mardi 13 septembre 2016

Le silence dans la liturgie

Un des grands bienfaits de la liturgie traditionnelle (missel de 1962) est que c'est une liturgie qui favorise chez les fidèles, la prière personnelle, l'oraison mentale, d'une façon qui est en harmonie avec la célébration des rites sacrés par le prêtre. Ce n'est guère le cas dans beaucoup de nos messes actuelles, où toute forme de recueillement est rendue impossible la plupart du temps, où l'extériorité prévaut sur l'intériorité. Notons deux moments forts du rite traditionnel lorsque la messe n'est pas chantée en semaine. L'offertoire silencieux permet de se recueillir et de se préparer à ce qui va suivre. Quelques minutes de précieux silence sont ainsi offertes au fidèle, afin qu'il puisse unir l'offrande de sa vie à celle du Christ, et dire à Dieu les raisons pour lesquelles il veut s'unir au saint sacrifice: adorer, rendre grâce, réparer ses fautes et demander des fruits particuliers pour lui ou pour les siens. Notons que dans le nouvel ordo missae, l'offertoire se fait aussi en principe en silence, à l'exception de l'orate fratres et de la prière sur les offrandes. Il est permis toutefois de dire à haute voix les deux prières d'offrande du pain et du vin. C'est ce qui se fait couramment et on peut le regretter.

Ensuite le canon prononcé en silence favorise la contemplation intérieure du mystère de la Croix. Nous avons ainsi un temps d'adoration silencieuse du mystère qui s'accomplit sur l'autel. Cette manière traditionnelle de faire favorise ainsi une vraie participation à la liturgie, car la vraie participation est intérieure. Je me suis laissé dire que les chartreux, hommes de prière s'il en est, continuent, tout en utilisant le nouvel ordo missae, à dire le canon de la messe à voix basse.
Le silence est important dans la liturgie. On parle même d'un silence sacré. La nouvelle liturgie, pour compenser le flux de paroles qu'elle comporte, a prévu des temps de silence. Ils sont malheureusement souvent escamotés. Pourtant ils apportent à la célébration une note d'équilibre bien nécessaire. Ainsi sont prévus des temps de silence lors de la préparation pénitentielle, avant l'oraison, après la première lecture et après l'homélie. J'insisterais pour ma part sur le temps de silence après la communion. Une action de grâce personnelle est ainsi demandée dans le cadre même de la liturgie communautaire. Comment goûter la présence bienfaisante du Christ eucharistique dans nos cœurs, comment "voir et goûter à quel point le Seigneur est bon", si ce n'est dans un moment de prière silencieuse. L'Eglise l'a bien compris. Une communion sans un minimum d'intériorité risque fort de ne pas avoir beaucoup de fruit.
Concluons. Une vraie réforme de la liturgie doit absolument inclure des moments de silence. Sinon la liturgie sera tout sauf la prière de l'Eglise, épouse du Christ.

3 commentaires:

  1. Dans le missel de 1962, la liturgie de la Parole se termine par une salutation du prêtre à l'assemblée, suivie d'un seul mot qui introduit les fidèles au mystère eucharistique qui va se dérouler : Oremus. Prions.
    La liturgie eucharistique est ainsi une longue prière...
    (PRM)

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  2. Très bel article. Je désapprouve juste l'expression de "liturgie traditionnelle", préférant dire avec Jean-Paul II que "la réforme liturgique est strictement traditionnelle « ad normam Sanctorum Patrum »."

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  3. COMME ON AIMERAIT QU'EN EFFET ON NOUS OFFRE UN BON TEMPS DE SILENCE APRES LA COMMUNION AU LIEU DE CHANTS à rallonge où AUCUN COUPLET N'EST OUBLIE et bien sûr --pour ne pas être en reste-- l'orgue continue.... de la sorte le bruit continu empêche tout recueillement et tout échange avec le Seigneur...en notre abbaye de Chancelade en Périgord

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