s'agit de
rencontrer l'amour miséricordieux, mais de le faire dans la vérité
de la justice de Dieu.
Dans ce sacrement on rend d'abord honneur à la
justice divine par l'examen de conscience et l'humble aveu de nos
fautes. Il ne faut pas minimiser son péché mais le prendre au
sérieux. Dans la lumière du Saint-Esprit, notre péché est mis en
contraste avec la sainteté de Dieu. Il s'agit de reconnaître ce que
nous avons fait de mal aux yeux de Dieu, ce en quoi nous lui avons
désobéi, ce en quoi nous nous sommes écartés de sa sainte
volonté, ce par quoi nous avons blessé sa bonté infinie, ou pour
le dire de manière plus moderne, ce en quoi nous avons détruit
notre vie. Il faut aussi reconnaître notre responsabilité. Certes
parfois nous avons des circonstances atténuantes, nous sommes
excusables, et la justice de Dieu en tient compte. Néanmoins il est
toujours plus sain et plus libérateur de s'accuser soi-même, plutôt
que les autres ou les circonstances, et d'endosser sa culpabilité
pour en être ensuite plus totalement libéré par l'action de la
grâce dans le sacrement.
A la démarche de l'homme qui avoue sa faute et
demande pitié pour son péché, succède la réponse de Dieu. Cette
réponse sera d'autant mieux ressentie qu'on aura mis beaucoup
d'humilité et de confiance dans notre démarche d'aveu. Et c'est là
que la miséricorde va dépasser et transcender la justice, sans la
renier. Dès que l'homme fait un petit pas vers Dieu, dans le
sacrement de la réconciliation, Dieu accourt vers lui et se jette à
son cou, comme le père de la parabole de l'enfant prodigue. Dieu
nous affirme qu'il ne nous condamne pas, comme nous l'avons mérité.
Il prend notre péché et le jette au fond de la mer. Il n'existe
plus pour lui. Il nous donne une vie toute nouvelle, nous libère
totalement de notre culpabilité. Il n'y a plus qu'une chose qui
compte : nous sommes son enfant bien-aimé et un chemin de
sainteté s'ouvre pour nous avec lui.
Conclusion
On peut ici rappeler ce que le catéchisme nous
enseigne sur les conditions d'une bonne confession : un aveu
sincère, la contrition de nos fautes et le bon propos de nous
corriger. Ainsi la divine miséricorde peut envahir notre cœur et
notre vie. Et nous connaissons alors la joie du salut, un tel bonheur
que nous pouvons chanter avec l’Église ce qu'elle proclame la nuit
de Pâques : heureuse la faute qui nous a valu un tel
rédempteur.
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