dimanche 30 octobre 2016

Guérison de la femme hémoroïsse et résurrection de la fille de Jaïre, homélie

L'homélie qui suit a été prononcée sur l'évangile du vingt-quatrième dimanche après la pentecôte dans le rite byzantin: la guérison de la femme hémoroïsse et la résurrection de la fille de Jaïre (Luc, 8, 41-56)

Le récit évangélique que nous avons entendu ce matin, et qui nous rapporte la guérison instantanée d'une femme ainsi que la résurrection d'une fille de 12 ans, se trouve dans les 3 évangiles synoptiques de Matthieu, Marc et Luc.
Dans les deux cas, ce qui est proposé à notre admiration, c'est la foi profonde en Jésus chez ceux qui demandent un miracle. Sans doute cette foi et cette confiance étaient basées sur ce qu'ils avaient pu entendre raconter au sujet de Jésus. Mais elle était surtout une grâce venue de Dieu. Dans la prière, nous devons avoir une totale confiance en Dieu, mais cette confiance est elle-même un fruit de la prière. Et nous devons sans cesse demander au Seigneur qu'il augmente en nous cette confiance.

La confiance dans la prière apaise toujours notre âme car elle nous met dans un état d'abandon entre les mains de Dieu. La foi, c'est de sentir en son cœur que Dieu nous aime. Nous sommes sûrs de son amour et nous sommes sûrs aussi que lui sait encore mieux que nous, ce qui est bon pour nous et que notre prière est toujours exaucée, même si parfois elle l'est autrement que ce que nous voulions.
C'est vrai que parfois, nous ne sommes pas exaucés comme nous le voudrions, mais quand nous regardons ce qu'a été notre vie, nous voyons la miséricorde de Dieu agir dans notre existence et nous conduire petit à petit, et avec une grande patience, là où Dieu voulait nous conduire. Alors, la volonté de Dieu étant une volonté d'amour, nous prions surtout en disant : Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
La vraie prière consiste donc à dire les choses de cette manière : Seigneur, je crois que tu m'aimes beaucoup, et que tu sais Toi où tu veux me conduire. Je m'abandonne entre tes mains avec une totale confiance. Je veux simplement dans les années qui me restent à vivre faire ce que tu attends de moi, non pas ce que je veux mais ce que tu veux.
Regardons maintenant de près un autre détail de l'évangile de ce jour. C'est en touchant le vêtement de Jésus que la femme hémoroïsse est guérie de son infirmité. Cela nous donne l'occasion de parler des sacrements, en particulier de l'eucharistie, car les sacrements sont des moments où nous aussi nous touchons le Christ et entrons dans un contact physique avec lui. Jésus souvent guérissait les malades en leur imposant les mains. Dans l'eucharistie, le Seigneur nous prend dans ses bras et nous presse contre son cœur. Une force de vie émanait de Jésus et c'est pourquoi les malheureux de toute sorte étaient attirés par lui. La parcelle eucharistique que nous recevons et consommons, le Corps et le sang du Christ, son âme et sa divinité, est un sacrement vivifiant, qui nous purifie, nous fortifie et nous régénère. Chaque fois que nous communions, nous pouvons dire avec saint Paul : Le monde ancien s'en est allé, un monde nouveau est déjà là. La femme est guérie de sa maladie et de son impureté, la fille de Jaïre est rendue à la vie. Tout cela se réalise aussi pour nous dans la communion eucharistique. Tout cela est vrai aussi du sacrement de la miséricorde et de la réconciliation, la confession, véritable rencontre avec le Christ, qui met la main sur nous, touche notre cœur en profondeur, pour nous purifier, nous guérir et nous fortifier.
Pour finir, arrêtons-nous à ce que Jésus dit quand il est devant la petite fille morte : Ne pleurez pas. Elle n'est pas morte mais elle dort. Cette parole est une énigme car la fillette venait bien de trépasser et tout espoir était perdu. Mais depuis que le Christ est ressuscité, la mort est devenue un sommeil dans l'attente de la résurrection. Voilà pourquoi, Jésus, comme le fera ensuite saint Paul sur le même sujet, nous dit : Ne pleurez pas. Pour les croyants, la douleur de la mort, bien humaine certes, est néanmoins toujours accompagnée d'une grande espérance, l'espérance de la vie éternelle, celle de la résurrection finale, quand la mort sera définitivement anéantie, mais aussi celle de rejoindre le Christ, dès la fin de cette vie, depuis que le jour de l'ascension le Seigneur nous a ouvert les portes du ciel. La mort est déjà vaincue, et notre trépas est devenu un passage vers la vie éternelle. Alors il est bien juste en ce sens de dire que nos morts ne sont pas morts mais qu'ils dorment puisqu'ils ont enfin trouvé le seul repos véritable.
A la femme, Jésus dit : Ma fille, ta foi t'a sauvée, va en paix. A Jaïre, il dit : Sois sans crainte, contente-toi de croire et elle sera sauvée. Voilà la simplicité que Jésus attend de nous : celle de la foi purement et simplement. C'est dans cette foi que nous trouverons la paix et le salut. Le diable essaie par tous les moyens d'insinuer en nous le doute, l'hésitation et la complication de la pensée. Contre ses embûches, Jésus nous a dit de prier sans cesse. La vigueur de notre foi et de notre confiance dépend de notre fidélité à la prière. Le padre Pio a dit que l'arme la plus puissante contre le diable était le saint rosaire, prière des simples et des petits, chemin infaillible vers la prière incessante du cœur. Puisse l'évangile de ce jour nous ramener à la simplicité de la foi.


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