Frères
et sœurs, les Évangiles témoignent de la foi de l’Église, de la
communauté chrétienne, en la résurrection du Seigneur Jésus, de
sa victoire totale et définitive sur la mal et la mort. Ce
témoignage s’articule sur trois éléments qui se combinent entre
eux et qui ont chacun leur importance propre : le tombeau vide,
les apparitions du Seigneur ressuscité, le témoignage des
Écritures, en particulier des prophètes et des psaumes.
L’évangile
de ce dimanche de Pâques ne parle pas des apparitions de Jésus et
il est peut-être significatif que l’Église offre ce premier
témoignage évangélique de la résurrection, tiré de saint Jean,
avant les autres : celui du tombeau vide et du sens des
Écritures.
Le
disciple que Jésus aimait est au centre de ce passage. Et il nous
est dit qu’il vit et qu’il crut. Mais que vit-il ? Un
tombeau vide et à l’intérieur des linges soigneusement pliés.
C’est pourquoi on peut dire qu’il crut sans avoir vu, sans avoir
vu le Ressuscité. Il crut en comprenant le sens ultime et véritable
des Écritures qui habitaient son cœur depuis l’enfance et qui
toutes parlaient du mystère de Jésus mort et ressuscité pour nous.
En
cela ce mystérieux disciple bien-aimé est différent de Thomas dont
le même évangile parlera dans le chapitre suivant et qui lui eut
besoin lui de voir et de toucher pour croire. Et l’on connaît la
réponse de Jésus : Heureux ceux qui croient sans avoir vu.
L’Évangile
de Jean constitue, après les trois autres Évangile, un
approfondissement de la foi et de l‘expérience chrétienne, et qui
privilégie le regard intérieur, le regard de l’amour et de la
contemplation. Et un Évangile comme celui que nous venons d’entendre
nous concerne tout spécialement nous, les croyants d’aujourd’hui,
qui croient sans avoir vu, et dans un monde de plus en plus
sécularisé.
Ce
disciple que Jésus aimait est proposé du reste comme le modèle des
croyants de tous les temps. Il est aimé de Jésus, il a reçu Marie
pour Mère, il s’incline devant le chef du collège des apôtres.
Il est bon de le rappeler dans les temps troublés au niveau de la
foi, que nous traversons.
Son
expérience de foi en la résurrection nous est proposée et elle
éclairante pour nos contemporains. Elle commence par une expérience
du vide et de l’absence, le tombeau vide. Elle est nourrie par un
approfondissement incessant des Écritures. Et cette méditation
conduit à un regard de foi qui discerne dans le concret de
l’existence les signes donnés par Dieu, que symbolisent les linges
pliés avec soin dans le tombeau. La foi du disciple bien-aimé est
bien l’écho de la foi de celle qu’il a reçu comme Mère, la
Mère de Jésus, la Vierge Marie, elle qui conservait et méditait
tout en son cœur.
Que
pouvons-nous retirer de tout cela, dans le contexte et le combat de
la foi qui est le nôtre ? Tout d’abord qu’un croyant doit
au préalable partager la réalité de la condition de tout homme et
en accepter toutes les obscurités. Consentir à et reconnaître le
vide existentiel, ou le sentiment de l’échec, ou la perte des
illusions. Il ne nous faut pas fuir le tombeau vide qu’est notre
réalité humaine, car ce n’est que dans cette humanité reconnue
et aimée que nous trouverons le Vivant qui vient toujours nous
sauver. Mais ceci dit, le croyant doit oser et prendre le risque de
prendre la Parole de Dieu, comme son seul secours, sa seule lumière
sur le chemin de la vie et y discerner la voix de Dieu qui vient vers
lui pour lui donner les vraies réponses à son angoisse et à son
désir de bonheur. Enfin dans la prière, engendrée par le
méditation de la Parole, il est appelé à discerner la présence
agissante de Dieu dans sa vie au quotidien.
C’est
ce chemin seul, qui à la suite de Jean, nous conduira à la paix
véritable et à une sagesse, en laquelle peut-être on ne verra rien
et touchera rien, mais en laquelle du moins on goûtera de plus en
plus la saveur d’une présence et d’un amour qui donne la vie
véritable. Cette vie nouvelle, cette vie de Fils de Dieu, cette vie
dans l’Esprit, c’est cela la vie chrétienne. Elle fait de nous
des ressuscités.
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