mardi 19 juillet 2016

Marie, article paru dans la revue catholique russe Radouga

Marie, notre Mère

La Vierge Marie est la mère de Jésus-Christ et elle est aussi notre mère. Le mystère fondamental de Marie est celui de cette double maternité. Marie est essentiellement mère. Aussi dans cet article nous allons étudier, d'une part, la place de Marie dans le mystère du Christ, et, d'autre part, sa place dans notre vie surnaturelle.

La nouvelle Ève

Le thème le plus ancien de la mariologie est celui de Marie, la nouvelle Ève. Nous trouvons ce thème au deuxième siècle dans l’œuvre de saint Irénée de Lyon. Dans la Genèse, il nous est dit que le nom d’Ève signifie la mère des vivants. Marie est la véritable mère des vivants.
Dès l'origine, Dieu propose à l'humanité une alliance d'amour, une relation d'amitié, une alliance dans la liberté. A sa proposition, Dieu attend un oui de sa créature libre. Il y a donc la proposition de Dieu et la réponse libre de l'homme. Marie va représenter, dans le plan de Dieu, toute l'humanité. Elle va dire ce oui total en notre nom à tous. Elle occupe donc une place centrale dans l'histoire du salut. Marie va dénouer ce qu’Ève a noué. En disant oui au serpent, Ève a noué un premier nœud négatif et chacun de nos péchés crée un nœud supplémentaire. Marie elle a défait tous ces nœuds. Ce thème ancien de la patristique a resurgi de nos jours dans une forme de dévotion à La Vierge, celle de la neuvaine à Marie qui défait les nœuds. Le pape François aime beaucoup et recommande cette neuvaine à Marie qui défait les nœuds.
En Argentine, quand il n’était pas encore évêque mais supérieur des jésuites, c’est lui qui a commencé à distribuer à l’Université d’El Salvador, les images de la Vierge qui défait les nœuds qu’il avait rapportées d’Allemagne. C’est aussi lui qui a permis qu’une reproduction du tableau soit placée à l’Université. Devenu Archevêque de Buenos Aires, c’est encore lui qui autorisa qu’on Lui rende un culte public dans l’Église.
Saint Bernard, dans son sermon « missus est » sur l'annonciation, dit que la création tout entière, en ce moment solennel et central de notre histoire, attendait le oui de Marie. En disant oui elle est devenue la réparatrice de la faute d’Ève. Tel est le mystère de la liberté : Dieu a voulu avoir besoin du consentement de Marie. Marie n'est donc pas passive dans le mystère de l'incarnation. Mais elle est médiatrice active, corédemptrice. Elle a en effet coopéré librement et activement à l’œuvre de la rédemption.

Marie désirait la venue du Messie et elle intercédait pour le monde entier. Elle était déjà notre mère, car elle est d'abord mère par son intercession. Cette prière incessante de Marie est une conséquence de son mystère de l'immaculée conception. Le curé d'Ars aimait dire que la sainte Vierge se reposerait seulement à la fin du monde, quand tous ses enfants seraient sauvés et que le mystère du salut serait définitivement accompli. A l'annonciation, la foi et l'obéissance de Marie ont réparé le doute et la désobéissance d’Ève.
Par son consentement, Marie devient Mère de Dieu. Elle est la mère du Christ, mais du Christ total. Jésus est l'aîné, la tête du corps mystique de l’Église. Nous sommes les puînés. Marie devient ainsi notre mère car elle nous engendre à la vie nouvelle. Dans l'entretien de Jésus avec Nicodème (Jn 3,4), ce dernier pose la question suivante : Est-ce qu'un homme peut entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et naître ? La réponse est oui, car nous naissons une première fois de notre mère à la vie naturelle, et nous naissons à la nouvelle vie, à la vie surnaturelle, dans le sein de la Vierge Marie, notre mère dans l'ordre de la grâce.
Dans diverses scènes évangéliques, on peut constater à quel point Marie agit toujours à notre égard comme une mère. Lors de la visitation, c'est Marie qui fait le déplacement, qui vient vers nous, qui nous salue, qui nous donne le Christ et le Saint-Esprit. Ce qu'a fait Marie pour sa cousine, le jour de la visitation, elle le fait à nouveau chaque fois qu'elle rend visite à notre terre, lors de ses apparitions.
Lors de la présentation au Temple, Jésus s'offre par les mains de Marie. C'est Marie qui donne ensuite l'enfant Jésus au vieillard Siméon. A la messe, Marie est présente et lorsque nous recevons le pain de vie, en quelque sorte, nous le recevons de Marie, à l'instar de Siméon.
A Cana, Marie intercède pour nous, elle hâte la manifestation de Jésus et elle nous dit : Faites tout ce qu'il vous dira. A la croix, Jésus dit à chacun d'entre nous : Voici ta mère. Elle nous enfante dans la douleur. Elle est la nouvelle Ève à côté du nouvel Adam. Le samedi-saint, elle est l’Église à elle seule, car elle seule avait encore la foi. Au cénacle, elle est la Mère de l’Église. Dans le livre de l'apocalypse enfin, au chapitre 12, elle nous apparaît dans toute sa gloire. Elle est la Reine, qui combat le dragon, lequel a une haine totale et irrémédiable contre elle et contre ses enfants.

