Amour
de Dieu et de nos frères
Dans
sa première épître, l'apôtre Jean a ces mots très clairs :
Celui qui dit : « J'aime Dieu », et qui hait son
frère est un menteur. Car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit
ne peut aimer Dieu qu'il ne voit pas. C'est là le commandement que
nous tenons de lui : que celui qui aime Dieu aime aussi son
frère (1 Jn 4, 20-21).
C'est
donc nos relations avec les autres qui prouveront l'authenticité de
notre relation à Dieu.
Voyons dès lors ce que nous devons faire pour assainir notre vie
relationnelle, dans la lumière de l’Évangile. Jésus nous
enseigne que c'est de l'intérieur, du cœur de l'homme que
proviennent les mauvaises pensées, les mauvais désirs et toutes les
fautes extérieures, commises avec la langue ou les membres du corps
qui en découlent. Nous devons donc commencer par purifier notre
intérieur, notre cœur.
Ne pas juger
La
première chose, celle qui va finalement conditionner le reste, c'est
d'éviter tout jugement sur les autres. Or notre tendance spontanée
est de porter une foule de jugements sur ceux avec qui nous vivons.
C'est plus fort que nous. Nous
devons prendre conscience pour commencer qu'en émettant des
jugements sur autrui, la plupart du temps nous nous trompons. Car
nous n'avons jamais qu'une vue très partielle de la situation. Nous
ne savons pas tout, et même peu de choses en définitive. C'est
donc en soi une erreur grave que de juger. Le jugement appartient à
Dieu seul, car lui, il sait absolument tout. En outre Jésus a dit
qu'il était venu non pour juger mais pour sauver. Le regard de Dieu
sur tout homme n'est pas un jugement de condamnation mais un regard
d'amour et de miséricorde. Dieu
hait le péché mais a compassion du pécheur. Certes
à la fin il y aura un jugement, jugement particulier à la fin de
toute vie humaine, jugement général à la fin des temps. Mais avant
que vienne ce jugement, nous sommes toujours dans le temps de la
miséricorde. Si la
miséricorde divine nous est inlassablement proposée tant que dure
notre vie sur terre, nous devons aussi pour notre part pratiquer
cette même miséricorde à l'égard de nos compagnons de route. La
véritable attitude évangélique consiste au contraire à nous
condamner nous-même et à excuser les autres, à nous reconnaître
davantage pécheur que les autres.
L’Écriture
nous dit que la langue nous a
été donnée pour bénir. Nous devons donc seulement nous abstenir
de juger et de dire du mal, mais positivement nous devons prendre
l'habitude de dire du bien des autres. Nous répandrons ainsi autour
de nous un climat positif, serein et joyeux. En
bénissant les autres, en disant sur eux des choses positives et
constructrices, notre âme sera dans la lumière et notre joie
intérieure sera de plus en plus réelle. En croisant une personne,
nous pouvons prier pour elle et la bénir, en disant par exemple :
« Seigneur, je te rends grâce pour N. Et je te demande de le
(la) bénir ».
Artisans
de paix
Toutefois,
dans la vie sur terre, tout cela n'est pas aussi simple. Parfois des
tensions existent dans nos relations humaines. Nous sommes mal à
l'aise avec certains. Nous pouvons être blessés ou froissés par
certains. Des malentendus peuvent survenir. Certaines situations
peuvent s'envenimer. Il faut alors faire une nette distinction entre
la sensibilité et notre volonté intérieure profonde. La
sensibilité est un domaine qui échappe en grande partie à notre
volonté. Je souffre du mal qu'un autre m'a fait et je ne parviens
pas à l'oublier. Je pense alors que je ne pardonne pas et je me sens
coupable. Mais c'est une
erreur. Le pardon n'est pas une affaire de sensibilité, mais de
volonté. Je ne dois pas me culpabiliser de la blessure psychique qui
est en moi. Par contre ma volonté doit rester dans la charité. Si
je ne me venge pas et si je prie pour celui qui m'a fait souffrir, je
puis être certain que je vis le pardon chrétien, même
si dans mon ressenti, je continue à éprouver une antipathie
naturelle pour la personne en cause. A la longue, la persévérance
dans la prière pour nos « ennemis » finit par apaiser
totalement notre âme et même l'antipathie finit par disparaître
complètement. Il se produit alors ce qu'on appelle une guérison de
la mémoire.
