Un
homme s'approcha de Jésus. La suite du récit nous apprend qu'il
s'agissait d'un jeune homme riche. Il lui fit une demande
fondamentale : Quelle bonne œuvre dois-je spécialement
accomplir pour obtenir le salut éternel ? Jésus,
dans un premier temps, lui fait savoir que sa demande est superflue.
Et la raison de son inutilité est ainsi indiquée : Dieu seul
est bon. De même une seule chose est bonne entre toutes :
accomplir sa volonté. Si tu veux entrer dans la vie, garde
les commandements. Jésus
désignait ainsi le décalogue, les
dix commandements, comme il
va le dire explicitement. Mais le jeune homme, ayant sans doute à la
pensée les 613 préceptes particuliers que les scribes et les
rabbins avaient supputés dans la loi mosaïque, ne sut pas découvrir
desquels il s'agissait. D'où sa nouvelle question : Lesquels ?
Alors le divin maître cite,
par manière d'exemple, cinq préceptes de la deuxième table (Tu
ne tueras pas, tu ne seras pas adultère, tu ne déroberas pas, tu ne
diras pas de faux témoignage, honore ton père et ta mère), et
il ajoute, d'après le lévitique, le commandement général de
l'amour du prochain.
Pour notre salut éternel,
mais aussi pour notre véritable bonheur sur terre, Dieu nous a donné
les dix commandements. Le psaume 118 est un éloge de la Loi de Dieu:
Toi, tu promulgues tes préceptes à observer entièrement.
Puissent mes voies s'affermir à observer tes commandements! (Ps
118, 4-5)
Mais
l'homme ne cesse de désobéir à la Loi de Dieu. Le pape François
aime faire là-dessus une distinction entre ceux qui sont pécheurs
et ceux qui sont corrompus. Nous sommes tous pécheurs, mais si nous
le reconnaissons, le confessons, si nous demandons pardon et essayons
de nous amender, Dieu nous ouvre les bras de sa miséricorde. Le
corrompu lui par contre ne veut pas reconnaître sa faute et durcit
son cœur. Il s'enferme dans sa suffisance et sa conscience finit par
devenir tout à fait déformée. Cette corruption est caractéristique
de notre époque. Elle est très inquiétante, car elle conduit à un
terme redoutable: l'enfer.
Faisons un rêve. Imaginons
que, par je ne sais quel miracle, un seul commandement de Dieu soit
parfaitement observé par tous les hommes, par exemple le huitième
commandement. Imaginons que l'homme soit devenu un être absolument
incapable de mentir. Le monde deviendrait beaucoup plus beau. Les
enquêtes de police seraient rondement menées. Il n'y aurait jamais
d'erreur judiciaire. Les relations humaines seraient toutes
empreintes d'une parfaite confiance. Il y aurait beaucoup plus de
propreté dans le monde de la politique et des affaires. Oui, non
seulement le salut éternel, mais aussi la beauté et la dignité de
notre vie sur terre dépendent de l'obéissance aux commandements de
Dieu.
Mais revenons à l'évangile
de ce jour. L'interlocuteur de Jésus était un jeune homme à l'âme
noble et pure et qui avait toujours mené une vie exemplaire.
Néanmoins il sent qu'il lui manque encore quelque chose pour mener
une vie parfaite. Et il demande : Que me manque-t-il encore ?
Jésus le satisfait
immédiatement : Si tu veux être parfait, va, vends tout ce
que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le
ciel ; puis viens et suis-moi. Pour ce jeune homme, qui
tenait trop à ses richesses, comme la suite du récit va le prouver,
la perfection consistait dans le parfait renoncement, pratiqué
auprès du Sauveur. Jésus l'invite à le suivre, à titre d'intime
et de compagnon habituel. Mais ce jeune homme s'en alla tout triste,
en entendant la réponse du maître.
Jésus profita de la
circonstance pour mettre en garde les disciples contre le péril
moral que créent les richesses. Non pas les richesses directement
prises en elles-mêmes, mais parce que ceux qui les possèdent
courent le péril d'y adhérer trop et de se laisser entraîner par
elles aux vices qu'elles favorisent. Jésus le dit avec énergie par
une hyperbole : Il est plus facile à un chameau d'entrer par
le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume des
cieux. Notre Seigneur voulait parler d'une impossibilité réelle
du salut, au cas où un riche tiendrait démesurément à ses biens.
Les disciples en furent stupéfaits : Mais alors qui peut
être sauvé ? Ils savaient en effet par l'expérience
qu'ils avaient du cœur humain, que celui-ci était fatalement
entraîné vers les richesses.
Jésus eut alors pour eux un
regard profond et plein de sympathie, pour calmer leur effroi. Jésus
établit une distinction qui met parfaitement en lumière ce qu'il
venait de dire. Cela est impossible aux hommes :
c'est-à-dire aux hommes en tant qu'hommes, et livrés à leurs
propres forces. Mais à Dieu tout est possible : le salut
est possible avec le secours divin, que chacun peut obtenir par la
prière.
Le padre Pio résumait bien la
doctrine évangélique sur l'absolue nécessité de la prière,
lorsqu'il disait : En priant beaucoup on se
sauve, en priant peu on est
en danger, en ne priant pas on se
damne. Concluons donc : face aux dangers pour notre âme de
la civilisation moderne, avec toute la richesse matérielle qu'elle
nous offre, écoutons les sévères mises en garde du Sauveur et
réfugions-nous dans la prière pour ne pas nous laisser corrompre et
faire ce que la divine volonté nous demande.
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