samedi 24 novembre 2018

Le Christ-Roi, homélie

En 1925, le pape Pie XI publiait l'encyclique Quas Primas, dans laquelle il instituait la fête du Christ-Roi. Il voulait ainsi rappeler que Notre-Seigneur devait régner non seulement sur nos cœurs, mais aussi sur les sociétés humaines et condamnait le laïcisme des États modernes, qui se répandait de plus en plus. De nos jours notre monde moderne vit la sécularisation à outrance. Nos contemporains vivent dans une société où Dieu est devenu totalement absent. La situation s'est donc aggravée tout particulièrement.

Face à cela, que nous dit la Parole de Dieu que nous venons d'entendre ? Elle nous dit que, malgré l'incroyance et l'apostasie régnantes, Jésus est roi et il l'est pour toujours. Dans le livre de Daniel, dont nous venons d'entendre un passage, il nous est annoncé que le jour de son ascension, après sa victoire pascale, le Christ, le Fils de l'homme, a été investi de la royauté par son Père sur l'univers entier. En tant que Fils de Dieu, Jésus est roi en lui-même. Mais en outre il l'est devenu par droit de conquête en tant qu'homme. En mourant pour nous, en nous rachetant par son précieux sang, il a acquis le droit de régner sur nous. L'apocalypse, dans le passage de ce jour, dit que Jésus-Christ est le témoin fidèle, parce qu'il est mort sur la croix pour la vérité, qu'il est le premier-né des morts, parce qu'il a vaincu la mort par sa résurrection, et qu'ainsi, il est devenu le prince des rois de la terre.
A la fin des temps, lorsqu'il reviendra son règne sera victorieux, visible et définitif. Toutes les nations se prosterneront devant lui. Ce sera la victoire finale, le triomphe absolu du Christ. Cela est assuré, nous ne pouvons en douter, et à ce titre nous voyons déjà en lui le roi de l'univers. L'apocalypse aujourd'hui disait qu'il va venir, que tout œil le verra et qu'ils le verront ceux qui l'ont transpercé. En ce jour ultime, tous les hommes verront avec clarté que Jésus-Christ est le souverain de l'univers.
Mais devons-nous nous contenter de ce qui ne pourra manquer d'advenir à la fin ? Ne pouvons-nous pas déjà, tant que l'histoire dure encore, souhaiter que le Christ puisse régner, plus parfaitement qu'il ne le fait en réalité ? Oui, nous le pouvons, et même nous devons travailler à l'instauration de la royauté de Jésus-Christ. Oui, nous devons travailler de toutes nos forces à la construction d'un monde de justice et d'amour, dans la perspective de la cité de Dieu à bâtir. Nous ne nous contenterons pas d'attendre que Dieu vienne instaurer son règne plus tard, à la fin, mais nous préparerons cette venue définitive du Royaume, par une vie toute de soumission à la volonté de Dieu. Jésus n'a pas rougi de nous aimer, nous ne devons pas rougir de lui, en face des hommes d'aujourd'hui qui si souvent le rejettent ou le méprisent. Le monde actuel refuse la royauté de Jésus-Christ, soyons donc de notre côté des témoins convaincus de Jésus-Christ.
Bien sûr, la première chose est que Jésus règne sur nos cœurs. Mais si nous croyons vraiment en lui et si nous l'aimons avec authenticité, nous voudrons aussi qu'il règne davantage dans notre monde actuel. C'est pourquoi nous travaillons à la venue d'une société plus chrétienne. C'est la raison pour laquelle le pape Pie XI insistait sur la royauté sociale de Jésus-Christ.
Dans l'évangile, Jésus répond à Pilate qu'en effet il est roi, mais que sa royauté n'est pas de ce monde. Il n'est pas venu pour apporter des solutions aux problèmes du monde. Ne risquons-nous pas de nos jours de séculariser le message de l’Évangile ? Comme l'a dit le pape François, l’Église n'est pas une ONG. Certes, si nous vivions davantage selon l’Évangile du Christ, tout irait beaucoup mieux dans le monde, mais Jésus est venu d'abord pour sauver les âmes et les conduire au paradis.
N'oublions jamais que l’Église a un but essentiellement surnaturel. En ce jour, nous sommes invités à proclamer la royauté de Jésus-Christ, et à faire en sorte que le Christ-Roi règne totalement sur nos personnes et sur nos vies. « Que votre règne arrive », disons-nous dans la prière du Seigneur. Et en communiant nous allons nous offrir à lui pour qu'il règne entièrement sur nous. La vie chrétienne est une mort à soi-même et au monde et une vie pour Dieu. Voici comment un abbé bénédictin du XVIe siècle, Louis de Blois, commence son livre intitulé L'Institution spirituelle : « Dieu, l'immuable et souverain bien, peut seul satisfaire et apaiser les désirs de l'âme raisonnable. Les hommes devraient donc tous aspirer avec une sainte avidité à la perfection de la vie et à l'intime union à Dieu qu'elle procure ici-bas ». Oui, cette fête est pour nous un appel à ne plus vivre que pour Dieu et à laisser Jésus régner sur nous, en abandonnant en tout notre volonté propre et en nous dépouillant complètement de notre égoïsme.




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