samedi 6 août 2016

Le jeune homme riche homélie

Un homme s'approcha de Jésus. La suite du récit nous apprend qu'il s'agissait d'un jeune homme riche. Il lui fit une demande fondamentale : Quelle bonne œuvre dois-je spécialement accomplir pour obtenir le salut éternel ? Jésus, dans un premier temps, lui fait savoir que sa demande est superflue. Et la raison de son inutilité est ainsi indiquée : Dieu seul est bon. De même une seule chose est bonne entre toutes : accomplir sa volonté. Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements. Jésus désignait ainsi le décalogue, les dix commandements, comme il va le dire explicitement. Mais le jeune homme, ayant sans doute à la pensée les 613 préceptes particuliers que les scribes et les rabbins avaient supputés dans la loi mosaïque, ne sut pas découvrir desquels il s'agissait. D'où sa nouvelle question : Lesquels ?

Alors le divin maître cite, par manière d'exemple, cinq préceptes de la deuxième table (Tu ne tueras pas, tu ne seras pas adultère, tu ne déroberas pas, tu ne diras pas de faux témoignage, honore ton père et ta mère), et il ajoute, d'après le lévitique, le commandement général de l'amour du prochain.
Pour notre salut éternel, mais aussi pour notre véritable bonheur sur terre, Dieu nous a donné les dix commandements. Le psaume 118 est un éloge de la Loi de Dieu: Toi, tu promulgues tes préceptes à observer entièrement. Puissent mes voies s'affermir à observer tes commandements! (Ps 118, 4-5)
Mais l'homme ne cesse de désobéir à la Loi de Dieu. Le pape François aime faire là-dessus une distinction entre ceux qui sont pécheurs et ceux qui sont corrompus. Nous sommes tous pécheurs, mais si nous le reconnaissons, le confessons, si nous demandons pardon et essayons de nous amender, Dieu nous ouvre les bras de sa miséricorde. Le corrompu lui par contre ne veut pas reconnaître sa faute et durcit son cœur. Il s'enferme dans sa suffisance et sa conscience finit par devenir tout à fait déformée. Cette corruption est caractéristique de notre époque. Elle est très inquiétante, car elle conduit à un terme redoutable: l'enfer.
Faisons un rêve. Imaginons que, par je ne sais quel miracle, un seul commandement de Dieu soit parfaitement observé par tous les hommes, par exemple le huitième commandement. Imaginons que l'homme soit devenu un être absolument incapable de mentir. Le monde deviendrait beaucoup plus beau. Les enquêtes de police seraient rondement menées. Il n'y aurait jamais d'erreur judiciaire. Les relations humaines seraient toutes empreintes d'une parfaite confiance. Il y aurait beaucoup plus de propreté dans le monde de la politique et des affaires. Oui, non seulement le salut éternel, mais aussi la beauté et la dignité de notre vie sur terre dépendent de l'obéissance aux commandements de Dieu.
Mais revenons à l'évangile de ce jour. L'interlocuteur de Jésus était un jeune homme à l'âme noble et pure et qui avait toujours mené une vie exemplaire. Néanmoins il sent qu'il lui manque encore quelque chose pour mener une vie parfaite. Et il demande : Que me manque-t-il encore ?
Jésus le satisfait immédiatement : Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens et suis-moi. Pour ce jeune homme, qui tenait trop à ses richesses, comme la suite du récit va le prouver, la perfection consistait dans le parfait renoncement, pratiqué auprès du Sauveur. Jésus l'invite à le suivre, à titre d'intime et de compagnon habituel. Mais ce jeune homme s'en alla tout triste, en entendant la réponse du maître.
Jésus profita de la circonstance pour mettre en garde les disciples contre le péril moral que créent les richesses. Non pas les richesses directement prises en elles-mêmes, mais parce que ceux qui les possèdent courent le péril d'y adhérer trop et de se laisser entraîner par elles aux vices qu'elles favorisent. Jésus le dit avec énergie par une hyperbole : Il est plus facile à un chameau d'entrer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume des cieux. Notre Seigneur voulait parler d'une impossibilité réelle du salut, au cas où un riche tiendrait démesurément à ses biens. Les disciples en furent stupéfaits : Mais alors qui peut être sauvé ? Ils savaient en effet par l'expérience qu'ils avaient du cœur humain, que celui-ci était fatalement entraîné vers les richesses.
Jésus eut alors pour eux un regard profond et plein de sympathie, pour calmer leur effroi. Jésus établit une distinction qui met parfaitement en lumière ce qu'il venait de dire. Cela est impossible aux hommes : c'est-à-dire aux hommes en tant qu'hommes, et livrés à leurs propres forces. Mais à Dieu tout est possible : le salut est possible avec le secours divin, que chacun peut obtenir par la prière.

Le padre Pio résumait bien la doctrine évangélique sur l'absolue nécessité de la prière, lorsqu'il disait : En priant beaucoup on se sauve, en priant peu on est en danger, en ne priant pas on se damne. Concluons donc : face aux dangers pour notre âme de la civilisation moderne, avec toute la richesse matérielle qu'elle nous offre, écoutons les sévères mises en garde du Sauveur et réfugions-nous dans la prière pour ne pas nous laisser corrompre et faire ce que la divine volonté nous demande.

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