Les
controverses sur le célibat des prêtres ne datent pas
d'aujourd'hui. Elles avaient déjà cours au Moyen-Âge. Devant la
triste réalité de la dépravation de certains clercs, concubinaires
ou sodomites, certaines personnes de bonne volonté émettaient
l'idée qu'il eût été préférable que les prêtres puissent être
mariés. J'ai donc trouvé intéressant de vous offrir ce qu'écrit
sur le sujet sainte Brigitte de Suède, co-patronne de l'Europe, dans
le livre des Révélations, livre qui rapporte les extases et les
locutions de cette grande mystique, livre approuvé par le concile de
Bâle et par trois papes. Il s'agit du chapitre 10, du livre 7, dans
la traduction de la comtesse de Flavigny :
Défense
que les prêtres soient mariés.
Réjouissez-vous
éternellement, ô précieux corps de Dieu, en un honneur perpétuel,
en continuelle victoire, en éternelle puissance, avec votre Père et
le Saint-Esprit, avec la Vierge Marie, votre très-digne Mère, et
avec toute la cour céleste! Louange vous soit, ô Dieu éternel, et
actions de grâces infinies, parce qu’il vous a plu de vous faire
homme, et avez voulu que le pain fût transubstantié en votre corps,
par vos saintes paroles, et l’avez donné en viande comme par un
excès d’amour pour le salut de nos âmes!
Il
arriva une fois à une personne qui était profondément plongée en
l’oraison, qu’elle ouït une voix qui lui disait : O vous à qui
sont faites les faveurs d’ouïr et de voir les choses spirituelles,
écoutez maintenant ce que je vous veux manifester de cet archevêque
qui a dit que, s’il était pape, il donnerait licence à tous les
prêtres de se marier, croyant et pensant que cela serait plus
agréable à Dieu que de voir les prêtres vivre avec tant de
dissolution; il disait encore que, par ce mariage, s’éviteraient
tant de péchés charnels; et bien qu’en cela il n’entendît pas
la volonté de Dieu, néanmoins il était ami de Dieu. Or,
maintenant, je vous déclarerai la volonté de Dieu sur cela, car
j’ai engendré le Dieu même, et vous signifierez cela à cet
archevêque, lui parlant en ces termes : A Abraham fut donnée la
circoncision longtemps avant que la loi fût donnée à Moïse, et au
temps d’Abraham, les hommes étaient gouvernés selon qu’ils
entendaient et selon qu’ils voulaient, et néanmoins plusieurs
étaient lors amis de Dieu.
Mais
après que la loi fut donnée à Moïse, lors il plut plus à Dieu
que les hommes vécussent selon la loi que selon leur volonté. Il en
fut de même du précieux corps de mon Fils, car quand il eut
institué le saint Sacrement de l’autel, qu’il fut monté au
ciel, lors cette loi ancienne était encore gardée, savoir, les
prêtres de Jésus-Christ vivaient en un mariage charnel, et
néanmoins plusieurs d’iceux étaient amis de Dieu, d'autant qu’ils
croyaient en simplicité que cela était agréable à Dieu, comme il
lui fut agréable au temps des Juifs, et cela fut observé plusieurs
années par les apôtres chrétiens. Mais cette coutume et observance
était abominable et odieuse à toute la cour céleste, et à moi,
qui ai engendré le corps de mon Fils, de voir que des mariés
touchassent de leurs mains le corps précieux de mon Fils au saint
Sacrement, car les Juifs, en leur ancienne loi, n’avaient que
l’ombre et la figure de ce sacrement; mais les chrétiens ont
maintenant la vérité même, savoir, Jésus-Christ, vrai Dieu et
vrai homme en ce sacrement sacro-saint.
Mais
après quelque temps que les prêtres anciens observaient cela, Dieu,
par l’infusion de son Esprit, le versa au cœur du pape, pour qu’il
ordonnât que désormais les prêtres qui consacreraient le corps
précieux de Jésus-Christ ne seraient point mariés ni ne jouiraient
des délices infâmes de la chair. Et partant, par l’ordonnance
divine et par son juste jugement, il a été justement ordonné que
les prêtres vivraient en la chasteté et continence de la chair,
autrement qu’ils seraient maudits et excommuniés devant Dieu, et
dignes d’être privés de l’office de prêtres, néanmoins que
ceux qui s’amenderaient véritablement avec résolution de ne plus
pécher, obtiendraient miséricorde de Dieu.
Sachez
aussi que si quelque pape donne aux prêtres licence de se marier
charnellement, lui-même sera damné de Dieu par la même sentence,
comme celui qui aurait grandement péché, à qui on devrait, selon
le droit, arracher les yeux couper les lèvres, le nez et les
oreilles, les pieds et les mains, et le corps duquel devrait être
tout ensanglanté et congelé de froid; et d’ailleurs qu’on
devrait donner ce corps mort aux oiseaux et aux bêtes sauvages : il
en arriverait de même à ce pape qui voudrait donner licence aux
prêtres de se marier, contre la susdite ordonnance divine, car ce
pape serait soudain privé de la vue et ouïe spirituelle, de la
parole, des œuvres spirituelles, et toute sa sapience spirituelle
défaudrait spirituellement; et d’ailleurs, son âme descendrait en
enfer pour y être éternellement tourmentée et être la proie des
démons. Voire si saint Grégoire le pape eût établi cette loi, il
n’eût jamais obtenu miséricorde de Dieu, s’il n’eût révoqué
une telle sentence.
Les
papes ont toujours défendu le célibat sacerdotal. Le pape François
a lui aussi récemment manifesté sa haute estime pour ce trésor de
l’Église latine, en citant Paul VI : « Je voudrais
donner ma vie pour le célibat des prêtres ! ». S'il y a
des exceptions, il s'agit toujours d'hommes déjà mariés au moment
de leur ordination, comme les prêtres catholiques-orientaux ou les
prêtres anglicans devenus catholiques. Tout au plus, le pape
envisagerait d'autres exceptions de ce type pour des régions
manquant cruellement de prêtres, par exemple en appelant au
sacerdoce des diacres mariés. Mais rien n'est encore décidé.
Prions pour le Saint-Père afin que Dieu l'éclaire et qu'il discerne
ce que Dieu veut, dans la ligne de la Tradition multiséculaire de
l’Église romaine. Gageons cependant que l’Église, si elle
adopte ces exceptions, prendra aussi toutes les mesures pour que le
niveau spirituel du clergé ne soit pas menacé. Enfin, j'aimerais
citer le cas d'un grand saint russe orthodoxe, Jean de Kronstadt, un prêtre
marié, qui dans son évolution spirituelle vers la sainteté, en
vint à la fois à célébrer quotidiennement la divine liturgie et à
choisir une stricte continence dans sa vie conjugale. Cet exemple est
à méditer dans le contexte actuel.
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