Sommet
et source
Dans
l’abrégé du Catéchisme
de l’Eglise catholique,
publié par le pape Benoît XVI, on peut lire au n° 219 : Quelle
est la place de la liturgie dans la vie de l’Eglise ? Action
sacrée par excellence, la liturgie constitue le sommet vers lequel
tend l’action de l’Eglise et en même temps la source d’où
provient sa force de vie. Par la liturgie, le Christ continue dans
son Eglise, avec elle et par elle l’œuvre de notre rédemption.
Comme
toujours, le catéchisme reprend en substance l’enseignement du
concile Vatican II, qui de son côté reprend l’enseignement de la
Tradition de l’Eglise. Source et sommet de la vie chrétienne,
telle est l’eucharistie. Avant de développer ce thème de la
source, disons un mot sur ce qu’il faut entendre par sommet. Toute
la vie chrétienne est une eucharistie, un culte que nous rendons à
Dieu, par la médiation de notre grand-prêtre, Notre-Seigneur
Jésus-Christ. Tout baptisé est en ce sens un prêtre. Tout ce qu’il
fait, tout ce qu’il vit, est un sacrifice offert à la Sainte
Trinité. Voici les paroles de saint Paul sur ce sujet : Je
vous en prie, frères, au nom de Dieu et de sa grande tendresse,
offrez à Dieu votre propre personne comme une victime vivante et
sainte, capable de lui plaire : c’est là l’hommage d’une
créature raisonnable (Rom.
1, 12). Dans la saint sacrifice de la messe, nous apportons
l’offrande de notre vie et nous l’unissons à l’offrande du
Christ au Père. Un symbole de cette offrande est représenté par
l’eau que l’on verse dans le vin au moment de l’offertoire.
Cette eau nous représente et elle se mêle au vin pour constituer
une seule offrande à Dieu. L’eucharistie est ainsi l’offrande et
le sacrifice du Christ total. La tête est la personne même de
Notre-Seigneur Jésus-Christ, le reste du corps c’est toute
l’Eglise, qui s’offre avec la tête.
L’eucharistie,
initiation à la vie chrétienne
L’eucharistie
est un des trois sacrements de l’initiation chrétienne avec le
baptême et la confirmation. Chaque fois que nous participons à
l’eucharistie, nous entrons donc dans la vie chrétienne, comme si
c’était la première fois. En tant que source, l’eucharistie
répand en nous la vie de l’Esprit. Notre vie de quotidienne
devient ainsi le déploiement de ce que nous avons reçu dans
l’eucharistie. L’eucharistie nous initie en ses différentes
composantes. Comme elle, la vie chrétienne est donc accueil de la
parole, offrande, transformation et communion. Dans l’eucharistie
en effet, nous commençons par nous mettre à l’écoute de ce que
le Seigneur a à nous dire. Ensuite, nous offrons le pain et le vin
et toute l’œuvre de l’homme. Ces dons sont transformés en Corps
et sang du Christ, livré pour nous. Enfin par notre communion à ces
dons consacrés, nous sommes incorporés au Christ.
Accueil
de la Parole
La
vie eucharistique se définit donc en premier lieu comme un accueil
de la Parole de Dieu. Dans le Deutéronome, nous lisons : Ecoute,
Israël: Yahvé notre Dieu est le seul Yahvé. Tu aimeras
Yahvé ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton
pouvoir (Deut.
6, 4-5). Le premier mot de ce précepte fondamental qu’est le
premier commandement est clair. Notre amour de Dieu commence par
l’écoute. Dans la vie chrétienne, Dieu a donc l’initiative.
Il nous a parlé, révélé quelque chose. Il nous a dit qui il était
et quelle était son dessein d’amour sur nous. Voici encore une
parole de saint Paul : Vous
le voyez, je n’ai pas honte de l’Evangile. C’est une force de
Dieu, et c’est le salut pour tous ceux qui croient (Rom.
1, 16). La vie chrétienne consiste donc dans un premier temps à
accueillir cette Bonne nouvelle et à y adhérer. Croire en
l’Evangile opère une transformation de notre vie, qui est ainsi
illuminée par la lumière du Christ. L’Evangile a cette force
d’instaurer en nous la joie et la confiance. Joie et confiance
trouvent leur source dans l’eucharistie et caractérisent ainsi
toute notre vie quotidienne.
Une
vie offerte à Dieu
Dans
le rite byzantin, la plupart des litanies se concluent
ainsi : Faisant
mémoire de la toute sainte, toute pure, toute bénie et glorieuse
Dame, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, et de tous les
saints, offrons-nous nous-mêmes, les uns les autres, et toute notre
vie au Christ notre Dieu.
