mercredi 28 mars 2018

Pâques, homélie pour la messe du jour

Frères et sœurs, les Évangiles témoignent de la foi de l’Église, de la communauté chrétienne, en la résurrection du Seigneur Jésus, de sa victoire totale et définitive sur la mal et la mort. Ce témoignage s’articule sur trois éléments qui se combinent entre eux et qui ont chacun leur importance propre : le tombeau vide, les apparitions du Seigneur ressuscité, le témoignage des Écritures, en particulier des prophètes et des psaumes.

L’évangile de ce dimanche de Pâques ne parle pas des apparitions de Jésus et il est peut-être significatif que l’Église offre ce premier témoignage évangélique de la résurrection, tiré de saint Jean, avant les autres : celui du tombeau vide et du sens des Écritures.
Le disciple que Jésus aimait est au centre de ce passage. Et il nous est dit qu’il vit et qu’il crut. Mais que vit-il ? Un tombeau vide et à l’intérieur des linges soigneusement pliés. C’est pourquoi on peut dire qu’il crut sans avoir vu, sans avoir vu le Ressuscité. Il crut en comprenant le sens ultime et véritable des Écritures qui habitaient son cœur depuis l’enfance et qui toutes parlaient du mystère de Jésus mort et ressuscité pour nous.
En cela ce mystérieux disciple bien-aimé est différent de Thomas dont le même évangile parlera dans le chapitre suivant et qui lui eut besoin lui de voir et de toucher pour croire. Et l’on connaît la réponse de Jésus : Heureux ceux qui croient sans avoir vu.
L’Évangile de Jean constitue, après les trois autres Évangile, un approfondissement de la foi et de l‘expérience chrétienne, et qui privilégie le regard intérieur, le regard de l’amour et de la contemplation. Et un Évangile comme celui que nous venons d’entendre nous concerne tout spécialement nous, les croyants d’aujourd’hui, qui croient sans avoir vu, et dans un monde de plus en plus sécularisé.
Ce disciple que Jésus aimait est proposé du reste comme le modèle des croyants de tous les temps. Il est aimé de Jésus, il a reçu Marie pour Mère, il s’incline devant le chef du collège des apôtres. Il est bon de le rappeler dans les temps troublés au niveau de la foi, que nous traversons.
Son expérience de foi en la résurrection nous est proposée et elle éclairante pour nos contemporains. Elle commence par une expérience du vide et de l’absence, le tombeau vide. Elle est nourrie par un approfondissement incessant des Écritures. Et cette méditation conduit à un regard de foi qui discerne dans le concret de l’existence les signes donnés par Dieu, que symbolisent les linges pliés avec soin dans le tombeau. La foi du disciple bien-aimé est bien l’écho de la foi de celle qu’il a reçu comme Mère, la Mère de Jésus, la Vierge Marie, elle qui conservait et méditait tout en son cœur.
Que pouvons-nous retirer de tout cela, dans le contexte et le combat de la foi qui est le nôtre ? Tout d’abord qu’un croyant doit au préalable partager la réalité de la condition de tout homme et en accepter toutes les obscurités. Consentir à et reconnaître le vide existentiel, ou le sentiment de l’échec, ou la perte des illusions. Il ne nous faut pas fuir le tombeau vide qu’est notre réalité humaine, car ce n’est que dans cette humanité reconnue et aimée que nous trouverons le Vivant qui vient toujours nous sauver. Mais ceci dit, le croyant doit oser et prendre le risque de prendre la Parole de Dieu, comme son seul secours, sa seule lumière sur le chemin de la vie et y discerner la voix de Dieu qui vient vers lui pour lui donner les vraies réponses à son angoisse et à son désir de bonheur. Enfin dans la prière, engendrée par le méditation de la Parole, il est appelé à discerner la présence agissante de Dieu dans sa vie au quotidien.
C’est ce chemin seul, qui à la suite de Jean, nous conduira à la paix véritable et à une sagesse, en laquelle peut-être on ne verra rien et touchera rien, mais en laquelle du moins on goûtera de plus en plus la saveur d’une présence et d’un amour qui donne la vie véritable. Cette vie nouvelle, cette vie de Fils de Dieu, cette vie dans l’Esprit, c’est cela la vie chrétienne. Elle fait de nous des ressuscités.

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