On appelle Sion ma mère car en elle tout homme est né (Psaume 86)

Saint Jean-Paul II a découvert la place de Marie dans la vie chrétienne en lisant les œuvres de saint Louis-Marie Grignon de Montfort. Marie joue véritablement dans notre vie spirituelle le rôle d'une mère. Elle n'est pas notre mère naturelle, mais elle est notre Mère selon la grâce. Elle joue pour notre vie surnaturelle le même rôle que celui de notre mère terrestre pour notre vie naturelle. Par conséquent, dans la vie spirituelle, Marie est celle qui nous enfante, nous porte dans son sein, nous nourrit, nous éduque, nous forme et nous protège.
Saint Maximilien Kolbe, de son côté, a mis en lumière le rapport étroit et mystérieux qui unit Marie et le Saint-Esprit. Toute l’œuvre de formation, de vivification et de sanctification que la personne divine et éternelle de l'Esprit saint opère en notre âme, en particulier par la prière et les sacrements, la Sainte Vierge, le fait, en coopérant à l’œuvre du saint-Esprit, par sa maternelle intercession. Le meilleur moyen pour un chrétien d'être sous la mouvance de l'Esprit saint, c'est d'avoir une profonde relation avec la Mère de Dieu.
Marie, notre mère, est aussi celle qui nous sourit. En 1883, sainte Thérèse de Lisieux fut guérie par le sourire de la Vierge. Et le 16 juillet 1858, à Lourdes, lors de la dernière apparition, il y eut le sourire d'adieu de Marie à Bernadette. Dans le salve regina, nous chantons : tourne vers nous tes yeux pleins de miséricorde. Prenons l'habitude de vivre sous le sourire de Marie. Marie est ainsi une icône de la tendresse du Père, car Dieu est un Père qui nous aime comme une mère.
Marie est médiatrice de grâce, à côté de Jésus, qui est l'unique médiateur de justice. Le Christ nous a sauvés et a réparé tous nos péchés par sa mort sur la croix. Marie exerce une maternité spirituelle par son intercession. Elle nous obtient toutes les grâces dont nous avons besoin. Une belle illustration de cette doctrine est la médaille miraculeuse, sur laquelle on voit toutes les grâces descendre sur le monde par les mains de l'Immaculée. La médiation de Marie naît de la surabondance de la médiation du Christ. Ce n'était pas nécessaire, mais Dieu a voulu que nous obtenions tout par Marie.
Donner toute sa place à Marie intensifiera notre vie spirituelle. Nous devons nous abandonner à elle, nous laisser porter par elle. Nous devons vivre dans son cœur immaculé, son sein virginal. Celui qui se donne à Marie, qui se réfugie en elle, peut avoir une confiance absolue. Un enfant de Marie ne peut se perdre. Marie veille sur nous, même pour les petites choses, les soucis de la vie de tous les jours, comme le montre son attitude à Cana pour sortir de l'embarras les jeunes époux : Ils n'ont plus de vin.
C'est pourquoi nous recourons explicitement à l'intercession de Marie et nous prions Jésus-Christ de nous exaucer pour l'amour de sa mère.
Saint Louis-Marie Grignon de Montfort et saint Maximilien Kolbe ont ainsi recommandé la consécration à Marie. Dans cet acte, qui renouvelle la consécration du baptême, on remet toute son existence, toute sa destinée, entre les mains de Marie. A partir de cet acte d'abandon, on peut connaître une confiance absolue. Notre prière se fait dès lors aux intentions du cœur immaculé de Marie. Toutes nos actions lui appartiennent, elle en dispose à son gré et selon son bon plaisir. Elle offre nos prières et nos bonnes œuvres à Dieu, et celles-ci sont parfumées du parfum même de la Mère de Dieu. Une des grandes conséquences de cette vie en Marie sera la grande liberté spirituelle de l'âme.

N'ayons pas peur de Marie

Voici pour conclure une citation de Jean Guitton dans son livre La Vierge Marie (1949) : Le problème spirituel qui se pose au sujet de Marie me semble exactement défini par la parole de Nicodème : il s'agit de redevenir enfant, comme si on rentrait « âgé dans le sein de sa mère ». La vie de l'esprit est, de ce point de vue, à l'inverse de la vie du corps. Dans la vie de l'esprit, plus le corps s'éloigne du sein maternel, plus il croît et plus il s'affirme : vivre, c'est quitter ce premier milieu pour avoir une existence à part. Mais, dans cette vie spirituelle de type marial, une influence puissante et douce nous tire de l'extérieur et nous fait en quelque sorte involuer pour nous incorporer au Christ et à l'Esprit en qui nous rentrons : ceci se fait par un intermédiaire de ressemblance maternelle, qui est l'influence et la sphère mariales.










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