La fête de ce jour a reçu plusieurs dénominations,
qui toutes évoquent un aspect essentiel du mystère célébré. Dans
la tradition liturgique grecque, on parle de l'hypapante, mot grec
qui signifie la rencontre, rencontre entre Jésus et Siméon, mystère
de Dieu qui vient à la rencontre de son peuple. La liturgie latine
parle de présentation du Seigneur au Temple: au début de sa vie,
Jésus s'offre à son Père, pour le salut du monde, et il le fait
par les mains de sa mère. On parle aussi de la Purification de
Notre-Dame, pour rappeler que la sainte famille a observé les rites
de purification, prévus par la loi mosaïque pour une femme qui a
enfanté. Grand mystère: celui qui a donné la loi à Moïse sur le
Sinaï se soumet lui-même à la loi et démontre ainsi qu'il veut
vraiment partager la vie religieuse de son peuple. On parle enfin de
chandeleur, pour rappeler que le Christ est la lumière qui brille
dans nos ténèbres humaines.
En célébrant aujourd’hui l’entrée de
Jésus au temple, 40 jours après sa nativité, nous clôturons tout
le cycle de Noël, au sens large. Un signe que nous changeons de
temps liturgique est le fait que le soir, à l’issue des complies,
nous ne chanterons plus l’alma redemptoris mater, que nous
chantions depuis le début de l’avent, mais ce sera désormais
jusqu’à Pâques, le chant de l’ave regina caelorum.
Dans l’évangile et l’icône de ce jour,
nous voyons, rassemblés autour de l’enfant Jésus, quatre
personnages : Marie, Joseph, Siméon et Anne. Ces quatre personnages
ont une chose en commun : ils font partie des pauvres du Seigneur,
ils sont les représentants du véritable Israël. Lorsque le peuple
de Dieu fut exilé à Babylone, en punition de son infidélité,
certains prophètes ont commencé à développer le thème du petit
reste. Dans le peuple, majoritairement infidèle, il y avait un noyau
resté fidèle à Dieu, un noyau qui en somme rachetait le peuple et
sauvait son honneur. A ce petit reste allait échoir une mission de
salut non seulement pour le peuple en son entier, mais aussi pour
toutes les nations de la terre. Une mission universelle donc, comme
le dira Siméon : Lumière pour éclairer les nations et gloire
d’Israël, ton peuple. Beaucoup de psaumes sont l’expression de
l’âme de ces fidèles fervents. Les pauvres du Seigneur, ce noyau
de fidèles fervents, au sein du peuple de Dieu, avaient pour
caractère d’être des âmes pieuses et qui n’attendaient leur
salut que de Dieu. Ils portaient au maximum toute l’espérance
messianique d’Israël.
Eh bien ! aujourd’hui, ces 4 pauvres du
Seigneur, sont en train d’accueillir et de célébrer le salut
donné par Dieu, la réalisation des promesses de Dieu faites aux
Pères, la fidélité de Dieu qui vient visiter et rencontrer son
peuple. Cette fête de clôture reprend et synthétise tout ce
que nous avons déjà célébré lors de fêtes de Noël et de
l’épiphanie. Examinons trois thèmes présents dans la liturgie de
ce jour.
Nous avons chanté ce verset du psaume 47 :
nous accueillons, ô Dieu, ton amour au milieu de ton temple. En
voici une autre traduction, tirée de la Bible en français courant :
Dieu, à l’intérieur de ton temple, nous refaisons l’expérience
de ta bonté. Dans l’action liturgique, nous revivons tous le
mystère célébré. Avec Siméon, nous accueillons Marie, qui nous
donne l’enfant Jésus, pour la plus grande joie de l’âme. Ce
geste de Siméon qui prend l’enfant dans ses bras, nous le revivons
tout spécialement au moment de la communion eucharistique. C’est
vraiment tout l’amour de Dieu que nous recevons alors, au milieu de
l’Église.
La procession avec les chandelles nous a
d’autre part rappelé que le Christ est la lumière des nations. Le
Christ est venu apporter aux hommes la vérité sur Dieu et sur
l'homme. La lumière apportée par le Seigneur s'appelle la doctrine
chrétienne. La doctrine chrétienne est la doctrine que Jésus est
venu révéler aux hommes, que les apôtres ont prêchée et que
l’Église continue à enseigner. C'est notre trésor le plus
précieux. Étudier, approfondir cette doctrine de vérité et de
salut remplit l'âme d'une lumière immarcescible et le cœur d'une
joie ineffable. La célébration de ce jour est une invitation
à rechercher la lumière du Christ en étudiant sa parole.
Nous sommes invités à lire la Parole de Dieu, la Bible, à lire
aussi des livres qui nous parlent de la foi, à lire la vie des
saints, qui nous stimulent dans notre vie chrétienne. Saint Benoît
nous rappelle l'importance des "saintes lectures" dans la
vie spirituelle. Souvent en effet lorsque nous avons notre âme dans
le vague, il suffit d'un bon livre pour nous réchauffer et nous
enthousiasmer à nouveau pour les choses de Dieu.
Le Seigneur Jésus sera, selon la prophétie
du vieillard Siméon, un signe de contradiction. Face à sa
personne et à son message, les hommes vont devoir prendre position.
L’Église est elle aussi en notre temps signe de contradiction.
Elle n'est pas au-dessus de son maître. Nous ne devons donc pas nous
étonner de constater, de nos jours particulièrement, le
développement d'une haine du christianisme. Certains préfèrent les
ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres sont mauvaises.
Dans un pays comme la France, il y a eu pour l'année 2013 pas moins
de 800 profanations de lieu de culte, commis dans l'impunité la plus
complète.
Quant à nous restons inébranlablement
attachés à celui qui est notre lumière et notre vie, le seul
sauveur : Jésus- Christ.
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