Iconostase à Moscou |
Mon commentaire: Il y a en effet dans le nouveau missel un enrichissement au niveau des préfaces. La prière universelle est elle aussi une bonne chose, à condition de ne pas se transformer en un bulletin d'actualité ou de ne pas verser dans l'émotionnel. La litanie ardente de la liturgie de saint Jean Chrysostome, après l'évangile, permet des variantes selon les besoins et les intentions du moment. Pour les prêtres qui célèbrent selon les deux missels, un calendrier commun serait préférable. Pourquoi par exemple ne pas rétablir les quatre-temps dans le forme ordinaire?
Le 7 juillet 2007, le motu proprio Summorum Pontificum rendit son entier droit de cité au missel de 1962. S’il ne fut pas à l’abbaye l’occasion de retrouvailles, déjà anticipées depuis plus de 20 ans, il augmenta la dévotion filiale et la gratitude des moines à l’égard de la Mère Église et envers Benoît XVI.
Depuis cette date, une centaine de prêtres dont la moyenne d’âge est aux alentours de 30-40 ans, désireux d’apprendre à célébrer dans la forme extraordinaire, sont passés à l’abbaye. Envoyés par leur évêque en vue d’un ministère spécifique, venus d’eux-mêmes afin de répondre à des demandes de fidèles, ou simplement désireux de célébrer en privé cette forme vénérable afin de profiter de sa spiritualité, ils achèvent leur séjour avec la conviction d’avoir découvert un trésor. Les difficultés rencontrées tiennent à l’usage de la langue latine et à une prise de conscience d’une « conversion » à opérer dans la manière de célébrer sur laquelle nous reviendrons plus tard.
La plupart d’entre eux continueront à pratiquer habituellement la forme ordinaire. D’autres célébreront régulièrement une ou plusieurs Messes en forme extraordinaire au sein de leur paroisse, ce que prévoit le motu proprio, et pas seulement pour des fidèles relégués dans une « petite chapelle ».
Comment ne pas voir là les prémices d’un renouveau de l’Église-orante, la naissance de prêtres et de fidèles décomplexés, puisant généreusement à la source intarissable de la tradition liturgique de l’Église, marquée au moins pour les prières du prêtre, dites privées, d’esprit monastique. Le missel de St Pie V est un missel médiéval. Il bénéficie du climat d’une société où le monachisme a joué un rôle capital, tant par Cluny que par Cîteaux. Enrichi au contact de la tradition monastique, il est à l’image de ce que saint Benoît demande à ses moines : « Ne rien préférer à l’œuvre de Dieu. » (c.43)
Que des prêtres redécouvrent ainsi le sacré, que les fidèles s’y abreuvent, ne peut pas être sans retentissement sur la société. Voilà déjà un des premiers fruits du motu proprio.
Une forme tournée vers Dieu, mais à la mesure de l’homme .
Poursuivons l’enquête sur les éléments propres à la forme extraordinaire qui favorisent la prise de conscience de la présence du sacré.
Le rite
Recueillement , adoration, silence
En premier lieu, viennent les dispositions de recueillement, d’adoration et de silence religieux. En ce sens, le cardinal Robert Sarah écrit dans La Force du Silence :
« J’appelle à une véritable conversion ! Tendons de tout notre cœur à devenir en chacune de nos célébrations eucharistiques « une Hostie pure, une Hostie sainte, une Hostie immaculée »! N’ayons pas peur du silence liturgique. Comme j’aimerais que les pasteurs et les fidèles entrent avec joie dans ce silence plein de révérence sacrée et d’amour du Dieu indicible. Comme j’aimerais que les églises soient des maisons où règne le grand silence qui annonce et révèle la présence adorée de Dieu. Comme j’aimerais que les chrétiens, dans la liturgie, puissent faire l’expérience de la force du silence ! (La force du silence, Fayard 2016, n°265, p. 209) »
Mon commentaire: Il serait urgent que dans la forme ordinaire on remette à l'honneur tous les temps de silence sacré. Il faut que la prière personnelle trouve aussi sa place dans la liturgie. Pourquoi ne pas faire l'offertoire en silence, afin que tous puissent se préparer à l'offrande sacrée. Chez les chartreux le canon est lui aussi encore récité en silence, comme dans la liturgie de saint Jean Chrysostome.
Ces lignes sont illustrées par la récitation silencieuse du canon. Celle-ci est analogiquement à la forme extraordinaire ce qu’est l’iconostase pour nos frères orientaux : ce lieu, ce moment est sacré.
Si les moines de Fontgombault, après avoir pratiqué pendant environ dix ans le missel de 1969, ont souhaité un retour au missel de 1962, c’est que ce missel leur apparaît en particulière harmonie avec la vie monastique, quête de Dieu dans le silence du cloître, communion profonde dans un cœur à cœur prélude au face à face de l’éternité. Le caractère plus contemplatif de cette forme promeut la dimension verticale de la liturgie qui est « chemin de l’âme vers Dieu. » (Benoît XVI) Quelle joie ainsi à la redécouverte de la liturgie de l’octave de la Pentecôte!
