Nous venons à peine de célébrer la nativité du Seigneur que nous nous préparons déjà à célébrer son baptême au Jourdain, et l'évangile de ce dimanche nous donne quelques éléments à méditer. Le ministère public de Notre-Seigneur a été précédé d'une préparation : la prédication et l'activité de Saint Jean-Baptiste, le précurseur qui a préparé le chemin du Seigneur. Ce ministère de préparation avait été annoncé par les prophètes, c'était la vocation singulière de Jean-Baptiste, et il a toute son importance. Il s'agissait d'un appel au repentir et à la pénitence, pour être prêt quand le Sauveur paraîtrait.
Dans l'ancien Testament, la première alliance, il n'existait pas encore le sacrement de pénitence pour le pardon des péchés, ce sacrement que Notre-Seigneur va instituer et confier à son Église le soir de Pâques : Recevez le Saint-Esprit, les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez. Mais il y avait déjà la possibilité et la grâce de la contrition parfaite, ce profond regret d'avoir offensé et blessé Dieu, qui est si bon pour nous. A celui qui se repentait ainsi, comme par exemple le roi David après son adultère et son crime, Dieu accordait le pardon, en vertu du Sang que Jésus-Christ verserait sur la Croix. Jésus-Christ a versé son sang pour les péchés commis sous la première alliance, et bien plus encore, pour la rémission et l'expiation de tous les péchés commis tout au long de l'histoire de l'humanité.
Dans le contexte actuel du dialogue interreligieux, nous devons noter qu'en dehors des frontières visibles de l’Église, dans les autres religions, toute âme qui fait un acte parfait de repentir obtient aussi ce pardon, car ce repentir inclut un acte d'amour de Dieu et inclut ce que la théologie apelle le baptême de désir implicite. Jésus-Christ a véritablement versé son sang pour le salut de la multitude.
C'est ainsi que ceux qui acquiesçaient à la prédication de Jean-Baptiste se purifiaient de leurs péchés, en les confessant sincèrement et en recevant un baptême d'eau, l'eau purifiant la chair étant le symbole de la purification du cœur. Mais Jean-Baptiste précisait bien que cette purification était encore bien imparfaite par rapport à ce que serait l'oeuvre du Christ : le baptême dans le Saint-Esprit. Dans les premières années de l’Église, il y a eu des croyants qui n'avaient encore reçu que le baptême de Jean, mais n'avait pas reçu le Saint-Esprit, ignorant même qu'il y eût un Saint-Esprit.
L'action du Christ en effet, spécialement dans les sacrements qu'il instituerait, serait non seulement de nous laver de nos péchés, mais aussi de nous donner la grâce sanctifiante, la présence en nous du Saint-Esprit. Le soir du Jeudi-Saint, Jésus a dit à ses apôtres : Si quelqu'un m'aime, mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui et nous demeurerons en lui. C'est là le grand mystère de la grâce sanctifiante, que nous avons reçue au baptême et qui augmente en nous chaque fois que nous communions. Nous sommes le temple du Saint-Esprit et la Sainte Trinité vit au fond de notre âme. Dieu demeure en nous, se complaît en nous, comme un Père plein de tendresse, comme un ami très fidèle, comme un époux épris d'amour et qui nous demande de lui donner notre cœur. Il s'agit d'une présence spéciale d'amitié. Dieu est là non seulement comme notre Créateur mais comme un ami et notre bonheur est de vivre dans son intimité.
Saint Léon l'a dit dans un sermon de Noël : Reconnais, ô chrétien, ton éminente dignité. Et lorsque le prêtre, dans le rite romain, verse l'eau dans le vin du calice à l'offertoire, il dit : Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l'alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité.
Voilà toute la grandeur de la rédemption apportée par le Christ : lavés de nos péchés, nous sommes unis à Dieu, nous participons à la nature divine, nous devenons éternels ! Tout cela est la conséquence du mystère de l'incarnation : Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu, par grâce, par participation et par adoption.
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