lundi 18 juillet 2016

La controverse sur la communion des divorcés remariés. Réflexions nouvelles

Ingres: la communion de la Vierge
La question de la communion des divorcés remariés avait été clairement résolue sous saint Jean-Paul II et Benoît XVI. Elle a rebondi avec Amoris laetitia. Le point est devenu plus obscur, semble-t-il, et les commentaires en sens divergents vont bon train. Certains disent que ce dernier document change la donne, mais ils restent dans le flou. D'autres sont plus honnêtes et demandent des clarifications et des précisions. Je souhaite quant à moi qu'elles soient données, car sinon, tel prêtre dira blanc et tel autre noir à la même personne. 
Mais je voudrais ici élever le débat et le mener à quelque chose de beaucoup plus grave que la question des divorcés remariés, à savoir la banalisation de l'eucharistie, dans la pratique actuelle de l'Eglise. Pour moi, la question des divorcés
remariés est assez secondaire par rapport à ce problème fondamental. Je serais prêt à admettre dans certains cas la communion aux divorcés remariés, si l'Eglise dans son ensemble retrouvait le sens profond de l'eucharistie, ce qui est loin d'être le cas, et ce qui explique en grande partie pourquoi le débat sur les divorcés est pipé.
Nous aurions intérêt à nous inspirer (sans la copier servilement) de l'Eglise orthodoxe, dans laquelle l'eucharistie est tout sauf banalisée. Chez nous, au contraire, que de choses ne voyons-nous pas? Peut-être pas aux messes dominicales ou de semaine, où l'assistance est faite en principe de pratiquants convaincus, mais songeons aux messes de mariage ou de funérailles, au cours desquelles se présentent à la communion des gens qui ne croient ni à Dieu ni à diable. 
Qui sait encore les trois conditions pour communier dignement: état de grâce, intention droite, jeûne eucharistique? En fait on rabaisse la communion à un geste de solidarité humaine.Le jour où on aura retrouver toute la profondeur du mystère eucharistique, on verra beaucoup plus clair sur les questions secondaires, comme la communion des divorcés remariés.
L'ange de Fatima a demandé aux trois pastoureaux d'offrir le Saint Corps et le Saint Sang de Notre-Seigneur-Jésus-Christ, présent dans les tabernacles du monde entier, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences, par lesquels il est lui-même offensé. Je vois dans cette prière réparatrice, inspirée aux enfants de Fatima en 1916, une prophétie pour notre époque.
Ne parlons que de l'indifférence, voire de l'inconscience, devant le mystère eucharistique, même chez des pratiquants réguliers. On va vers l'autel, on prend la parcelle eucharistique et on va s'asseoir à sa place, sans même dire un merci à Jésus. La messe finie, on s'empresse de sortir pour faire des commérages, quand on ne le fait pas déjà dans l'église. On se demande ce qu'on est venu faire à la messe!
Saint Philippe Neri voyait régulièrement un brave homme venir communier et puis sortir de l'église tout de suite. Un jour il demanda à son enfant de chœur d'escorter cet homme à la sortie de l'église, avec la sonnette et le luminaire, tel qu'il l'aurait fait pour accompagner le prêtre portant la communion à un malade. Surpris, notre homme comprit la leçon. Il rentra à l'église et fit son action de grâce.
On ne parle plus de nos jours de l'action de grâce, comme le fit Pie XII, dans son encyclique Mediator Dei, ou Paul VI, dans Mysterium fidei. Pourtant il serait nécessaire d'en parler, car ce serait un remède infaillible contre la banalisation de l'eucharistie. Ou bien il y a comme prévu dans les rubriques un temps de silence après la communion, comme l'a rappelé le cardinal Sarah, ou bien il faut que chacun fasse au moins quelques minutes  d'oraison avant de quitter l'église.
Que faire pendant cette action de grâce? D'abord faire silence et comprendre ce qui vient de se passer. Le Roi de l'univers, le créateur et souverain maître de toutes choses est venu dans mon cœur. Il faut donc l'adorer et le remercier. Mais il est venu par amour pour moi et pour mendier mon amour en retour. Je dois donc lui exprimer cet amour ou du moins lui demander la grâce de l'aimer tout de suite et tel que je suis. Car ce que le Christ désire c'est d'avoir avec moi une relation d'amitié, de familiarité et d'intimité. Ensuite il faut se consacrer à lui, se mettre à sa disposition, pour qu'il nous conduise là où il veut nous conduire. Enfin, il faut faire comme le faisait le Padre Pio, lui demander de rester avec nous, tout au long de la journée, lui demander en particulier de nous garder dans sa paix de ressuscité.
Pour finir en beauté voici le texte de la prière d'action de grâce de Padre Pio:

Restez avec moi, Seigneur, car il est nécessaire de Vous avoir présent pour ne pas Vous oublier. Vous savez avec quelle facilité je Vous abandonne.

Restez avec moi, Seigneur, parce que je suis faible et j'ai besoin de Votre force pour ne pas tomber si souvent.

Restez avec moi, Seigneur, parce que Vous êtes ma vie, et, sans Vous, je suis sans ferveur.

Restez avec moi, Seigneur, parce que Vous êtes ma lumière, et, sans Vous, je suis dans les ténèbres.

Restez avec moi, Seigneur, pour me montrer Votre volonté.

Restez avec moi, Seigneur, pour que j'entende Votre voix et Vous suive.

Restez avec moi, Seigneur, parce que je désire Vous aimer beaucoup et être toujours en Votre compagnie.

Restez avec moi, Seigneur, si Vous voulez que je Vous sois fidèle.

Restez avec moi, Jésus, parce que, si pauvre que soit mon âme, elle désire être pour Vous un lieu de consolation, un nid d'amour.

Restez avec moi, Jésus, parce qu'il se fait tard et que le jour décline... c'est à dire que la vie passe, la mort, le jugement, l'éternité approchent et il est nécessaire de refaire mes forces pour ne pas m'arrêter en chemin et, pour cela, j'ai besoin de Vous. Il se fait tard et la mort approche. Je crains les ténèbres, les tentations, les sécheresses, les croix, les peines, et combien j'ai besoin de Vous, mon Jésus, dans cette nuit de l'exil.

Restez avec moi, Jésus, parce que, dans cette nuit de la vie et des dangers, j'ai besoin de Vous. Faites que je Vous reconnaisse comme vos disciples à la fraction du pain, c'est-à-dire que la communion eucharistique soit la lumière qui dissipe les ténèbres, la force qui me soutienne et l'unique joie de mon cœur.

Restez avec moi, Seigneur, parce qu'à l'heure de la mort, je veux rester uni à Vous, sinon par la communion, du moins par la grâce et l'amour.

Restez avec moi, Jésus, je ne Vous demande pas les consolations divines parce que je ne les mérite pas, mais le don de Votre présence, oh ! Oui, je Vous le demande.

Restez avec moi, Seigneur, C'est Vous seul que je cherche, Votre amour, Votre grâce, Votre volonté, Votre Cœur, Votre Esprit, parce que je Vous aime et ne demande pas d'autre récompense que de Vous aimer davantage. D'un amour ferme, pratique, Vous aimer de tout mon cœur sur la terre, pour continuer à Vous aimer parfaitement pendant toute l'éternité.

Ainsi-soit-il.



2 commentaires:

  1. Je suis profondément d'accord avec vous.Merci d'avoir écrit ce texte qui décrit si bien la réalité des chrétiens à la communion.Je voudrais aussi souligner l'importance de l'attitude du prêtre qui célèbre.Plus il est recueilli et plus ses gestes avec les Saintes Espèces sont empreint de respect et d'adoration, plus il aide les fidèles à entrer dans cette même attitude. La manière dont un prêtre transvase les hosties consacrées est très révélatrice, ainsi que la manière dont il donne la Sainte Communion.
    Laetitia

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    1. Oui, il faut que les prêtres réapprennent à célébrer. S'ils célèbrent habituellement dans le nouvel ordo, il est bon qu'ils célèbrent aussi dans l'ancien, en observant toutes les rubriques. C'est très formateur. En principe, les séminaristes aujourd'hui sont censés apprendre aussi cet ancien ordo, la forme extraordinaire. Toute une génération a été privée d'une véritable éducation liturgique.

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