samedi 14 janvier 2017

Sacrement des malades et pastorale de l'Eglise envers les malades, article à paraître dans Radouga

Le Christ face à nos souffrances

Notre-Seigneur Jésus-Christ est venu en ce monde pour nous apporter la divine miséricorde du Père éternel sur toute la misère humaine : le mal, le péché, la souffrance, la maladie et enfin la mort. Nous le voyons à l’œuvre dès le commencement de son ministère en Galilée. Nous le voyons pardonner et remettre les péchés, nous le voyons expulser le démon, nous le voyons aussi imposer les mains aux malades pour qu'ils se sentent mieux. Le péché est une maladie de l'âme, mais la maladie du corps n'est pas elle non plus oubliée par Jésus. Il donne toute son importance à la guérison des maladies corporelles. Jésus a associé les deux facettes de son ministère, lors d'une controverse avec les pharisiens, au moment de la vocation de saint Matthieu : Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs (Mc 2, 17).

Le sacrement de l'onction des malades

Jésus-Christ a institué un sacrement spécial pour les malades. Cela prouve toute l'importance qu'il accordait à la souffrance humaine et montre sa compassion infinie pour les malades et son désir de leur venir en aide et de les soulager. Citons ici ce que dit le concile Vatican II sur ce sacrement spécial : Par la sainte onction des malades et la prière des prêtres, c’est l’Église tout entière qui recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour qu’il les soulage et les sauve; bien mieux, elle les exhorte à s’associer librement à la passion et à la mort du Christ afin d’apporter leur part pour le bien du Peuple de Dieu (Lumen Gentium 11).
La sainte onction des malades est donc un sacrement institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il est suggéré dans l’Évangile de Marc. Nous voyons en effet que les apôtres, envoyés en mission par Jésus, faisaient de nombreuses onctions d'huile à des malades et les guérissaient (Mc 6, 13). Mais c'est l’apôtre saint Jacques qui a promulgué l'institution de ce sacrement lorsqu'il a écrit dans son épître : Si l’un de vous est malade, qu’il fasse appeler les anciens de la communauté qui prieront pour lui en pratiquant une onction d’huile au nom du Seigneur. Leurs prières, inspirées par la foi, sauveront le malade, le Seigneur le relèvera, et s’il a commis des péchés, ils lui seront pardonnés (Jc5, 14-15).
Avec l’imposition des mains, l’onction rappelle l’attention et la tendresse de Jésus Christ envers les personnes malades. Comme tout sacrement véritable et authentique de la Nouvelle Loi, l'onction des malades en premier lieu offre à tout fidèle chrétien la grâce sanctifiante. Dans le récit de la guérison du paralytique de Capharnaüm (Mc 2, 1-12), Jésus dit d'abord au malade : Mon enfant, tes péchés te sont remis. Et ensuite seulement il le guérit de son infirmité corporelle : Je te le dis, lève-toi, prends ton grabat et retourne chez toi. Ce qui compte avant tout pour Jésus-Christ, c'est donc de donner la vie à l'âme, de communiquer la grâce sanctifiante, qui s’épanouira ensuite dans la vie éternelle. Tel est donc le premier et principal effet du sacrement des malades.

