C'est
par cette bénédiction ou doxologie solennelle que débute la liturgie de saint Jean Chrysostome :
Béni soit le règne du Père et du Fils et du Saint-Esprit,
maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Dans
la manière de parler de l’Église
orthodoxe, le terme de liturgie équivaut à ce que nous appelons
chez nous la messe ou l'eucharistie. Nous allons aujourd'hui aller à
la découverte de la manière dont les orthodoxes célèbrent
l'eucharistie, le saint sacrifice.
Mais
d'abord qui est saint Jean Chrysostome ? Un père de l'Eglise, qui
fut archevêque de Constantinople au IVème siècle. Il fut un très grand
prédicateur, d'où son surnom de Chrysostome, ce qui signifie en
grec « bouche d'or ».
Il fut célèbre entre autres par ses sermons contre les injustices
sociales de son temps. Il est
donc l'auteur de la prière eucharistique ou anaphore, ce que les
catholiques appellent le canon de la messe, en usage depuis lors dans
l’Église
orthodoxe. Cette liturgie s'enrichit bien sûr dans les siècles qui
suivirent. Mais depuis le XIVe siècle, elle n'a plus changé et
s'est transmise jusqu'à maintenant. Elle est célébrée en grec, en
slavon, en roumain, en arabe, mais aussi maintenant dans toutes les
langues du monde, depuis que par l'émigration dans nos pays,
l'orthodoxie s'est implantée en occident et dans toutes les parties
du monde.
Comme
toute eucharistie chrétienne, elle comprend deux parties : une
liturgie de la parole, et ensuite le sacrifice eucharistique
proprement dit avec la consécration du pain et du vin et la
communion.
Mais
voici une première différence avec notre messe catholique. Chez les
orthodoxes, la liturgie publique avec les fidèles est précédée
par une partie préparatoire, que le prêtre et son diacre célèbrent
dans le sanctuaire, derrière l'iconostase, sur un petit autel
latéral, et qu'on appelle office de la proscomédie, c'est-à-dire de la
préparation. Sur cet autel, ils préparent le pain et le vin, qui
serviront à la liturgie et ils l'offrent à Dieu, ce qui fait que
cet office est en fait
un offertoire préliminaire à la célébration. Cet offertoire
s'accompagne de prières émouvantes, où on commémore l'incarnation
et la passion de Jésus et qui souligne fortement le caractère
sacrificiel de la liturgie. Cette
notion de sacrifice sera du
reste présente tout au long
de la célébration.
Une
autre grande différence avec la messe romaine : dans la
liturgie de saint Jean Chrysostome, on n'utilise pas des hosties comme chez nous mais ce
qu'on appelle une prosphore, ce qui signifie pain d'offrande. Cette
prosphore est faite non de pain azyme mais de pain fermenté, comme
celui que nous mangeons à la maison. Les deux usages occidentaux et
orientaux ont chacun leur sens et sont légitimes. La signification
que donnent les liturgistes orthodoxes à leur usage propre est
intéressante : pour eux le pain levé est du pain vivant et
représente ainsi mieux la chair vivante du Christ ressuscité. De
même ils utilisent du vin rouge, qu'ils vont réchauffer avant la
communion, en y versant de l'eau bouillante, de manière à
représenter le sang vivant du Christ.
Entrons
maintenant dans la célébration. Après la bénédiction initiale,
le diacre va chanter la grande litanie de la paix. Cette dernière
est constituée d'une dizaine d'intentions auxquelles le chœur répond en chantant : Seigneur, prends pitié, en grec kyrie eleison,
en slavon, gospodi pomilui,
en roumain, doamne miluieste. Ces intentions concernent la paix, le
salut des âmes, l'Eglise, les pouvoirs publics, le temps qu'il doit
faire, les malades et ceux qui souffrent, bref toutes les grandes
intentions habituelles de la prière.
Ensuite le chœur chante soit des psaumes, il s'agit des psaumes 102
et 145, soit des antiennes festives. Cet ensemble, entrecoupé par
deux petites litanies se conclut par un petit symbole de foi, écrit
par l'empereur Justinien et qui rappelle l'essentiel de la croyance:
l'incarnation du Fils de Dieu, sa passion et sa résurrection.