à suivre
Depuis cette date, une centaine de prêtres dont la moyenne d’âge est aux alentours de 30-40 ans, désireux d’apprendre à célébrer dans la forme extraordinaire, sont passés à l’abbaye. Envoyés par leur évêque en vue d’un ministère spécifique, venus d’eux-mêmes afin de répondre à des demandes de fidèles, ou simplement désireux de célébrer en privé cette forme vénérable afin de profiter de sa spiritualité, ils achèvent leur séjour avec la conviction d’avoir découvert un trésor. Les difficultés rencontrées tiennent à l’usage de la langue latine et à une prise de conscience d’une « conversion » à opérer dans la manière de célébrer sur laquelle nous reviendrons plus tard.
La plupart d’entre eux continueront à pratiquer habituellement la forme ordinaire. D’autres célébreront régulièrement une ou plusieurs Messes en forme extraordinaire au sein de leur paroisse, ce que prévoit le motu proprio, et pas seulement pour des fidèles relégués dans une « petite chapelle ».
Comment ne pas voir là les prémices d’un renouveau de l’Église-orante, la naissance de prêtres et de fidèles décomplexés, puisant généreusement à la source intarissable de la tradition liturgique de l’Église, marquée au moins pour les prières du prêtre, dites privées, d’esprit monastique. Le missel de St Pie V est un missel médiéval. Il bénéficie du climat d’une société où le monachisme a joué un rôle capital, tant par Cluny que par Cîteaux. Enrichi au contact de la tradition monastique, il est à l’image de ce que saint Benoît demande à ses moines : « Ne rien préférer à l’œuvre de Dieu. » (c.43)
Que des prêtres redécouvrent ainsi le sacré, que les fidèles s’y abreuvent, ne peut pas être sans retentissement sur la société. Voilà déjà un des premiers fruits du motu proprio.
Une forme tournée vers Dieu, mais à la mesure de l’homme .
Poursuivons l’enquête sur les éléments propres à la forme extraordinaire qui favorisent la prise de conscience de la présence du sacré.
Le rite
Recueillement , adoration, silence
En premier lieu, viennent les dispositions de recueillement, d’adoration et de silence religieux. En ce sens, le cardinal Robert Sarah écrit dans La Force du Silence :
« J’appelle à une véritable conversion ! Tendons de tout notre cœur à devenir en chacune de nos célébrations eucharistiques « une Hostie pure, une Hostie sainte, une Hostie immaculée »! N’ayons pas peur du silence liturgique. Comme j’aimerais que les pasteurs et les fidèles entrent avec joie dans ce silence plein de révérence sacrée et d’amour du Dieu indicible. Comme j’aimerais que les églises soient des maisons où règne le grand silence qui annonce et révèle la présence adorée de Dieu. Comme j’aimerais que les chrétiens, dans la liturgie, puissent faire l’expérience de la force du silence ! (La force du silence, Fayard 2016, n°265, p. 209) »
Mon commentaire: Il serait urgent que dans la forme ordinaire on remette à l'honneur tous les temps de silence sacré. Il faut que la prière personnelle trouve aussi sa place dans la liturgie. Pourquoi ne pas faire l'offertoire en silence, afin que tous puissent se préparer à l'offrande sacrée. Chez les chartreux le canon est lui aussi encore récité en silence, comme dans la liturgie de saint Jean Chrysostome.
Ces lignes sont illustrées par la récitation silencieuse du canon. Celle-ci est analogiquement à la forme extraordinaire ce qu’est l’iconostase pour nos frères orientaux : ce lieu, ce moment est sacré.
Mon commentaire: L'iconostase est essentielle dans la liturgie byzantine. Le sanctuaire représente l'au-delà, le sanctuaire céleste, où notre Grand-Prêtre célèbre la liturgie, dont nos liturgies terrestres ne sont qu'une représentation. Seul le prêtre peut franchir la porte royale, car il est l'icône du Christ. L'iconostase, qui sépare le saint des saints de la nef, symbolise la séparation entre notre monde et le monde invisible. Elle est la frontuère de la mort et de la résurrection. Il faut que nos liturgies soient à nouveau empreintes du sens de l'au-delà et de l'invisible.
à suivre
Encore merci mon révérend père, pour cette merveilleuse conférence. Puis-je vous demander s'il vous arrive de célébrer parfois dans la forme extraordinaire du rit romain ?
RépondreSupprimerPar ailleurs, je vous souhaite une excellente année 2018 !
Bonne année à vous aussi. J'ai célébré la forme extraordinaire une fois pour un groupe et quelquefois en privé. Je le fais donc rarement puisque je concélèbre à la messe conventuelle selon le nouvel ordo. La messe chez nous est en français et les chants en grégorien.
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