Homélie pour le 27e dimanche après la pentecôte, dans le rite byzantin.
L'évangile
de ce matin nous parle d'une femme, liée par Satan depuis 18 ans,
une femme qui ne peut se redresser, qui est courbée, incurvée vers
le sol, et que Jésus va redresser et délier. Les juifs avaient
l'habitude d'utiliser le terme délier pour signifier le pardon, la
remise des péchés et de nos dettes envers Dieu. Lorsqu'une âme
reçoit le pardon de Dieu, elle est en effet déliée des liens du
péché.
Cette
femme représente bien, est le symbole de la nature humaine, tombée
dans le péché depuis la chute originelle, dont nous parle le
chapitre trois de la Genèse. Notre pauvre humanité, lorsqu'elle est
séparée de Dieu est en effet tournée entièrement vers les choses
de la terre et incapable de regarder le ciel, vers Dieu et les
réalités éternelles. Cet homme, appelé à l'origine à la
communion avec Dieu est devenu un esclave des choses de ce monde.
Satan fait tout pour nous détourner de Dieu et du ciel et nous faire
rechercher uniquement un bonheur terrestre. L’œuvre du Christ,
venu parmi nous détruire le travail de Satan, sera justement de nous
redresser et de tourner à nouveau notre regard vers Dieu et
l'éternité.
Nous
venons de célébrer, il y a deux jours, la fête de l'Immaculée
Conception. Marie est celle qui dès le début de son existence a été
tournée vers Dieu, toute ouverte à Dieu. Par la grâce de
l'immaculée conception, Dieu s'est préparé une demeure toute pure,
toute sainte, immaculée, pour l'accueillir pour sa venue parmi nous.
La grâce de Dieu, qui vient de la mort du Christ, a agi en Marie de
façon unique et plus puissante que chez nous. En Marie, une
préservation, chez nous, une purification et une guérison.
Le
miracle que Jésus accomplit aujourd'hui pour la femme courbée, il
l'a accompli pour nous lors de note baptême. Il le fait aussi dans
le sacrement de la réconciliation, qui est comme un second baptême
pour tout qui a perdu la grâce du baptême et est retourné au péché
mortel. La femme courbée tenait ses yeux vers le sol. Cela nous
rappelle l'attitude d'Adam après le péché, qui se cachait de Dieu,
parce qu'il avait honte et avait peur. Au contraire la foi que met en
nous le baptême ne nous fait plus voir en Dieu un juge inexorable
mais un Père plein de bonté et de bienveillance, en qui nous
pouvons avoir une confiance totale. Nous pouvons nous tenir debout
devant lui et le regarder, voire le contempler, avec foi, confiance
et amour. Nous sommes nous aussi à partir de ce moment déliés et
libérés. Et comme la femme, nous pouvons louer Dieu. La prière de
louange est une dimension essentielle de notre vie dans le Christ, de
notre vie de baptisé et la liturgie à laquelle nous participons
maintenant est un sacrifice de louange.
C'est
un jour de sabbat que Jésus a opéré cette délivrance et cette
guérison. Jésus se montre ici à nouveau comme celui qui est le
maître du sabbat. Le sabbat a été fait pour l'homme. Jésus
rappelle ici, comme dans d'autres occasions, que les lois les plus
saintes n'ont qu'un but : la vie et le salut des hommes. Jésus
a vu la détresse d'une sœur souffrant depuis 18 ans. Et cela
contraste avec l'insensibilité du chef de la synagogue, qui ne voit
lui que la violation matérielle de la loi de Dieu.
Nous
devons voir dans une loi non pas sa lettre mais son esprit. Dans une
communauté monastique, la règle et les observances sont détournées
de leur but essentiel, si elles contrecarrent la vie d'union à Dieu
par la prière et la charité entre les frères.
Enfin
le sabbat commémore le repos de Dieu après la création et est une
préfiguration de l'éternité qui nous attend après les épreuves
de cette vie. Ainsi Jésus en ce jour de Dieu a opéré une
résurrection, qui annonce la transfiguration de toutes choses qui
aura lieu lors de son retour en gloire. C'est pourquoi, en ce temps
qui nous prépare à Noël mais aussi à la seconde venue du
Seigneur, que notre prière soit celle des premiers chrétiens :
Marana tha, oui, viens, Seigneur Jésus.
« … en ce temps qui nous prépare à Noël mais aussi à la seconde venue du Seigneur … ».
RépondreSupprimerQuelques mots qui changent le ton habituel d’un sermon du temps de l’Avent et qui lui confèrent une dimension tellement plus réaliste, concrète et utile, autre qu’abstraite, vague et indéfinie.
Les apparences d’églises plus fréquentées le 24 et le 25 décembre ont fini par susciter l’impression que le Seigneur vient plus réellement durant l’époque de Noël que pendant le reste de l’année. Car, dès le 26 décembre, les églises se vident à nouveau jusqu’à Pâques, puis de nouveau jusqu’à la Toussaint et puis au prochain Noël. Ainsi, le Seigneur semble venir sur terre à Noël et puis s’en retourner chez Lui, un peu comme le fait le Père Noël.
En réalité, Christ Jésus ne cesse jamais de venir et de rester au milieu de nous, avec nous, en particulier par sa « Présence réelle » en sa Sainte Eucharistie. Mais plus Il veut venir dans le monde, plus le monde Le rejette. Forcément, plus le monde Le rejette, plus sa seconde venue triomphale se fait proche et réelle.
Ainsi peut-on en nos temps associer concrètement la commémoration de sa première venue à l’annonce et à la certitude de sa proche seconde venue.