Grâces sacramentelles particulières du sacrement des malades

Mais par rapport aux autres sacrements, l'onction des malades a des effets spécifiques, que nous pouvons énumérer comme suit :
1. l'union plus intime avec le Christ dans sa Passion rédemptrice, pour le bien du malade et celui de toute l’Église ;
2. la consolation, la paix et la force pour vaincre les difficultés et les souffrances propres à l’état de maladie grave ou à la fragilité de la vieillesse ;
3. la guérison des séquelles du péché, c'est-à-dire les faiblesses de l'âme et les mauvaises habitudes qui dérivent du péché ; le pardon des péchés véniels, et également des péchés mortels dont le malade s’est repenti mais sans avoir pu recevoir le sacrement de la Pénitence ;
4. le rétablissement de la santé corporelle, si telle est la volonté de Dieu, quand cela est utile au salut de l'âme ;
5. la préparation au passage vers la vie éternelle. Dans ce sens le Catéchisme de l'Église Catholique affirme : Cette grâce spécifique de l’Onction des malades est un don du Saint-Esprit qui renouvelle la confiance et la foi en Dieu et fortifie contre les tentations du malin, tentation de découragement et d’angoisse de la mort (cf. He 2, 15) (Catéchisme, 1520). Ainsi allégé, le malade supporte plus facilement les peines et les fatigues de la maladie et résiste mieux aux tentations du démon.
L'onction des malades est donc le sacrement de la présence du Seigneur à nos côtés dans les moments d´épreuve que sont la maladie ou la vieillesse. La célébration de ce sacrement consiste en l’onction d’huile bénite sur le front et en l’imposition des mains. Consacrée par l’évêque lors de la messe chrismale annuelle, l’huile dite des malades apporte force et douceur. Elle pénètre la peau, répand sa bonne odeur, fortifie le corps. Voici les mots qui accompagnent l’onction avec l’huile sainte sur le front et dans les mains des malades : Par cette onction sainte, que le Seigneur en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève.

Autres aspects de la pastorale de l’Église pour les malades

Outre le sacrement des malades, il existe aussi de manière plus générale dans la pratique de l’Église d'autres moyens pour venir en aide et soulager les personnes souffrantes : la prière pour les malades, la bénédiction des malades et les sacramentaux. C'est donc tout un ensemble, très riche, qui entoure ou prolonge le sacrement des malades. Voici par exemple la bénédiction des malades que nous donne le rituel romain de 1614, publié par le pape Paul V, à la suite du concile de Trente. Il nous dit comment un prêtre peut prier et bénir un malade, lorsqu'il lui rend visite. Il comprend trois prières pour commencer. Voici le texte de la troisième : Seigneur miséricordieux, consolateur de tous ceux qui croient en toi, nous faisons appel à ta compassion sans limite afin que, avec mon humble visite, tu puisses également visiter ce serviteur (cette servante) qui est à toi, couché sur son lit de douleur, comme tu as visité la belle-mère de Simon Pierre. Sois-lui propice, Seigneur, pour qu'il (elle) puisse récupérer la santé perdue, et se joindre à ton Église en te rendant grâce, toi qui vis et règnes, Dieu pour les siècles des siècles. Ensuite le prêtre étend la main droite vers le malade et le bénit ainsi : Que notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous pour vous protéger, en vous pour vous préserver, devant vous pour vous conduire, derrière vous pour vous protéger, au-dessus de vous pour vous bénir. Lui qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Amen. Que la bénédiction de Dieu tout-puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, vienne sur vous et demeure avec vous pour toujours. Amen. Il asperge enfin la personne malade avec de l'eau bénite.
Les sacramentaux ont été institués par l’Église, à l’imitation des sacrements, pour obtenir des effets avant tout spirituels mais aussi corporels. A la différence des sacrements institués par Jésus-Christ, qui produisent leur effet par eux-mêmes (ex opere operato), les sacramentaux ont un effet qui dépend de l’esprit de foi et de la ferveur de ceux qui les font et les reçoivent. Cet effet consiste en une protection et une aide particulière du ciel pour chaque circonstance particulière de la vie. Parmi eux une place existe pour la bénédiction des personnes, en particulier des malades.
Il faut aussi évoquer la journée annuelle des malades, instituée par l’Église, et placée à la date du 11 février, anniversaire des apparitions de Lourdes. On sait qu'en effet à Lourdes, la prière pour les malades a pris toute son importance, avec la procession du Saint-Sacrement et la bénédiction des malades. Comme il le faisait en Palestine, Notre-Seigneur Jésus-Christ, réellement présent dans le Saint-Sacrement, passe au milieu des malades pour les bénir et les réconforter. Et parfois des guérisons spectaculaires se produisent.