L’Évangile
nous demande d'être des artisans de paix et de réconciliation. Le
sermon sur la montagne appelle ces artisans des fils de Dieu. Lorsque
dans un groupe déterminé (une famille, un milieu de travail, une
communauté paroissiale ou religieuse), il y a des divisions, des
tensions internes ou l'apparition de petits clans, et que nous avons
la chance de ne pas y être mêlés, notre rôle sera alors de
travailler à l'apaisement et à la réconciliation. Quel magnifique
apostolat ! Le monde et
la société, et même la communauté chrétienne, sont pleins de
conflits. Nous devons être des ferments de paix et de réconciliation
là où le Seigneur nous a placés. Si nous prenons la ferme décision
d'être des artisans de paix, pour vivre l’Évangile au jour le
jour, le Saint-Esprit nous guidera et nous indiquera en temps voulu
les voies pour semer la paix autour de nous. Il nous rendra
inventifs
et ingénieux dans cet apostolat.
Qui
est mon prochain ?
C'est cette question qui a donné à
Jésus l'occasion de nous donner la parabole du bon samaritain, dans
l'évangile de Luc. La réponse est claire : mon prochain, c'est
tout homme que je croise, sans distinction de race, de langue ou de
religion. C'est donc
évidemment en premier lieu les personnes avec qui je vis : ma
famille, mes voisins, mes collègues, mes amis. Il y a là-dessus une
mise en garde à formuler. Il peut exister une conception du prochain
qui est abstraite, même si elle est universelle. On rencontre des
personnes qui ont un idéal de l'amour de l'humanité entière et qui
tiennent des propos généreux sur les hommes des pays lointains ou
sur les migrants, et qui sont incapables en même temps d'avoir de
vraies relations cordiales avec les personnes les plus proches. Leur
amour est abstrait et non concret. Et l'amour idéal qu'ils ont pour
l'humanité dans son ensemble n'est qu'une fuite par rapport à leurs
devoirs réels et concrets vis-à-vis des gens de leur entourage.
Internet peut dans ce domaine jouer un mauvais rôle, en privilégiant
les relations virtuelles sur les relations réelles. On voit des
internautes en contact à distance avec le monde entier et qui
ignorent en même temps leur voisin de palier ou les gens de leur
famille.
Liturgie
et relations humaines
Saint Thomas d'Aquin nous dit que le
fruit premier de l'eucharistie, c'est l'unité du corps mystique de
Jésus-Christ. Nous devons dès lors participer à l'eucharistie pour
demander un accroissement de la charité fraternelle en nous. La
liturgie nous éduque aussi à de bonnes relations entre nous. Car
elle proscrit l'émotionnel et toute forme de sensiblerie. La
liturgie nous éduque au sacré et au respect de l'intériorité
d'autrui. Cela à condition que la liturgie observe les règles de
l’Église et soit authentique. C'est ainsi que pour ce moment
important et significatif qu'est le baiser de paix avant la
communion, l’Église demande instamment que cela se fasse calmement
et avec la dignité requise, et que ce rite ne se transforme pas une
sorte de cirque ou de foire. L'un
des aspects essentiels de notre amour du prochain est de favoriser
chez lui une relation intérieure à Dieu qui soit profonde et calme.
A l'église, par notre prière, notre silence et notre maintien, nous
devons sauvegarder le caractère sacré de la liturgie et favoriser
la prière de nos frères. Dans la vie quotidienne, nos relations
avec les autres, pour être vécues dans une authentique charité,
doivent être empreintes de certaines valeurs comme le respect, le
silence et la discrétion.
Conclusion
Pour un chrétien, les relations
humaines sont par nature divinisées. C'est le Christ qui est présent
dans le frère. Il nous faut assister à la messe avec les mêmes
attitudes et sentiments que nous aurions eus
au calvaire. Il nous faut parler aux autres et agir envers eux, comme
nous le ferions avec le Christ. C'est à cette condition seulement
que nos relations humaines seront vécues dans la lumière
évangélique.
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