L'évangile
de ce dimanche nous rapporte deux miracles opérés par
Notre-Seigneur : la guérison de la femme qui souffrait d'une
perte de sang et la résurrection de la fille de Jaïre. On définit
habituellement le miracle comme une intervention extraordinaire de la
puissance divine et qui suspend le cours naturel des choses. Le
miracle est un signe que Dieu fait à notre foi pour nous faire
connaître sa puissance et son amour. Le miracle n'est perçu
généralement que par celui qui a la foi. Celui qui refuse la foi
cherchera toujours à nier le miracle en cherchant une explication
rationnelle à celui-ci. C'est d'autre part la foi qui suscite le
miracle, comme le Seigneur le dit si souvent dans l’Évangile :
Ta foi t'a sauvé. Parfois,
c'est le miracle qui fait naître la foi chez quelqu'un qui a l'âme
ouverte et qui cherche loyalement la vérité. Dans ce cas, le
miracle opère la conversion, mais le vrai miracle n'est-il pas alors
la conversion elle-même ?
Mais
pour celui qui croit en Dieu, la nature elle-même n'est-elle pas un
miracle quotidien ? Pour quelqu'un qui sait adorer, le lever du
soleil chaque matin ou la poussée des arbres au long des années ne
sont-ils pas un signe permanent de la providence et de l'action
divines, toujours à l’œuvre dans la création ? Cette belle
création n'est-elle pas le premier des miracles ? Pour celui
qui croit tout devient signe de l'amour divin.
Grande
est l'audace de la foi de la femme atteinte d'un flux de sang !
Elle était en effet dans un état d'impureté légale. Se mêler à
la foule et oser toucher la frange du manteau de Jésus n'était rien
d'autre qu'un sacrilège aux yeux de la loi juive. Cette audace lui
venait de sa foi profonde et de sa confiance aveugle en Jésus. Il y
a dans le geste de cette femme quelque chose qui relève de la
religion populaire, comme lorsque de nos jours des pèlerins
cherchent à toucher des reliques. La religiosité populaire n'est
nullement contraire à l’Évangile, car le Seigneur a toujours
manifesté une grande estime pour les pauvres, les petits et les
humbles. L’Église a pour principe d'accompagner la religiosité
populaire, en l'évangélisant de l'intérieur.
Jésus
ensuite en se rendant chez Jaïre rencontre sur le chemin des
personnes qui viennent dire à ce chef de la synagogue : Ta
fille est morte. A quoi bon importuner encore le maître ? Or
précisément Jésus veut être importuné. Il demande de notre part
que notre prière soit toujours insistante, que nous persévérions à
demander inlassablement les grâces dont nous avons besoin, même et
surtout lorsque les apparences se font contraires.
Entré
dans la maison de Jaïre, Jésus dit cette parole énigmatique :
L'enfant n'est pas morte mais elle dort. Pourtant
de toute évidence la fillette était bel et bien morte et tout
espoir était perdu. Mais le Seigneur nous enseigne ainsi que pour le
croyant la mort n'est pas un anéantissement mais un sommeil en
attente de la résurrection. C'est pourquoi une prière eucharistique
nous fait prier pour les défunts, comme ceux qui se sont endormis
dans l'espérance de la résurrection. Et le canon romain dit encore
mieux: Souviens-toi de tes serviteurs qui nous ont
précédés, marqués du signe de la foi et qui dorment dans la paix.
Rappelons ce que la foi nous
enseigne à ce sujet. La mort ne concerne que le corps physique, car
notre âme spirituelle est immortelle, et au moment de la mort, elle
se sépare du corps pour aller au ciel, au purgatoire ou en enfer,
selon l'état dans lequel elle se trouve au moment de la mort :
état de grâce ou état de péché mortel. Mais à la fin des temps
notre corps ressuscitera pour partager le sort de notre âme pendant
l'éternité. On raconte que don Bosco avait lui aussi ressuscité un
de ses élèves, mort en état de péché mortel et qui se voyait au
bord de l'enfer. Revenu à la vie, l'enfant se confessa et fut remis
en grâce avec Dieu. Il aurait ensuite souhaité mourir pour de bon
afin d'aller vers la vie éternelle.
Jésus
ressuscite la petite fille en lui donnant l'ordre : Je
te le dis, lève-toi. La
résurrection est en effet le fait de se relever d'entre les morts.
Les premiers chrétiens parlaient souvent de la résurrection du
Christ comme d'un lever, d'un relèvement d'entre les morts. Telle
est la manière traditionnelle de parler de la résurrection, qui met
bien en valeur que la mort n'est pas un retour au néant ou au
nirvana des bouddhistes mais un sommeil et un passage vers la vie
éternelle.
Une
dernière chose. Jésus ordonne enfin de donner à manger à
l'enfant. Cela nous rappelle que notre baptême est pour nous déjà
une résurrection et que la vie du baptisé doit être nourrie par la
méditation de la Parole de Dieu, la prière et l'eucharistie.
Toutefois si nous ne pouvons communier sacramentellement, pour
quelque raison que ce soit, l'assistance à la messe est à elle
seule capable de nous nourrir parce que par elle-même la messe nous
imprègne des grâces et des bénédictions divines, car elle est le
sacrifice du Christ sur la croix, qui a sauvé le monde par sa mort,
et qui nous communique dans l'eucharistie les fruits de sa
rédemption, à partir du moment où nous assistons à la messe avec
foi et piété.
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