Les
paroles de Jésus sur le mystère eucharistique, qu'il tint dans la
synagogue de Capharnaüm, eurent des résultats très opposés dans
le cercle, soit général, soit intime, de ses disciples : ce
fut, d'une part, l'incrédulité ; de l'autre, la foi la plus
aimante. Il semble bien que la majorité des auditeurs eurent
malheureusement la première de ces réactions. On trouva que les
propos de Jésus étaient durs, choquants, intolérables.
Bien sûr,
les propos du Christ ne furent pas compris comme il se devait et
comme l’Église les comprend maintenant, dans un sens tout
spirituel et sacramentel. Ceux qui faisaient ces réflexions hostiles
supposaient peut-être que Jésus leur ordonnait de démembrer son
corps et de le manger par morceaux ! Puis de boire le sang qui
s'en échapperait, ce qui répugnait tout particulièrement à des
Juifs ! Notre foi chrétienne en l'eucharistie est tout autre :
Jésus a livré son corps et versé son sang pour notre salut et pour
que nous ayons la vie éternelle. Et la veille de sa passion, il a
institué le sacrifice de son corps et de son sang et nous a ordonné
de le célébrer, en mémoire de lui, jusqu'à ce qu'il revienne.
Dans la communion, nous recevons dans notre cœur de manière
substantielle et non sanglante son corps livré et son sang versé
par amour pour nous, son âme, sa divinité, tout son amour. C'est
avec son immense amour qu'il vient s'unir à nous, pour que nous
ayons la vie.
N'en
va-t-il pas de même aujourd'hui, lorsque l’Église dans son
enseignement tient des propos exigeants et contraires aux valeurs
mondaines ? Surtout lorsqu'elle maintient les exigences de la
morale chrétienne et du droit naturel, beaucoup de nos contemporains
refusent de l'entendre. Quand l’Église enseigne les mystères de
la foi qui dépassent la raison, sans la contredire, le monde refuse
de l'entendre et s'en tient à une vision des choses bornée,
matérialiste et rationaliste, en se privant ainsi d'accéder à la
beauté et aux merveilles de notre foi chrétienne. Car la foi aura
toujours pour le regard des incroyants un aspect scandaleux, alors
qu'elle est divine beauté et merveilleuse réalité pour celui qui
croit.
Jésus
va dès lors insister à la fois sur la possibilité réelle de ce
qu'il vient de dire et sur le sens spirituel de ses paroles. Il va
d'abord parler de sa future ascension dans le ciel, lorsqu'il aura
été glorifié : si le Fils de l'homme est capable de monter au
ciel, il est aussi capable de trouver le moyen de donner sa chair en
nourriture, car son corps ne sera plus soumis aux lois ordinaires de
la nature. En effet, poursuit Jésus, mes paroles sont esprit et vie.
Comme le dit Bossuet : « Jésus ne rabat rien du sens
littéral, mais il y ajoute le sens spirituel et le divin ».
C'est la puissance même du Fils de Dieu qui rend possible
l'insondable mystère eucharistique. Ceux qui y croient et y
communient ressentent toute la force spirituelle et vivifiante de ce
mystère et prennent ainsi à la lettre la parole du Christ :
« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie en lui ».
Ils
peuvent alors dire comme Pierre : « A qui irions-nous ?
Tu as les paroles de la vie éternelle ». Ils ne voient
personne d'autre à qui ils puissent adhérer. Jésus possède tout
ce dont ils ont besoin et lui seul peut satisfaire tous leurs désirs
de salut et de vie véritable. Les paroles de Jésus, si
mystérieuses, voire si choquantes qu'elle soient, sont des paroles
qui par elles-mêmes déjà procurent la vie éternelle et divine,
dès lors qu'elles sont accueillies avec foi et amour.
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