Cette dimension de notre vie chrétienne est capitale et trouve sa
source dans l’eucharistie. Nous nous offrons au Christ, par les
mains de Marie, l’immaculée. Nous nous offrons au Christ, et avec
lui au Père, pour la gloire de Dieu et le salut du monde. La vie
chrétienne authentique et dynamique est par conséquent une vie de
consacré. La fête de la présentation de Jésus au Temple (2
février) et celle de la présentation de Marie au Temple (21
novembre) sont deux solennités au cours desquelles ce mystère
fondamental est célébré. De même que Jésus et Marie ont été
entièrement à Dieu, notre vie chrétienne est un don total
Consécration
Cette
offrande, en tant qu’elle est une œuvre humaine, sera toujours
loin de la perfection. Il faudra que le Saint-Esprit descende sur
nous et nous transforme en offrande agréable à Dieu. Comme l’a si
bien compris Thérèse de Lisieux, il nous revient d’offrir
beaucoup de petits sacrifices, comme des roses qui expriment notre
amour pour Dieu. Mais seul Dieu, dans son amour miséricordieux, peut
nous prendre dans ses bras et nous soulever jusqu’à lui. C’est
pourquoi à l’œuvre humaine doit s’ajouter l’œuvre de la
grâce. L’Esprit Saint nous consacre parfaitement au Père, en
union avec Jésus-Christ. Nous devenons ainsi le Corps du Christ, le
Sang du Christ.
Incorporés
au Christ
Par
la communion eucharistique, notre personne et notre vie sont
incorporés au Christ. Nous ne faisons plus qu’un avec lui. La vie
chrétienne devient une vie d’union au Christ. Nos pensées, nos
sentiments, nos désirs, nos joies et nos peines deviennent celles du
Christ. Nous vivons tout en relation avec le Christ. Nous sommes
centrés sur lui. Venez
à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je
vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon
école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez
soulagement pour vos âmes. Oui, mon joug est aisé et mon fardeau
léger.(Matth.11,
28-30). Par ces paroles, Jésus nous enseigne qu’il veut lui-même
nous porter. La vie chrétienne est parfois difficile. Nous passons
par des périodes de désolation, à certains moments. Nous devons
alors trouver refuge auprès de lui. Hors
de moi, vous ne pouvez rien faire (Jean,
15-5). La vie chrétienne est donc une vie où nous recevons tout du
Christ. Dans l’eucharistie il vient à nous et nous charge sur ses
épaules. Cette belle histoire illustre bien la conduite du Seigneur
à notre égard : Un homme, au soir de sa vie, revoit celle-ci
comme une longue traversée du désert. Il voit sur le sable les
traces de ses pas et celles du Christ qui marchait à ses côtés.
Mais pour les moments de sa vie les plus difficiles, il ne voit plus
que les traces d’un seul marcheur. Alors il demande au Seigneur :
où étais-tu alors ? Et Jésus lui répond : ces pas que
tu vois ne sont pas les tiens, mais les miens, car en ces moments
difficiles, c’est moi qui te portais sur mes épaules.
Mort
et vivant avec le Christ
La
vie du baptisé est une participation à la mort et à la
résurrection du Seigneur. Voici comment saint Paul exprime ce
mystère : Que
dire alors? Qu'il nous faut rester dans le péché, pour que la grâce
se multiplie? Certes non! Si nous sommes morts au péché,
comment continuer de vivre en lui? Ou bien ignorez-vous
que, baptisés dans le Christ Jésus, c'est dans sa mort que tous
nous avons été baptisés? Nous avons donc été
ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le
Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions
nous aussi dans une vie nouvelle. Car si c'est un même
être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à
la sienne, nous le serons aussi par une résurrection
semblable; comprenons-le, notre vieil homme a été
crucifié avec lui, pour que fût réduit à l'impuissance ce corps
de péché, afin que nous cessions d'être asservis au péché. Car
celui qui est mort est affranchi du péché. Mais si nous
sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivons aussi avec
lui, sachant que le Christ une fois ressuscité des morts
ne meurt plus, que la mort n'exerce plus de pouvoir sur lui. Sa
mort fut une mort au péché, une fois pour toutes; mais sa vie est
une vie à Dieu. Et vous de même, considérez que vous
êtes morts au péché et vivants à Dieu dans le Christ Jésus. Que
le péché ne règne donc plus dans votre corps mortel de manière à
vous plier à ses convoitises. Ne faites plus de vos
membres des armes d'injustice au service du péché; mais offrez-vous
à Dieu comme des vivants revenus de la mort et faites de vos membres
des armes de justice au service de Dieu (Rom.
6, 1-13).
Dans
l’eucharistie, nous recevons le Christ, mort et ressuscité.
L’eucharistie renouvelle et actualise la grâce du baptême. La vie
chrétienne est un combat contre toutes nos tendances mauvaises, une
mort au péché. Elle est plus encore une communion à la vie du
Ressuscité. Tout ce que nous faisons de bien, même le plus petit
geste d’amitié, acquiert une valeur d’éternité. Notre vie de
tous les jours est surnaturalisée, divinisée.
Conclusion
Le
Christ vivant est la source de la vie de notre âme. Chaque fois que
nous nous unissons à lui dans la communion eucharistique, la vie
divine s’accroît en nous. La gloire qui sera la nôtre dans le
ciel augmente elle aussi par chacune de nos communions. C’est
pourquoi, nous pouvons dire avec saint Paul : Ce
n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi (Gal.
2, 20).
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