L'homélie qui suit a été prononcée sur l'évangile du vingt-quatrième dimanche après la pentecôte dans le rite byzantin: la guérison de la femme hémoroïsse et la résurrection de la fille de Jaïre (Luc, 8, 41-56)
Le
récit évangélique que nous avons entendu ce matin, et qui nous
rapporte la guérison instantanée d'une femme ainsi que la
résurrection d'une fille de 12 ans, se trouve dans les 3 évangiles
synoptiques de Matthieu, Marc et Luc.
Dans
les deux cas, ce qui est proposé à notre admiration, c'est la foi
profonde en Jésus chez ceux qui demandent un miracle. Sans doute
cette foi et cette confiance étaient basées sur ce qu'ils avaient
pu entendre raconter au sujet de Jésus. Mais elle était surtout une
grâce venue de Dieu. Dans la prière, nous devons avoir une totale
confiance en Dieu, mais cette confiance est elle-même un fruit de la
prière. Et nous devons sans cesse demander au Seigneur qu'il
augmente en nous cette confiance.
La
confiance dans la prière apaise toujours notre âme car elle nous
met dans un état d'abandon entre les mains de Dieu. La foi, c'est de
sentir en son cœur que Dieu nous aime. Nous sommes sûrs de son
amour et nous sommes sûrs aussi que lui sait encore mieux que nous,
ce qui est bon pour nous et que notre prière est toujours exaucée,
même si parfois elle l'est autrement que ce que nous voulions.
C'est
vrai que parfois, nous ne sommes pas exaucés comme nous le
voudrions, mais quand nous regardons ce qu'a été notre vie, nous
voyons la miséricorde de Dieu agir dans notre existence et nous
conduire petit à petit, et avec une grande patience, là où Dieu
voulait nous conduire. Alors, la volonté de Dieu étant une volonté
d'amour, nous prions surtout en disant : Que ta volonté soit
faite sur la terre comme au ciel.
La
vraie prière consiste donc à dire les choses de cette manière :
Seigneur, je crois que tu m'aimes beaucoup, et que tu sais
Toi où tu veux me conduire. Je m'abandonne entre tes mains avec une
totale confiance. Je veux simplement dans les années qui me restent
à vivre faire ce que tu attends de moi, non pas ce que je veux mais
ce que tu veux.
Regardons
maintenant de près un autre détail de l'évangile de ce jour. C'est
en touchant le vêtement de Jésus que la femme hémoroïsse est
guérie de son infirmité. Cela nous donne l'occasion de parler des
sacrements, en particulier de l'eucharistie, car les sacrements sont
des moments où nous aussi nous touchons le Christ et entrons dans un
contact physique avec lui. Jésus souvent guérissait les malades en
leur imposant les mains. Dans l'eucharistie, le Seigneur nous prend
dans ses bras et nous presse contre son cœur. Une force de vie
émanait de Jésus et c'est pourquoi les malheureux de toute sorte
étaient attirés par lui. La
parcelle eucharistique que nous recevons et consommons, le Corps et
le sang du Christ, son âme et sa divinité, est un sacrement
vivifiant, qui nous purifie, nous fortifie et nous régénère.
Chaque fois que nous communions, nous pouvons dire avec saint Paul :
Le monde ancien s'en est allé, un monde nouveau est déjà
là. La femme est guérie de sa
maladie et de son impureté, la fille de Jaïre est rendue
à la vie. Tout cela se réalise aussi pour nous dans la communion
eucharistique. Tout cela est
vrai aussi du sacrement de la miséricorde et de la réconciliation,
la confession, véritable rencontre avec le Christ, qui met la main
sur nous, touche notre cœur en profondeur, pour nous purifier, nous
guérir et nous fortifier.
Pour
finir, arrêtons-nous à ce que Jésus dit quand il est devant la
petite fille morte : Ne pleurez pas. Elle n'est pas
morte mais elle dort. Cette
parole est une énigme car la fillette venait bien de trépasser et
tout espoir était perdu. Mais depuis que le Christ est ressuscité,
la mort est devenue un sommeil dans l'attente de la résurrection.
Voilà pourquoi, Jésus, comme le fera ensuite saint Paul sur le même
sujet, nous dit : Ne pleurez pas.
Pour les croyants, la douleur de la mort, bien humaine certes, est
néanmoins toujours accompagnée d'une grande espérance, l'espérance
de la vie éternelle, celle de la résurrection finale, quand la mort
sera définitivement anéantie, mais aussi celle de rejoindre le
Christ, dès la fin de cette vie, depuis que le jour de l'ascension
le Seigneur nous a ouvert les portes du ciel. La
mort est déjà vaincue, et notre trépas est devenu un passage vers
la vie éternelle. Alors il est bien juste en ce sens de dire que nos
morts ne sont pas morts mais qu'ils dorment puisqu'ils ont enfin
trouvé le seul repos véritable.
A
la femme, Jésus dit :
Ma fille, ta foi t'a sauvée, va en paix.
A Jaïre, il dit : Sois sans crainte, contente-toi de
croire et elle sera sauvée.
Voilà la simplicité que Jésus attend de nous : celle de la
foi purement et simplement. C'est dans cette foi que nous trouverons
la paix et le salut. Le diable essaie par tous les moyens d'insinuer
en nous le doute, l'hésitation et la complication de la pensée.
Contre ses embûches, Jésus nous a dit de prier sans cesse. La
vigueur de notre foi et de notre confiance dépend de notre fidélité
à la prière. Le padre Pio a dit que l'arme la plus puissante contre
le diable était le saint rosaire, prière des simples et des petits,
chemin infaillible vers la prière incessante du cœur. Puisse
l'évangile de ce jour nous ramener à la simplicité de la foi.
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