jeudi 4 août 2016

La parabole des invités au festin, homélie

Trois semaines avant Noël, la liturgie byzantine offre à notre méditation la parabole des invités au festin, dans la version que donne saint Luc. Dans l’Évangile, en effet, le Royaume de Dieu est souvent symbolisé par un grand banquet festif. Parfois, par exemple dans le texte parallèle de saint Matthieu, il nous est précisé que ce banquet est celui des noces du Fils du roi. A Noël, en effet, nous célébrerons les noces de Dieu et de l'humanité. Dans le mystère de l'incarnation, le Fils de Dieu épouse toute l'humanité. Il unit la nature divine et la nature humaine en une seule personne, celle du Fils unique de Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté, chanteront les anges la nuit de Noël. L'enfant Jésus, Fils de Dieu et fils de Marie, prince de la paix et sauveur unique du genre humain, en naissant parmi nous, vient inaugurer le Royaume de Dieu, un Royaume qui s'accomplira dans la vie éternelle. Pour les rachetés, ce sera alors pour toute l'éternité le banquet céleste : une fête perpétuelle, un bonheur éternel, en lesquels l'homme jouira éternellement de Dieu.

Ce banquet du ciel a son germe, son avant-goût dans le banquet eucharistique. C'est pourquoi l'eucharistie est si importante pour celui qui prend l’Évangile au sérieux et sa divine invitation au banquet. Le concile de Trente nous l'a rappelé lorsqu'il a dit : Le très saint Concile souhaiterait qu'à chaque messe les fidèles qui y assistent ne se contentent pas de communier spirituellement, mais reçoivent encore réellement le sacrement eucharistique (session XXII, chap. VI). Ces paroles, ajoutait saint Pie X dans le décret qui rétablissait la pratique de la communion fréquente, montrent assez clairement combien l’Église désire que tous les fidèles s'approchent chaque jour de ce banquet céleste et en retirent des effets plus abondants de sanctification. La seule chose qui soit exigée pour participer à l'eucharistie est d'être en état de grâce (souvenons-nous de celui qui était entré au banquet sans avoir revêtu la tenue de noce et qui fut expulsé du banquet par le roi, comme le rapporte saint Matthieu dans le récit parallèle à celui de saint Luc que nous avons entendu ce matin). Il faut en outre bien sûr communier avec une intention surnaturelle et non pas pour un motif purement humain.
Pendant longtemps en effet, sous l'influence néfaste du jansénisme, la plupart des gens ne communiaient qu'une ou deux fois par an. Dans beaucoup de communautés religieuses, il fallait demander l'autorisation au supérieur pour pouvoir communier plus souvent que les jours où la règle le prescrivait. Cette disposition limitative fut abrogée par le pape Léon XIII. On pensait alors qu'il fallait être un grand saint pour pouvoir communier et on oubliait que la communion est un remède pour les faibles afin que petit à petit ils puissent devenir saints.
Ce temps-là est heureusement révolu. Mais nous sommes passés à un autre extrême, celui de la banalisation de l'eucharistie. Ne parlons pas seulement de tant de messes de mariage et d'enterrement où l'on voit des gens communier pour faire comme tout le monde, sans même savoir ce qu'ils font. Une enquête récente a révélé qu'un certain nombre de catholiques pratiquants ne croient pas aux dogmes centraux de la foi, comme la Trinité ou la résurrection de Jésus-Christ.
Or le sens de la parabole de ce matin est le suivant : les invités qui refusent l'invitation désignent ceux qui ont refusé de croire en Jésus et en son message. Croire que Jésus est le Fils de Dieu, qu'il est notre seul sauveur, qu'il est mort pour nous et ressuscité, tout cela est la première condition pour répondre vraiment à l'invitation divine et participer vraiment à la fête des noces de Dieu avec l'humanité.
Finalement ceux qui vont entrer au banquet ce sont les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. Ils représentent les petits et les humbles, qui ont reçu eux le message de Jésus. Puis ce seront ceux qui vivent en-dehors de la ville ; cette autre classe d'invités représente les païens, qui entreront dans le royaume messianique. Le maître dit à son serviteur : contrains-les d'entrer. Non pas en employant la force extérieure mais par les moyens les plus persuasifs. Ce trait a pour but de manifester le vif désir qu'avait le père de famille de remplir sa table. Il nous révèle la profondeur du cœur du Père, un Dieu plein de tendresse et de miséricorde envers tous les hommes mais qui est irrité par nos refus de sa magnifique invitation.
En cette nouvelle année liturgique, le Seigneur nous invite à un grand banquet, le banquet de sa miséricorde. Le pape François, a voulu qu'à l'occasion du 50e anniversaire du concile Vatican II, on célèbre une année sainte de la miséricorde. Elle va commencer ce mardi, fête de l'Immaculée, par l'ouverture de la porte sainte, à Saint-Pierre de Rome. Acceptons généreusement l'invitation qui nous est faite et entrons dans la démarche de l’Église, en accueillant la grâce qui passera avec surabondance.
Cette parabole qui nous est relue peu de temps avant Noël doit remplir notre cœur de joie et d'action de grâce. Nous sommes parmi les invités au banquet du Royaume. Rendons grâce au Père qui nous invite, au Fils qui nous fait enter et au Saint-Esprit qui nous donne de communier à la joie-même de Dieu.



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