Dans les reproches que
Jésus fait aux scribes et aux pharisiens, il dit entre autres ceci :
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en
chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas
remuer les doigts. Ces reproches
s'adressent de nos jours aux pasteurs qui auraient tendance à être
durs, trop rigides, à manquer de miséricorde. Or la vocation des
prêtres est très belle : être des instruments pour les âmes
de la divine Miséricorde.
Saint
Paul dans l'épître dit au contraire : Frères, nous
avons été pleins de douceur avec vous, comme une mère qui entoure
de soins ses nourrissons. Et
puis j'aime beaucoup cette parole de Notre-Seigneur : Venez
à moi, vous tous qui peinez, qui êtes surchargés, et je vous
donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi que je
suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos
âmes. Car mon joug est aisé et ma charge légère.
Quand
il revêt la chasuble avant la messe, le prêtre dit cette prière :
Seigneur qui as dit : mon joug est doux et mon fardeau léger,
fais que je puisse porter ce vêtement de manière à recevoir ta
grâce.
Le
vêtement que je porte pour célébrer la messe, la chasuble,
symbolise en effet la miséricorde du Christ et la douceur de son
joug.
Le
pape raconte qu'en Argentine, un prêtre qu'il a connu était très
miséricordieux au confessionnal. Parfois toutefois il se demandait
s'il ne l'avait pas été trop, mais en fin de compte, il disait à
Jésus : « C'est quand même toi qui m'as donné ce
mauvais exemple ».
Je
voudrais citer pour illustrer tout cela une belle doctrine de saint
Antonin de Florence, un moraliste du XVe siècle, réputé sévère
pourtant: Lorsqu'un
précepte est susceptible de deux interprétations, dont l'une est
dure et l'autre bénigne, cette dernière, toutes choses égales
d'ailleurs, doit être préférée, parce que les commandements de
Dieu et de l’Église ne sont point établis pour ôter toute
douceur spirituelle que détruit infailliblement une interprétation
trop scrupuleuse et trop timide. L'intention de Dieu et de l’Église
n'est point de commander l'impossible parce que selon la règle du
droit, personne ne peut être obligé à ce qu'il ne peut faire. Or,
dans la Loi nouvelle, le mot impossible paraît devoir être
interprété de ce qui est à peine possible, comme offrant une trop
grande difficulté; autrement comment expliquer cette parole du
Sauveur, mon joug est doux? Il vaut mieux avoir à rendre compte à
Dieu d'une trop grande miséricorde que d'une trop grande sévérité
Telle
fut aussi la position de saint Alphonse-Marie de Liguori, au XVIIIe
siècle, contre le rigorisme et le jansénisme, dominant à l'époque.
Il avait une grande expérience pastorale des âmes et savait qu'on
les touche bien mieux par la douceur et la miséricorde que par la
sévérité. On pourrait aussi évoquer don Bosco et sa pédagogie révolutionnaire à l'égard de ses jeunes turbulents.
Le
saint curé d'Ars avait été formé par un prêtre plutôt
rigoriste. Dans un premier temps il fut un confesseur trop sévère
et certaines plaintes parvinrent auprès de l'évêché. L'évêque
demanda au saint curé de lire la théologie morale de saint
Alphonse, qui commençait à être connue en France. Le bon curé
apprit bien la leçon et il trouva dès lors dans la pratique de son
ministère sa vitesse de croisière.
Concluons.
L’Évangile est une bonne nouvelle, celle de la miséricorde. En
Jésus, nous avons le visage d'un Dieu tendre, miséricordieux,
clément, compréhensif, doux et indulgent. Que cela nous incite à
l'aimer, à faire ce qu'il nous dit, à éviter le péché, qui est
toujours une ingratitude et un abus de sa miséricorde, mais dans la
confiance qu'il est toujours prêt à nous pardonner et à nous
relever. Si la crainte de l'enfer est bonne pour nous pousser à
quitter le péché, seul l'amour et la confiance en Dieu est
susceptible de nous faire persévérer dans sa grâce. Que ce beau
sacrement qu'est celui de la confession soit pour nous toujours une
rencontre éblouissante avec le Christ miséricordieux, doux et
humble de cœur et prions pour que les prêtres soient de plus en
plus dans ce sacrement les témoins et les instruments de cette
divine miséricorde.
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