On sait que la
miséricorde tient une grande place dans la vie spirituelle du pape,
comme elle était aussi au cœur de la vie de saint Jean-Paul II. Le
pape François a confié un jour comment était née sa vocation.
Alors qu'il était un jeune lycéen, un 21 septembre, fête de saint
Matthieu, il entra dans une église de Buenos Aires, pour se
confesser. A cette occasion, il fit une expérience intérieure de la
divine miséricorde, qui fut si profonde, qu'il sentit qu'il valait
la peine désormais d'y consacrer sa vie. Telle fut l'origine de son
appel à se donner totalement à Dieu.
L'évangile que nous
avons entendu nous parle justement de ce mystère. Jésus envoie ses
disciples, en leur donnant le Saint-Esprit, afin qu'ils aillent dans
le monde, vers les hommes, leur apporter le pardon des péchés.
C'est donc le soir de la résurrection que Jésus a institué le
sacrement de la réconciliation, le sacrement du pardon et de la
miséricorde.
Le soir de Pâques, au
cénacle, à ses apôtres, et huit jours après, à saint Thomas,
Jésus montre ses plaies glorieuses, les plaies de sa passion, celle
du cœur transpercé tout particulièrement, plaies qui furent
sanglantes le vendredi saint, mais qui désormais sont transfigurées
par la résurrection. Les âmes mystiques se sont toujours plu à
voir dans ses plaies les sources de cette divine miséricorde, qui se
répand dans le monde, sur les âmes et les corps.
En hébreu, le mot qui
désigne la miséricorde divine est le même mot que celui qui
désigne les entrailles maternelles : rahamîm.
L'amour de Dieu s'est
incarné dans le Christ, venu sur terre pour qu'aucun des enfants du
Père ne soit perdu, mais ait la vie. Tous les actes de Jésus sont
le fruit de la miséricorde. Cette miséricorde est manifestée à
l'heure de la croix. Jésus, chargé de nos péchés et de nos
souffrances, nous a rendus libres et capables de dire à Dieu :
Abba, Père.
Écoutons ce que les
docteurs de l’Église ont pu dire sur ce thème. D'abord saint
Éphrem, un père syriaque du 4e siècle, dans son homélie
sur la femme pécheresse : Je sais que j'ai péché au-delà de
toute mesure, et je ne puis dire tout ce qu'il y a en moi d'impureté
et de débauche. Cependant, comparé à l'abondance de sa
miséricorde, aux trésors de sa pitié, mes péchés, quelque
nombreux qu'ils soient, ne sont qu'une goutte d'eau, et j'ai la
conviction que, si j'ai seulement le bonheur de m'approcher de lui,
je serai purifié de toutes mes fautes et de toutes mes iniquités,
parce qu'il fera sortir de moi tout ce qu'il y a de dérèglements et
d'injustices, tant sont grandes sa divinité, sa sainteté et son
innocence.
Saint Augustin, dans la
Cité de Dieu : Le péché seul, en effet, sépare les hommes
d'avec Dieu, et s'ils peuvent être purifiés en cette vie, ce n'est
point par la vertu, mais bien par la miséricorde divine.
Saint Bonaventure, dans
l'Aiguillon de l'amour divin : Oui, la miséricorde de notre
Dieu est immense. Quand même se trouveraient en vous tous les péchés
qui ont jamais été, tous les crimes qui seront commis à l'avenir,
la miséricorde du Seigneur l'emporterait encore infiniment sur tout
cela.
Le saint curé d'Ars dans
l'un de ses sermons : Ce n'est pas le pécheur qui revient à
Dieu pour lui demander pardon, mais c'est Dieu qui court après le
pécheur et qui le fait revenir à lui. Il y en a qui disent :
« J'ai fait trop de mal, le Bon Dieu ne peut pas me
pardonner ». C'est un gros blasphème. C'est mettre une borne à
la miséricorde de Dieu et elle n'en a point : elle est infinie.
On connaît la célèbre
déclaration de sainte Thérèse de l'enfant Jésus : Oui, je le
sens, quand même j'aurais sur la conscience tous les péchés qui se
peuvent commettre, j'irais, le cœur brisé de repentir, me jeter
dans les bras de Jésus car je sais combien il chérit l'enfant
prodigue qui revient à lui.
Dans une lettre d'août
1954, Marthe Robin écrivait : Plongez-vous dans l'amour du Bon
Dieu, quelles que soient les fautes que vous pourriez avoir
commises ; parce qu'une âme n'est pas agréable à Dieu parce
qu'elle est sans péché, mais parce qu'elle croit en sa miséricorde,
et qu'en toute confiance elle s'abandonne en son amour.
Et concluons par une
phrase de saint Jean-Paul II, dans une homélie qu'il fit en 2002 à
Cracovie : Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la
paix et l'homme trouvera le bonheur.
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