Dans
l'orient antique, circulaient de pieuses légendes, des récits
apocryphes sur le départ de cette terre vers le ciel de la Mère de
Dieu, et elles sont reprises dans la deuxième homélie sur la
dormition de saint Jean Damascène. Ces traditions inspirent les
textes de l'office byzantin de ce jour ainsi que la grande fresque
de cette fête, que j'ai sous les yeux dans la nef de cette église.
Vous aurez tout loisir d'admirer cette fresque après la liturgie.
Marie,
dans les dernières années de sa vie, était revenue à Jérusalem
et elle passait son temps dans la prière et la contemplation en
visitant les lieux où son divin Fils avait opéré notre salut :
le cénacle, le chemin de la croix, le calvaire et le saint sépulcre.
Elle aspirait de plus en plus à rejoindre son fils dans le ciel et
elle sentit sa fin approcher.
Les apôtres, dispersés au quatre
coins du monde, désiraient revoir une dernière fois la douce mère
de leur Seigneur et ils revinrent tous à Jérusalem. Dans le haut de
la fresque nous voyons quatre nuages, chacun portant trois apôtres.
Cela représente les apôtres revenant près de la Mère de Dieu des
quatre coins du monde. Dans le bas de la fresque, nous voyons la
Sainte Vierge couchée sur un lit et autour de celui-ci, les douze
apôtres en pleurs. Marie fait ses dernières recommandations aux
choisis de son Fils, c'est le dernier entretien de Notre-Dame avec
les disciples de Jésus. Elle leur demanda de déposer son corps dans
un tombeau à Gethsémani. Ce tombeau existe toujours et est un grand
lieu de pèlerinage pour les orthodoxes. Puis avant d'expirer, la
Vierge pria ainsi : « Et toi, mon Fils, reçois mon
esprit ». A ce moment, les apôtres eurent une vision
magnifique, celle de Jésus dans toute sa gloire, qui tenait dans ses
bras sa propre mère, sous la forme d'une toute petite fille. Cette
apparition est représentée au centre de la fresque juste au-dessus
du lit de la Vierge. Jésus descendait du ciel, pour venir chercher
sa mère et la prendre avec lui dans sa gloire de ressuscité.
Et
tout en haut de la fresque, plus haut que les quatre nuages dont je
viens de parler, on voit deux anges ouvrir toutes grandes les portes
du ciel, prêt à accueillir la Mère de Dieu. Les anciens récits se
poursuivent ainsi. On enterra Marie à Gethsémani, mais l'apôtre
Thomas, encore lui comme à Pâques, n'était pas là, car il était
arrivé trop tard. Trois jours plus tard il rejoint les autres et
demanda la faveur de faire ouvrir le sépulcre de la Vierge, afin de
pouvoir lui aussi revoir le visage bien-aimé une dernière fois. On
ouvrit donc le tombeau et miracle, il était vide ! Le corps
immaculé était lui aussi monté au ciel. Il n'était pas possible
que le corps de celle qui était la Mère de Dieu, toute sainte et
sans aucun péché, connût la corruption du tombeau. Marie est déjà
ressuscitée et est au ciel avec son âme et son corps. Comme nous le
chantons dans le tropaire, elle est passée de la vie à la vie et
ainsi la Vierge de l'assomption est le gage de la gloire future de
toute l'humanité.
Il
y a dans cette fresque, un symbolisme particulièrement fort. Si nous
regardons l'icône de la Mère de Dieu, comme celle qui est sur
l'iconostase, que voyons-nous ? Une femme qui porte un petit
garçon. Ici, il y a un renversement : c'est un homme qui porte
une petite fille. Le symbolisme de ce renversement est simple à
comprendre. En ce monde, Marie est celle qui a donné la vie au Fils
de Dieu fait homme. Mais dans l'éternité, c'est le Fils, ressuscité
et glorifié, le Fils de Dieu dans toute sa gloire, qui donne la vie
éternelle à sa propre mère.
Cette
fête de l'assomption est pour nous une invitation à accueillir dans
notre vie de tous les jours la Sainte Vierge, Mère de Dieu et notre
Mère, notre avocate toute-puissante sur le cœur de son Fils et la
médiatrice de toutes les grâces. La prière à Marie est
indispensable pour un chrétien. Prions-là beaucoup, de toute notre
âme et avec la confiance d'un enfant. Prenons en main le chapelet et
saluons-là inlassablement et avec beaucoup d'amour. En la mettant
ainsi au cœur de notre vie de prière, nous verrons très vite que
nous ne serons pas déçus dans cette dévotion, car elle nous
apportera grâce sur grâce. Et surtout au moment de la mort, Marie
sera là pour nous assister et faire en sorte que Jésus, comme il le
fit pour elle, vienne nous chercher pour nous emmener dans son saint
paradis.
Cher Père Simon! Merci de ce texte et bonne fête! L'illustration là-haut comporte un petit détail qui est tardif, mais qui est curieux - la Vierge enlève sa ceinture à Tomas pour le consoler ou bien pourqu'il ait pu témoigner son Ascension. Pourtant sur la fresque de votre église je ne me souviens pas du tout si cette scène est représentée. Ce que j'apprécie tout particulièrement c'est cette alternance du corps de la Vierge couchée (assoupie pour les gens qui l'entourent), le bébé tenu dans la position de debout (qui vient de naître pour le Christ), une femme vivante assise (qui bouge, qui console, qui parle, qui tend sa ceinture à Thomas) qui est placée par Jésus Lui-même au dessus de tous les êtres de la terre. Nadia
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