Prière de louange et de guérison dans le renouveau charismatique

A la paroisse de saint Nicolas-des-champs à Paris, se tient chaque semaine une soirée de prière pour les malades, organisée par la Communauté de l'Emmanuel. Elle a lieu le jeudi sauf en été. J'ai eu moi-même l'occasion d'y participer une fois. Lors de cette prière, des guérisons ont lieu et des témoignages sont lus, provenant des personnes guéries. La réunion se fait en présence du Saint-Sacrement exposé sur l'autel. Il y a un temps d'adoration silencieuse, poursuivi par la prière du rosaire. Il y a ensuite des chants de louange et un enseignement donné par un prêtre. C'est alors le moment de lire les témoignages écrits des personnes qui entendent rendre grâce pour les guérisons reçues lors des réunions précédentes. Puis c'est le moment du passage du Saint-Sacrement au milieu de l'assemblée. Un prêtre porte l'ostensoir et s'arrête de nombreuses fois au milieu de la foule pour bénir lentement et solennellement les personnes présentes. Pendant ce temps, un prêtre, qui jouit du charisme de connaissance, depuis le sanctuaire, annonce les grâces que le Seigneur est en train d'accorder : grâces de guérison corporelle ou spirituelle. C'est vraiment impressionnant. La réunion se conclut par l'action de grâce. De telles réunions, fruit du renouveau charismatique contemporain, nous font revivre vraiment le ministère de Jésus-Christ lorsqu'il était parmi nous et qu'il accueillait les malades pour les réconforter et les guérir.

Conclusion

L’Église, par sa pastorale envers les malades, entend prolonger à travers l'histoire le ministère particulier et fécond de Notre-Seigneur Jésus-Christ. L’Église nous donne non seulement un enseignement sur l'origine et le sens de la souffrance, mais aussi elle combat et lutte contre le mal sous toutes ses formes, principalement le péché et la maladie. C'est la rédemption de la totalité de l'être humain qui est ici en jeu, l'âme et le corps, et cela sera de façon plénière accompli dans le Royaume, comme nous le disons dans la troisième prière eucharistique dans la prière spéciale pour les défunts : le jour où le Christ, ressuscitant les morts, rendra nos pauvres corps pareils à son corps glorieux... dans ton Royaume où nous espérons être comblés de ta gloire, tous ensemble et pour toujours, quand tu essuieras toute larme de nos yeux; en te voyant, toi notre Dieu, tel que tu es, nous te serons semblables éternellement, et sans fin, nous chanterons ta louange.



1 commentaire:

  1. Pierre René Mélon20 janvier 2017 à 10:38

    Que ton règne vienne, implorons-nous dans le Notre Père. En quoi consiste donc ce règne de Dieu, ici et maintenant ? Il suffit de lire ce que Jésus en a dit (Luc 7, 20-21) :

    Etant donc venus à Jésus : "Jean-Baptiste, lui dirent-ils, nous a envoyés vers toi pour te demander: Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre?
    A ce moment même, Jésus guérit un grand nombre de personnes affligées par la maladie, les infirmités, ou les esprits malins, et accorda la vue à plusieurs aveugles.
    Puis il répondit aux envoyés: "Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés."

    Voici 7 signes de la présence du Royaume de Dieu : 6 d'entre eux sont des guérisons physiques concrètes et des guérisons spirituelles (expulsion des démons). Un seul signe concerne la prédication verbale.
    Pourquoi avoir laissé tomber les 6 signes donnés par le Messie (et le pouvoir de les réaliser qu'il nous a transmis) et n'en montrer qu'un seul : prêcher ?
    Dans les Actes des Apôtres, la Parole est TOUJOURS accompagnée des "signes et prodiges" qui attestent de sa vérité.
    On n'évangélisera pas sans revenir à l'imitation du Christ et des des disciples des premiers temps. Pas besoin d'être membre d'une association charismatique pour cela. Tous les baptisés confirmés sont remplis de l'Esprit Saint et envoyés en mission... S'ils osent se lancer et si on les laisse faire...

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