En
1925, le pape Pie XI publiait l'encyclique Quas Primas, dans laquelle
il instituait la fête du Christ-Roi. Il voulait ainsi rappeler que
Notre-Seigneur devait régner non seulement sur nos cœurs, mais
aussi sur les sociétés humaines et condamnait le laïcisme des
États modernes, qui se répandait de plus en plus. De nos jours
notre monde moderne vit la sécularisation à outrance. Nos
contemporains vivent dans une société où Dieu est devenu
totalement absent. La situation s'est donc aggravée tout
particulièrement.
Face
à cela, que nous dit la Parole de Dieu que nous venons d'entendre ?
Elle nous dit que, malgré l'incroyance et l'apostasie régnantes,
Jésus est roi et il l'est pour toujours. Dans le livre de Daniel,
dont nous venons d'entendre un passage, il nous est annoncé que le
jour de son ascension, après sa victoire pascale, le Christ, le Fils
de l'homme, a été investi de la royauté par son Père sur
l'univers entier. En tant que Fils de Dieu, Jésus est roi en
lui-même. Mais en outre il l'est devenu par droit de conquête en
tant qu'homme. En mourant pour nous, en nous rachetant par son
précieux sang, il a acquis le droit de régner sur nous.
L'apocalypse, dans le passage de ce jour, dit que Jésus-Christ est
le témoin fidèle, parce qu'il est mort sur la croix pour la
vérité, qu'il est le premier-né des morts, parce qu'il a vaincu la
mort par sa résurrection, et qu'ainsi, il est devenu le prince des
rois de la terre.
A
la fin des temps, lorsqu'il reviendra son règne sera victorieux,
visible et définitif. Toutes les nations se prosterneront devant
lui. Ce sera la victoire finale, le triomphe absolu du Christ. Cela
est assuré, nous ne pouvons en douter, et à ce titre nous voyons
déjà en lui le roi de l'univers. L'apocalypse aujourd'hui disait
qu'il va venir, que tout œil le verra et qu'ils le verront ceux qui
l'ont transpercé. En ce jour ultime, tous les hommes verront avec
clarté que Jésus-Christ est le souverain de l'univers.
Mais
devons-nous nous contenter de ce qui ne pourra manquer d'advenir à
la fin ? Ne pouvons-nous pas déjà, tant que l'histoire dure
encore, souhaiter que le Christ puisse régner, plus parfaitement
qu'il ne le fait en réalité ? Oui, nous le pouvons, et même
nous devons travailler à l'instauration de la royauté de
Jésus-Christ. Oui, nous devons travailler de toutes nos forces à la
construction d'un monde de justice et d'amour, dans la perspective de
la cité de Dieu à bâtir. Nous ne nous contenterons pas d'attendre
que Dieu vienne instaurer son règne plus tard, à la fin, mais nous
préparerons cette venue définitive du Royaume, par une vie toute de
soumission à la volonté de Dieu. Jésus n'a pas rougi de nous
aimer, nous ne devons pas rougir de lui, en face des hommes
d'aujourd'hui qui si souvent le rejettent ou le méprisent. Le monde
actuel refuse la royauté de Jésus-Christ, soyons donc de notre côté
des témoins convaincus de Jésus-Christ.
Bien
sûr, la première chose est que Jésus règne sur nos cœurs. Mais
si nous croyons vraiment en lui et si nous l'aimons avec
authenticité, nous voudrons aussi qu'il règne davantage dans notre
monde actuel. C'est pourquoi nous travaillons à la venue d'une
société plus chrétienne. C'est la raison pour laquelle le pape Pie
XI insistait sur la royauté sociale de Jésus-Christ.
Dans
l'évangile, Jésus répond à Pilate qu'en effet il est roi, mais
que sa royauté n'est pas de ce monde. Il n'est pas venu pour
apporter des solutions aux problèmes du monde. Ne risquons-nous pas
de nos jours de séculariser le message de l’Évangile ? Comme
l'a dit le pape François, l’Église n'est pas une ONG. Certes, si
nous vivions davantage selon l’Évangile du Christ, tout irait
beaucoup mieux dans le monde, mais Jésus est venu d'abord pour
sauver les âmes et les conduire au paradis.
N'oublions
jamais que l’Église a un but essentiellement surnaturel. En ce
jour, nous sommes invités à proclamer la royauté de Jésus-Christ,
et à faire en sorte que le Christ-Roi règne totalement sur nos
personnes et sur nos vies. « Que votre règne arrive »,
disons-nous dans la prière du Seigneur. Et en communiant nous allons
nous offrir à lui pour qu'il règne entièrement sur nous. La vie
chrétienne est une mort à soi-même et au monde et une vie pour
Dieu. Voici comment un abbé bénédictin du XVIe siècle, Louis de
Blois, commence son livre intitulé L'Institution spirituelle :
« Dieu, l'immuable et souverain bien, peut seul satisfaire et
apaiser les désirs de l'âme raisonnable. Les hommes devraient donc
tous aspirer avec une sainte avidité à la perfection de la vie et à
l'intime union à Dieu qu'elle procure ici-bas ». Oui,
cette fête est pour nous un appel à ne plus vivre que pour Dieu et
à laisser Jésus régner sur nous, en abandonnant en tout notre
volonté propre et en nous dépouillant complètement de notre
égoïsme.
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