Ainsi
la liturgie commence par une partie de prière et de louange qui
dispose les cœurs à entrer dans la célébration. Ensuite
a lieu la petite entrée. Le clergé sort du sanctuaire en procession
et vient dans la nef. Le diacre porte solennellement le livre de l’Évangile et la procession vient se placer devant la porte royale
grande ouverte, au milieu de l'iconostase. Pendant cette procession,
le chœur chante les Béatitudes. Cette
petite entrée avec l'évangéliaire symbolise la venue du Christ sur
terre venu parmi nous pour annoncer la Bonne nouvelle du salut. Elle
correspond au fond à notre procession d'entré du rite romain, qui
peut elle aussi se faire avec un évangéliaire. Elle est ainsi une
entrée dans la liturgie de la parole. Avant de venir parmi nous dans
l'eucharistie avec le sacrement de son corps et de son sang, le Seigneur vient se rendre présent par sa parole.
Le
clergé rentré dans le sanctuaire, le chœur chante les tropaires du
jour et ensuite on chante le trisagion : Dieu saint, saint fort,
saint immortel, prends pitié de
nous. Ce texte nous est
maintenant familier en occident, depuis que s'est répandu le
chapelet de la miséricorde, propagé
par sainte Faustine. Dans la liturgie de Saint Jean Chrysostome, il est chanté de
manière solennelle 4 fois de suite. Ce chant angélique, ce chant
d'adoration correspond au sanctus qui sera chanté dans la deuxième
partie de la liturgie. L'idée fondamentale est que notre liturgie
terrestre est une participation à la liturgie céleste des anges et
des saints dans le ciel.
Le
trisagion terminé, un lecteur s'avance au milieu de la nef et y
chante l’épître du jour. Pendant ce temps le diacre encense le
sanctuaire, l'iconostase et l'assemblée. Cet encens représente la
bonne odeur du Christ et sa parole qui se répand dans le monde.
Après l'épître, on chante
l’alléluia.
Le diacre entre alors en scène pour chanter l'évangile. A la fin de
cette proclamation, le prêtre bénit les fidèles avec
l'évangéliaire.
La première partie de la liturgie se conclut comme elle avait
commencé : par des litanies chantées par le diacre. La plus
importante est celle qu'on appelle l'ecténie ardente. Au cours de
celle-ci, le chœur en effet répond à chaque intention par un
triple kyrie eleison. Notons qu'il y a dans cette litanie une
intention spéciale pour les défunts.
Alors
commence la liturgie eucharistique proprement dite. Pendant que le
diacre encense à nouveau le
sanctuaire, l'iconostase et l'assemblée, le chœur chante le cherubikon, l'hymne des chérubins : Nous
qui, dans ce mystère, sommes l'image des chérubins et qui, en
l'honneur de la vivifiante Trinité, chantons l'hymne trois fois
sainte, déposons tout souci du monde. A
la fin de ce chant, le prêtre se rend au petit autel latéral, dont
nous avons parlé au début. Il donne au diacre le diskos, c'est-à-dire un
plat sur lequel se trouve la prosphore ou pain d'offrande et il prend
lui-même le calice avec le vin. Le clergé portant ainsi les saints
dons viennent en procession dans la nef. C'est ce qu'on appelle la
grande entrée, parallèle à la petite entrée de la première
partie de la liturgie. Cette fois, nous accueillons le Christ qui
vient vers nous pour rendre présent son sacrifice. La procession de
la grande entrée avec le pain et le vin représente en effet la
montée de Jésus vers Jérusalem pour y mourir et y ressusciter. Le
clergé rentre alors dans le sanctuaire par la porte royale grande
ouverte et dépose les saints dons, le diskos et le calice sur le
maître autel. Le chœur alors chante la deuxième partie de l'hymne
des chérubins : pour recevoir le roi de toutes
choses, invisiblement escorté des chœurs angéliques. Alléluia,
alléluia, alléluia.
C'est
ensuite la litanie de l'offertoire, que suivra le chant du credo par
le chœur, ou sa récitation par l'assemblée. Tout alors est prêt
pour commencer la grande prière eucharistique ou anaphore. Comme
chez nous, celle-ci débute par un dialogue initial entre le prêtre
et l'assemblée, qui invite à l'action de grâce : Élevons
notre cœur. Rendons grâce au Seigneur.
