L'aveugle
de Jéricho, qui mendiait au bord du chemin, se mit à crier au
passage de Jésus : « Jésus, Fils de David, prends pitié de
moi ». Et alors qu'on le rabrouait il criait de plus belle :
« Jésus, Fils de David, prends pitié de moi ». La prière de
ce malheureux consistait donc à répéter sans cesse la même chose.
De même le publicain dans le temple ne cessait de répéter :
« Ô Dieu, sois propice au pécheur que je suis ». Ces
deux exemples, l'aveugle de Jéricho et le publicain de la parabole
donnée par Jésus, sont à l'origine d'une forme de prière qu'on
appelle la prière monologique, et qui consiste à répéter sans
cesse la même petite formule. Jésus lui-même priera ainsi au
jardin des oliviers lorsqu'il répétera pendant des heures la même
chose : « Père, s'il est possible, éloigne de moi cette
coupe. Mais que ta volonté soit faite, et non la mienne ».
La
plus célèbre des prières de type monologique est celle qu'on
appelle en orient la prière de Jésus. En égrenant leur rosaire,
les moines et les pieux laïcs orientaux ne cessent de murmurer
l'invocation : « Seigneur Jésus-Christ, ayez pitié de
moi, pécheur ». Cette invocation est en fait une combinaison
de la prière de l'aveugle et de celle du publicain. Elle consiste en
deux éléments : l'invocation du Nom de Jésus et une
supplication pour le pauvre que je suis. C'est donc une prière toute
simple, qui ne fatigue ni l'esprit ni le cœur, mais qui est,
lorsqu'on la reprend sans cesse, très puissante pour nous conduire à
la paix profonde et nous envelopper de la Divine miséricorde.
Pourquoi ne l'essayeriez-vous pas aujourd'hui, tout de suite après
avoir reçu la sainte hostie : redire pendant quelques instants
cette formule toute simple à Jésus réellement présent avec tout
son amour au fond de votre cœur : « Seigneur Jésus-Christ,
ayez pitié de moi ».
« Que
veux-tu que je fasse pour toi ? » : telle est la
demande de Jésus à l'aveugle qui le supplie. C'est aussi la même
demande que Jésus-Christ nous fait quand nous prions ou quand nous
venons de le recevoir dans la sainte communion. Jésus est tout prêt
à répandre ses grâces, il vient dans notre cœur les mains
chargées de grâces. Encore faut-il que nous les lui demandions. En
fait il connaît nos besoins, mieux que nous, il n'a pas besoin de
notre prière, mais c'est nous qui en avons besoin, afin de prendre
conscience de notre pauvreté et de notre dépendance face à la
libéralité divine. Ce que nous devons demander avant tout c'est le
divin amour, car alors nous sommes riches de l'essentiel, ainsi que
les vertus chrétiennes qui nous manquent. Mais nous pouvons aussi
lui confier tous nos soucis quotidiens et lui recommander ceux qui
sont dans notre cœur, en disant simplement : « Dans ton
royaume, souvenez-vous, Seigneur, de telle ou telle personne ».
Je
voudrais aussi dire un mot sur un passage de l'épître. Il est dit
qu'un prêtre « est capable de compréhension envers ceux qui
commettent des fautes par ignorance ou par égarement, car il est lui
aussi rempli de faiblesse ». Ainsi un prêtre, par exemple
lorsqu'il administre le sacrement de la réconciliation, se doit
d'être plein de miséricorde et de compréhension, comme le pape
François aime souvent à le rappeler. Le prêtre est lui-même
faible et pécheur. Mais Jésus-Christ est quant à lui notre
grand-prêtre. Sa miséricorde est infinie, dès qu'on se repent
sincèrement. Mais ce qu'il y a de merveilleux dans cette miséricorde
divine, c'est que non seulement Jésus pardonne et oublie nos fautes,
mais qu'en outre il nous comprend, car il sait mieux que nous de quoi
nous sommes façonnés. Ressentir cette compréhension du Christ de
notre misère est l'un des bienfaits du sacrement de la réconciliation, qui est ainsi source de paix et de joie dans notre
vie. Comme le dit si bien le Père Joël Guibert, si nous comprenions
cela, nous irions à confesse avec le même entrain et la même joie
que nous allons communier.
Ainsi
donc ces deux lectures de ce jour nous parlent une fois de plus de
l'amour insondable du Sacré-Cœur de Jésus-Christ, source et océan
infini de miséricorde, comme cela est affirmé dans les douze
promesses de ce Sacré-Cœur, faites à sainte Marguerite-Marie. Cet
amour, nous en faisons l'expérience dans la prière et dans les
sacrements. Mais si nous ne prions pas et si nous ne vivons pas les
sacrements avec une ferveur suffisante, nous ne pouvons connaître
cet amour suréminent qui est dans le Christ Jésus, et notre
religion deviendra quelque chose de sec, de froid et d'ennuyeux. Oui,
ce à quoi nous sommes appelés, c'est de vivre avec le Christ une
relation d'amitié et d'intimité, qui en imprégnant toute notre
existence nous fera déjà connaître le bonheur qui sera
éternellement le nôtre au paradis.
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