Trois
semaines avant Noël, la liturgie byzantine offre à notre méditation
la parabole des invités au festin, dans la version que donne saint
Luc. Dans l’Évangile, en effet, le Royaume de Dieu est souvent
symbolisé par un grand banquet festif. Parfois, par exemple dans le
texte parallèle de saint Matthieu, il nous est précisé que ce
banquet est celui des noces du Fils du roi. A Noël, en effet, nous
célébrerons les noces de Dieu et de l'humanité. Dans le mystère
de l'incarnation, le Fils de Dieu épouse toute l'humanité. Il unit
la nature divine et la nature humaine en une seule personne, celle du
Fils unique de Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Gloire à Dieu au
plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté,
chanteront les anges la nuit de Noël. L'enfant Jésus, Fils de Dieu
et fils de Marie, prince de la paix et sauveur unique du genre
humain, en naissant parmi nous, vient inaugurer le Royaume de Dieu,
un Royaume qui s'accomplira dans la vie éternelle. Pour les
rachetés, ce sera alors pour toute l'éternité le banquet céleste :
une fête perpétuelle, un bonheur éternel, en lesquels l'homme
jouira éternellement de Dieu.
Ce
banquet du ciel a son germe, son avant-goût dans le banquet
eucharistique. C'est pourquoi l'eucharistie est si importante pour
celui qui prend l’Évangile au sérieux et sa divine invitation au
banquet. Le concile de Trente nous l'a rappelé lorsqu'il a dit :
Le très saint Concile souhaiterait qu'à chaque messe les fidèles
qui y assistent ne se contentent pas de communier spirituellement,
mais reçoivent encore réellement le sacrement eucharistique
(session XXII, chap. VI). Ces paroles, ajoutait saint Pie X dans le
décret qui rétablissait la pratique de la communion fréquente,
montrent assez clairement combien l’Église désire que tous les
fidèles s'approchent chaque jour de ce banquet céleste et en
retirent des effets plus abondants de sanctification. La seule chose
qui soit exigée pour participer à l'eucharistie est d'être en état
de grâce (souvenons-nous de celui qui était entré au banquet sans
avoir revêtu la tenue de noce et qui fut expulsé du banquet par le
roi, comme le rapporte saint Matthieu dans le récit parallèle à
celui de saint Luc que nous avons entendu ce matin). Il faut en outre
bien sûr communier avec une intention surnaturelle et non pas pour
un motif purement humain.
Pendant
longtemps en effet, sous l'influence néfaste du jansénisme, la
plupart des gens ne communiaient qu'une ou deux fois par an. Dans
beaucoup de communautés religieuses, il fallait demander
l'autorisation au supérieur pour pouvoir communier plus souvent que
les jours où la règle le prescrivait. Cette disposition limitative
fut abrogée par le pape Léon XIII. On pensait alors qu'il fallait
être un grand saint pour pouvoir communier et on oubliait que la
communion est un remède pour les faibles afin que petit à petit ils
puissent devenir saints.
Ce
temps-là est heureusement révolu. Mais nous sommes passés à un
autre extrême, celui de la banalisation de l'eucharistie. Ne parlons
pas seulement de tant de messes de mariage et d'enterrement où l'on
voit des gens communier pour faire comme tout le monde, sans même
savoir ce qu'ils font. Une enquête récente a révélé qu'un
certain nombre de catholiques pratiquants ne croient pas aux dogmes
centraux de la foi, comme la Trinité ou la résurrection de
Jésus-Christ.
Or
le sens de la parabole de ce matin est le suivant : les invités
qui refusent l'invitation désignent ceux qui ont refusé de croire
en Jésus et en son message. Croire que Jésus est le Fils de Dieu,
qu'il est notre seul sauveur, qu'il est mort pour nous et ressuscité,
tout cela est la première condition pour répondre vraiment à
l'invitation divine et participer vraiment à la fête des noces de
Dieu avec l'humanité.
Finalement
ceux qui vont entrer au banquet ce sont les pauvres, les estropiés,
les aveugles et les boiteux. Ils représentent les petits et les
humbles, qui ont reçu eux le message de Jésus. Puis ce seront ceux
qui vivent en-dehors de la ville ; cette autre classe d'invités
représente les païens, qui entreront dans le royaume messianique.
Le maître dit à son serviteur : contrains-les d'entrer. Non
pas en employant la force extérieure mais par les moyens les plus
persuasifs. Ce trait a pour but de manifester le vif désir qu'avait
le père de famille de remplir sa table. Il nous révèle la
profondeur du cœur du Père, un Dieu plein de tendresse et de
miséricorde envers tous les hommes mais qui est irrité par nos
refus de sa magnifique invitation.
En
cette nouvelle année liturgique, le Seigneur nous invite à un grand
banquet, le banquet de sa miséricorde. Le pape François, a voulu
qu'à l'occasion du 50e anniversaire du concile Vatican
II, on célèbre une année sainte de la miséricorde. Elle va
commencer ce mardi, fête de l'Immaculée, par l'ouverture de la
porte sainte, à Saint-Pierre de Rome. Acceptons généreusement
l'invitation qui nous est faite et entrons dans la démarche de
l’Église, en accueillant la grâce qui passera avec surabondance.
Cette
parabole qui nous est relue peu de temps avant Noël doit remplir
notre cœur de joie et d'action de grâce. Nous sommes parmi les
invités au banquet du Royaume. Rendons grâce au Père qui nous
invite, au Fils qui nous fait enter et au Saint-Esprit qui nous donne
de communier à la joie-même de Dieu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire