lundi 5 juin 2017

Satan, mythe ou réalité

Saint Michel archange
Dans le journal espagnol El Mundo, a paru il y a quelque temps une interview du nouveau général des jésuites. Le « pape noir », vers la fin, dit cette chose troublante : « Hemos hecho figuras simbólicas, como el diablo, para expresar el mal ». Si je comprends bien, le diable serait une invention humaine pour symboliser le mal. Peut-être s'est-il mal exprimé et des rectifications vont-elles être apportées dans les jours qui viennent. Peut-être au contraire n'y aura-t-il aucune réaction de ceux qui sont chargés de défendre le dépôt de la foi. Quoi qu'il en soit, de tels propos sont contraires à la Sainte Écriture et à la tradition de l’Église. Que signifient encore les exercices spirituels de saint Ignace, qui nous aident à discerner entre les pensées qui viennent du Saint-Esprit et celles qui viennent du démon ? Que signifient les homélies du pape François qui régulièrement nous parlent du diable et de ses ruses ?
Pour mieux comprendre les signes des temps et avoir une perception plus juste de l'histoire de l’Église à notre époque, dans sa dimension surnaturelle et invisible, je voudrais rappeler trois faits.

D'abord, les prophéties de la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich, cette mystique qui semble bien avoir entrevu la crise actuelle de l’Église. Elle a dans ses visions prophétiques annoncé pour l’Église catholique une période de véritable auto-démolition. L'atmosphère actuelle, surtout depuis les années Soixante du siècle dernier, est en effet saturée d'influence satanique. Le pape Paul VI, dans son homélie du 29 juin 1972, l'a dit très clairement : « Devant la situation de l'Église d'aujourd'hui, nous avons le sentiment que par quelque fissure la fumée de Satan est entrée dans le peuple de Dieu ».
Anne-Catherine Emmerich
La pape Léon XIII eut lui aussi la même vision sinistre et prémonitoire. Laissons la parole à l'un de ses secrétaires, le père Domenico Penchenino : « Le 13 octobre 1884 au matin, le Souverain Pontife avait fini de célébrer la messe et en suivait une autre, offerte en action de grâce, comme il faisait d’habitude. Tout à coup, on l’a vu dresser énergiquement la tête, puis fixer intensément quelque chose au-dessus du célébrant. Il avait le regard fixe, les paupières comme figées, l’air à la fois atterré et émerveillé. Son teint avait changé de couleur, et les traits de son visage n’étaient plus les mêmes. Quelque chose d’étrange, de grand, lui était arrivée. Finalement, comme retrouvant ses esprits, d’un petit coup de main, mais énergiquement, il s’est levé et on l’a vu se diriger vers son bureau. Ses proches s’empressèrent de le suivre. Ils lui murmurèrent : “Saint-Père, ça ne va pas ? Vous avez besoin de quelque chose ?”. Il répondit : “Rien, rien”. Une demi-heure plus tard, il a fait appelé le secrétaire de la congrégation chargée des rites et, lui tendant une feuille de papier, a demandé de le faire imprimer et de l’envoyer à tous les évêques du monde. Que contenait ce papier ? La prière que nous récitons après avoir invoqué le Prince de la Milice Céleste, implorant Dieu qu’Il repousse Satan en enfer ». Quelle fut cette vision ? Le pape aurait vu, dans un avenir proche ou lointain, un véritable déchaînement des forces sataniques contre l’Église et même au sein de celle ci. Le cardinal Nasalli Rocca, témoigne : « Léon XIII a écrit lui-même cette prière. La phrase : “Les autres esprits mauvais qui rôdent dans le monde pour la perte des âmes” a une explication historique, qui nous a été maintes fois reportée par son secrétaire particulier, Mgr Rinaldo Angeli. Le pape a vraiment eu cette vision. Il a vu des esprits mauvais se masser au-dessus de la Ville Éternelle. De cette expérience est née la prière qu’il a voulu que toute l’Église récite. Et ce n’est pas tout. Il a écrit de sa main un exorcisme spécial, inscrit dans le Rituel romain. Il recommandait aux évêques et aux prêtres de réciter cette prière d’exorcisme dans leurs diocèses et paroisses. Et lui-même la récitait très souvent dans la journée ». Cette prière à Saint Michel archange fut dite après les messes basses dans toute l’Église jusqu'au 26 septembre 1964, date à laquelle l'instruction Inter oecumenici ordonna la suppression des prières de Léon XIII. Cette décision ne fut absolument pas partagée par saint Pio de Pietralcina qui ne cessera de la réciter jusqu’à sa mort en 1968. Heureusement, en 1994, le Pape saint Jean-Paul II affronta la question de la fameuse prière en ces termes : « Même si aujourd’hui cette prière n’est plus récitée à la fin de la célébration eucharistique, j’invite tout un chacun à ne pas l’oublier, mais à la réciter pour obtenir de l’aide dans son combat contre les forces des ténèbres et contre l’esprit de ce monde ».
Voici le texte de cette prière d'exorcisme. Nous sommes invités à la dire souvent. Elle est très puissante, y compris pour nos propres problèmes personnels, quand il s'agit d'affronter les forces du mal dans notre propre existence : Saint Michel Archange, défends-nous dans le combat, sois notre secours contre la Malice et les embûches du démon. Nous le demandons en suppliant : que Dieu lui impose son pouvoir ; et toi, Prince de la milice céleste, par la Puissance divine, repousse en enfer Satan et les autres esprits mauvais qui rôdent dans le monde pour la perte des âmes.
Le Père Cestac
Un dernier fait, tiré de la vie du Père Cestac, béatifié récemment, et qui fut un apôtre parmi les prostituées à Bayonne. Il eut une vision de la Sainte Vierge qui lui révéla à lui aussi ce déchaînement à venir de Satan dans le monde et dans l’Église. Notre-Dame lui révéla qu'elle avait un rôle capital à jouer pour contrecarrer l'activité de Satan, mais qu'elle ne pourrait jouer ce rôle que si on la priait. Elle enseigna au Père Cestac la prière qu'il faudrait dire dans ce but : Auguste Reine des Cieux, Souveraine Maîtresse des Anges, Vous qui, dès le commencement, avez reçu de Dieu le pouvoir et la mission d'écraser la tête de Satan, nous Vous le demandons humblement : envoyez vos légions célestes pour que, sous vos ordres et par votre puissance, elles poursuivent les démons, les combattent partout, répriment leur audace et les refoulent dans l'abîme.
Certains livres donnent une formule plus longue de cette prière, d'une puissance redoutable elle aussi. Mais c'est parce qu'on y ajouté dans la suite un complément. Mais le texte original que je vous donne est la formule originale, donnée par Marie au Père Cestac. On peut aussi faire de cette prière, un véritable auto-exorcisme personnel, lorsqu'on se sent submergé par le mal dans notre propre existence, par exemple en répétant cette prière neuf fois de suite.
Conclusion : les propos ambigus du général des jésuites affadissent la foi. Mettons-nous plutôt à l'école des saints. Redisons avec foi et confiance les prières à Saint Michel et à la Reine des Anges. Nous participerons ainsi par la prière au combat invisible entre la vraie Église, celle de Jésus et de ses saints, et la Contre-Église de Satan et de ses suppôts.



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