Le prêtre récite la préface et le chœur chante le sanctus. Les
paroles de la consécration sont chantées par le prêtre, d'abord
sur le pain, puis sur le calice. A chaque fois le chœur répond
amen, ce qui
souligne l'adhésion de foi de l'Eglise aux paroles du Seigneur. Le prêtre
ensuite élève en un geste d'offrande les saints dons ensemble, le
diskos et le calice, comme
cela se fait dans la messe romaine à la fin de la prière
eucharistique. Il les dépose sur l'autel et récite l'épiclèse,
prière d'invocation pour que le Saint-Esprit descende sur
l'assemblée et sur les dons présents sur l'autel, afin que ceux-ci
deviennent véritablement le corps et le sang du Seigneur, et que la
participation des fidèles
à la communion les
remplissent de la grâce
divine. Les orthodoxes ont
tendance à croire que c'est au moment de cette épiclèse que se
réalise en fait le miracle de l'eucharistie. Pendant cette épiclèse,
les gens sont prosternés dans l'église, parfois le front contre
terre pour adorer le mystère, tandis que le chœur chante :
Nous te chantons, nous te bénissons, nous te rendons
grâce, Seigneur, et nous te prions, ô notre Dieu.
Au cœur de l'anaphore il y a donc cette présence eucharistique du
Christ, la présence de l'Esprit qui réalise le mystère. Il y a
aussi la présence de Marie, la theotokos, la Mère de Dieu.
L'eucharistie n'est-elle pas une prolongation du mystère de
l'incarnation, qui s'est réalisé en marie par la venue en elle de
l'Esprit-Saint. C'est pourquoi, après l'épiclèse, on chante dans
la liturgie de saint Jean Chrysostome un hymne à la Vierge : Il est
vraiment digne de te bénir, Mère de Dieu, toujours bienheureuse et
tout-immaculée, et la mère de notre Dieu. Plus vénérable que les
chérubins et plus glorieuse que les séraphins, ô Vierge qui as
enfanté les Verbe de Dieu, tu es vraiment la Mère de Dieu, nous te
magnifions.
Le
diacre vient ensuite chanter la litanie de préparation à la
communion, qui se termine par le chant du Notre Père, ou sa
récitation par l'assemblée. Nous
constatons donc que dans ses grandes lignes la liturgie de saint Jean Chrysostome suit
le même schéma de déroulement que la messe latine.
Le prêtre et le diacre communient au corps et au sang du Christ à l'autel. Le diacre verse alors les parcelles eucharistiques dans le calice et ainsi la communion sera donnée aux fidèles sous les deux espèces. Le prêtre montre aux fidèles le calice, contenant le précieux sang et les parcelles du pain eucharistique consacré, en disant : Approchez avec foi, amour et crainte de Dieu. Avec l'aide d'une petite cuillère dorée il dépose dans la bouche des communiants une parcelle de pain consacré imbibé de saint Sang. Cette manière de faire est en outre personnalisée, car chaque communiant est censé dire au prêtre son prénom et le prêtre lui donne la communion en disant : Au serviteur de Dieu untel, ou à la servante de Dieu une telle, est donné le précieux corps et sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour le rémission de ses péchés et la vie éternelle.
Le prêtre et le diacre communient au corps et au sang du Christ à l'autel. Le diacre verse alors les parcelles eucharistiques dans le calice et ainsi la communion sera donnée aux fidèles sous les deux espèces. Le prêtre montre aux fidèles le calice, contenant le précieux sang et les parcelles du pain eucharistique consacré, en disant : Approchez avec foi, amour et crainte de Dieu. Avec l'aide d'une petite cuillère dorée il dépose dans la bouche des communiants une parcelle de pain consacré imbibé de saint Sang. Cette manière de faire est en outre personnalisée, car chaque communiant est censé dire au prêtre son prénom et le prêtre lui donne la communion en disant : Au serviteur de Dieu untel, ou à la servante de Dieu une telle, est donné le précieux corps et sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour le rémission de ses péchés et la vie éternelle.
Ensuite le prêtre bénit l'assemblée avec le saint sacrement en
traçant un signe de croix avec le calice depuis la porte royale du
sanctuaire et on va reporter le calice sur le petit autel latéral,
où le diacre consommera les restes et nettoiera le calice.
Après
une litanie d'action de grâce et une prière, ce sera la bénédiction
finale. Les fidèles viendront baiser la croix que le prêtre leur
présentera et pourront aussi recevoir du célébrant un petit
morceau de pain béni, comme cela se faisait naguère aussi chez nous
dans certaines paroisses. Ce
pain béni mais non consacré est aussi une façon de participer à
l'eucharistie pour tous ceux qui n'auront pas communié
sacramentellement et symbolise l'unité de l'Eglise, corps mystique
de Jésus-Christ.
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