samedi 12 mars 2022

Homélie 2ème dimanche du carême année C

 


Jésus emmène trois de ses apôtres sur une montagne pour prier. Cette montagne fut le Thabor ou l'Hermon. Jésus aimait passer de longs moments dans la prière, et en particulier il aimait prier durant la nuit. La prière durant la nuit permet en effet plus de silence, de calme et de recueillement. Dom Helder Camara se levait chaque nuit à deux heures et passait le reste de la nuit dans la prière et la méditation. Il se reposait ensuite un petit peu avant de célébrer la messe. La transfiguration eut lieu sans doute pendant la prière nocturne du Christ, puisque, nous dit saint Luc, les trois disciples dormaient, comme ils dormiront durant l'agonie de Jésus au jardin des oliviers. Les trois sans doute s'éveillèrent à cause d'une lumière surnaturelle qui les entourait.

Pendant qu'il priait : répétition pleine d'emphase pour relever le rapport qui exista entre le prodige et la prière de Jésus. Pendant que le Sauveur était plongé dans sa profonde et mystérieuse oraison, sa personne devint tout à coup l'objet d'un merveilleux phénomène. La lumière qui émanait du Christ, de son visage et de ses vêtements était la lumière même de la divinité. Jésus est vraiment Dieu, il est par nature le Fils du Père éternel, il est la seconde personne de la Trinité.

Dans sa prière toute divine, Jésus s'entretenait avec Moïse et Élie, le premier représentait la Loi et le second les prophètes. Quant à Jésus, il était l’Évangile. Ce fait nous rappelle deux choses. D'abord dans la prière, nous conversons avec le Bon Dieu, mais nous pouvons aussi nous entretenir avec des saints, la Sainte Vierge, saint Joseph, notre ange gardien, par exemple. Dom Helder Camara avait une grande dévotion à son bon ange, que curieusement il appelait José. Ensuite, la présence des deux personnages de l'Ancien Testament nous rappelle aussi la nécessité de lire aussi la première partie de la Bible, qui nous parle du Christ d'une manière prophétique et allégorique. Car Le Christ, la Parole de Dieu, qui nous a parlé clairement dans l’Évangile, nous parle aussi mystérieusement dans le Premier Testament.

Jésus, Moïse et Élie parlaient de toutes les scènes du grand drame par lequel Jésus devait sortir de ce monde et remonter au ciel : la Passion, la croix, la mort, la Résurrection, l'Ascension. C'est là vraiment le centre de toute la Bible, tant de l'Ancien que du Nouveau Testament. La conversation cependant prend fin, et voici que les représentants de la Loi et des Prophètes commencent à s'éloigner. Saint Pierre s'en aperçoit et, désireux de prolonger le plus possible ces moments fortunés, il propose à son Maître de se mettre immédiatement à l’œuvre avec Jacques et Jean, pour construire trois abris qui permettront aux trois augustes interlocuteurs de rester longtemps sur la montagne.

Comme Pierre parlait ainsi, une nuée apparut et les couvrit ; et ils furent effrayés lorsqu’ils entrèrent dans la nuée. Ils entrèrent dans la nuée, qui était précisément destinée, dit Saint Ambroise, à leur permettre de supporter la présence de la divinité. Ce nuage brillant fut sans doute de même nature qui celui qui voila plus tard le Sauveur montant au ciel.

Et une voix sortit de la nuée, disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le. C'est ici le fait principal. Dieu lui-même prend la parole pour redire clairement les relations qui l'unissent à Jésus.

Concluons. La transfiguration de Jésus sur la montagne est un des épisodes majeurs de la vie sur terre du Seigneur, au cours duquel ses trois apôtres les plus intimes, les mêmes qui seront aussi témoins de son agonie à Gethsémani, ont reçu une révélation extraordinaire et bouleversante du mystère de Jésus. C'est aussi le quatrième des mystères lumineux du rosaire. Que la contemplation de ce mystère nous conduise nous aussi à la transfiguration de notre existence de tous les jours. Notre existence, en apparence si souvent banale, a une dimension surnaturelle, celle de notre vie d'enfant de Dieu, promise elle aussi dans l'éternité à une destinée glorieuse.


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