dimanche 29 octobre 2017

La parabole du semeur

Le 29 octobre 2017, dans le rite byzantin, vingt-et-unième dimanche après la pentecôte, l'évangile était celui de la parabole du semeur (Lc 8, 5-15) et l'épître était tirée de Galates 2, 16-20. Le Père Jean Geysens, moine de Chevetogne, a prononcé l'homélie. Je me fais un plaisir de vous en livrer le texte:

Frères et sœurs dans le Seigneur,

Le semeur est le Christ, entouré des foules, et tandis qu'Il parle en paraboles, c'est Dieu qui envoie sa Parole. Inlassablement Jésus prêche la Bonne Nouvelle du salut : le Royaume de Dieu est à portée de main, accueillez-le, vous êtes les bienvenues chez Dieu, le Père, qui m'a envoyé. Et lorsque l'Église fondée sur la foi des apôtres, continue la mission du Christ, c'est toujours l'Évangile du Fils (cf Rm 1) qui est proclamé, la Parole du Royaume comme Parole de la foi (cf Rm 10), et c'est la révélation d'un mystère. Telle une semence jetée en terre et qui la féconde, cette parole accomplit sa mission et c'est pour notre salut.

Lorsque Jésus parle en paraboles, Il révèle et Il voile en même temps ! Déconcertant pour l'homme. Nous aimerions que tout soit clair et logique ; or la sagesse de Dieu est autre. La parabole évoque la vie même de Jésus, qui rencontre différents types d'accueil chez les gens : parfois de l'enthousiasme superficiel, parfois de la foi profonde. Chez le groupe plus restreint des disciples, il y a un désir d'être initié par Jésus dans le mystère du Royaume et d'apprendre de Lui comment y entrer, comment vivre déjà comme enfant de Dieu et ami du Christ avec la disponibilité du serviteur.
Nous sommes invités en permanence, frères et sœurs, à recevoir de nouveau, avec l'attitude de la gratuité, la parole comme une promesse de vie, de bonheur, de liberté, de gloire. Tout commence de façon cachée et modeste ; la vie selon l'évangile et la foi chrétienne sont souvent contestées dans le monde. L'annonce d'une vie qui est d'une autre qualité de ce que nous pouvons concevoir ou fabriquer, attire les uns et intrigue les autres, et parfois cela tourne en persécution. Même si dans l'évangile Jésus donne une explication de la parabole du semeur, le mystère de Dieu reste à adorer dans la foi et le secret de Jésus – qu'Il est le Messie et le Fils Unique, le Verbe fait chair – reste toujours à découvrir, à approfondir, même pour nous, qui sommes des chrétiens initiés.
La parabole concerne aussi l'action du Christ – Parole de Dieu – et de l'Esprit qui est Celui qui fait habiter cette parole dans nos cœurs pour qu'elle porte des fruits. Qu'est-ce qu'elle dit, aujourd'hui, cette Parole de salut, quel aspect de la révélation est mis en lumière par les lectures bibliques de ce dimanche ? Nous pouvons avoir toujours confiance en la puissance de la Parole, elle ne reviendra pas vers le Seigneur sans résultat (cf Is 55, 10-11). Dieu ne se fatigue pas de nous donner des chances, Il appelle toujours, Il nous attend toujours.
L'épître aux Galates contient ce qu'on a appelé l'évangile de saint Paul : Nous avons cru, nous aussi, au Christ Jésus, afin d'obtenir la justification par la foi en Christ. C'est une parole de libération qui est semée dans les cœurs. Si tu acceptes que tu es pécheur, pardonné à cause du Christ, tu es capable, par grâce, de vivre pour Dieu, de l'aimer et de le servir de tout ton cœur. C'est un appel à accueillir avec un cœur noble et généreux le Fils de Dieu qui s'est livré pour nous et qui veut vivre son mystère en nous. Il suffit de se livrer totalement à son emprise. Donc la parole de Dieu qui est semée aujourd'hui est une promesse de présence qui demande à envahir tout notre espace intérieur, tout ce qui nous tient à cœur, tout ce qui nous préoccupe. Pour que ce grain puisse donner du fruit en abondance, nous sommes invités à demeurer en cette parole Il m'a aimé et s'est livré pour moi, y revenir dans notre prière, nous y accrocher lorsque les tempêtes de la vie nous font douter de la bonne guidance divine. Et puis, elle nous pousse à aimer et à nous livrer au souffle de l'Esprit, à vaincre l'égoïsme du vieil homme, à mettre notre certitude non pas dans la loi mais dans la foi, foi qui nous unit à Dieu et qui nous incite à répondre à son amour.
Revenons à notre parabole du semeur et son interprétation : une chose est l'excellente qualité de la semence, mais qu'en est-il de notre jardin ? La semence aura un rendement selon le type de terrain, selon les attitudes de ceux qui écoutent. Je passe de la lettre à l'esprit. C'est un appel à être vigilant et attentifs à ce qui arrive dans notre coeur lorsque nous recevons les grains de l'enseignement de l'Ecriture. Peut-être que le Tentateur est actif pour empêcher une vraie rencontre avec le Seigneur en obscurcissant notre esprit, en détournant notre attention. Au moment où nous voulons aller prier, peut-être que plusieurs choses nous viennent en tête et qui sont soi-disant indispensables. L'expérience apprend que parfois notre prière en souffrira en durée et en qualité. Peut-être sommes-nous des personnes enthousiastes pour les choses spirituelles, mais manquons-nous de racines, de profondeur pour mettre en pratique la théorie. Peut-être la parole est étouffée en nous par des attitudes qui sont loin de la nouvelle justice que Jésus apporte : nous tenons trop à nos richesses et aux choses mondaines. Peut-être avons-nous peur de la persécution ou du moins de la critique lorsque notre attachement au Christ demande de ne pas faire et penser comme tout le monde, dans un sens qui éloigne de la foi.

Frères et sœurs, toutes ces attitudes peuvent exister chez des catégories de personnes différentes, mais aussi, chez la même personne, à des moments de sa vie. Chacun de nous devrait s'efforcer à mieux connaître ses tendances négatives qui demandent une vigilance particulière. Devenir une bonne terre pour le grain de la parole du Christ, demande un soin quotidien pour préparer et cultiver le terrain. Lorsqu'une parole entendue dans la liturgie ou lue en lecture spirituelle, nous touche, nous donne un cœur brûlant peut-être, il faut la garder, la protéger, la méditer, pour qu'elle nous fortifie. Elle possède la puissance pour nous convertir et pour nous faire porter du fruit en abondance. Nous découvrirons comment collaborer avec le Seigneur qui nous précède et nous accompagne dans notre recherche de la justice de son Royaume. N'a-t-Il pas dit : Je suis avec vous pour toujours (cf Mt 28, 20b) ? 

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