samedi 4 novembre 2017

Jésus critique les scribes, homélie 31e dimanche A

Dans les reproches que Jésus fait aux scribes et aux pharisiens, il dit entre autres ceci : Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas remuer les doigts. Ces reproches s'adressent de nos jours aux pasteurs qui auraient tendance à être durs, trop rigides, à manquer de miséricorde. Or la vocation des prêtres est très belle : être des instruments pour les âmes de la divine Miséricorde.
Saint Paul dans l'épître dit au contraire : Frères, nous avons été pleins de douceur avec vous, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons. Et puis j'aime beaucoup cette parole de Notre-Seigneur : Venez à moi, vous tous qui peinez, qui êtes surchargés, et je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes. Car mon joug est aisé et ma charge légère.

Quand il revêt la chasuble avant la messe, le prêtre dit cette prière : Seigneur qui as dit : mon joug est doux et mon fardeau léger, fais que je puisse porter ce vêtement de manière à recevoir ta grâce.
Le vêtement que je porte pour célébrer la messe, la chasuble, symbolise en effet la miséricorde du Christ et la douceur de son joug.
Le pape raconte qu'en Argentine, un prêtre qu'il a connu était très miséricordieux au confessionnal. Parfois toutefois il se demandait s'il ne l'avait pas été trop, mais en fin de compte, il disait à Jésus : « C'est quand même toi qui m'as donné ce mauvais exemple ».
Je voudrais citer pour illustrer tout cela une belle doctrine de saint Antonin de Florence, un moraliste du XVe siècle, réputé sévère pourtant: Lorsqu'un précepte est susceptible de deux interprétations, dont l'une est dure et l'autre bénigne, cette dernière, toutes choses égales d'ailleurs, doit être préférée, parce que les commandements de Dieu et de l’Église ne sont point établis pour ôter toute douceur spirituelle que détruit infailliblement une interprétation trop scrupuleuse et trop timide. L'intention de Dieu et de l’Église n'est point de commander l'impossible parce que selon la règle du droit, personne ne peut être obligé à ce qu'il ne peut faire. Or, dans la Loi nouvelle, le mot impossible paraît devoir être interprété de ce qui est à peine possible, comme offrant une trop grande difficulté; autrement comment expliquer cette parole du Sauveur, mon joug est doux? Il vaut mieux avoir à rendre compte à Dieu d'une trop grande miséricorde que d'une trop grande sévérité 
Telle fut aussi la position de saint Alphonse-Marie de Liguori, au XVIIIe siècle, contre le rigorisme et le jansénisme, dominant à l'époque. Il avait une grande expérience pastorale des âmes et savait qu'on les touche bien mieux par la douceur et la miséricorde que par la sévérité. On pourrait aussi évoquer don Bosco et sa pédagogie révolutionnaire à l'égard de ses jeunes turbulents. 
Le saint curé d'Ars avait été formé par un prêtre plutôt rigoriste. Dans un premier temps il fut un confesseur trop sévère et certaines plaintes parvinrent auprès de l'évêché. L'évêque demanda au saint curé de lire la théologie morale de saint Alphonse, qui commençait à être connue en France. Le bon curé apprit bien la leçon et il trouva dès lors dans la pratique de son ministère sa vitesse de croisière.
Concluons. L’Évangile est une bonne nouvelle, celle de la miséricorde. En Jésus, nous avons le visage d'un Dieu tendre, miséricordieux, clément, compréhensif, doux et indulgent. Que cela nous incite à l'aimer, à faire ce qu'il nous dit, à éviter le péché, qui est toujours une ingratitude et un abus de sa miséricorde, mais dans la confiance qu'il est toujours prêt à nous pardonner et à nous relever. Si la crainte de l'enfer est bonne pour nous pousser à quitter le péché, seul l'amour et la confiance en Dieu est susceptible de nous faire persévérer dans sa grâce. Que ce beau sacrement qu'est celui de la confession soit pour nous toujours une rencontre éblouissante avec le Christ miséricordieux, doux et humble de cœur et prions pour que les prêtres soient de plus en plus dans ce sacrement les témoins et les instruments de cette divine miséricorde.

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