mercredi 24 juin 2020

Les changements dans l'Eglise


Dans la confusion bien compréhensible qui sévit actuellement, certains s'en prennent au pape actuel, puis à ses prédécesseurs immédiats, enfin au Concile Vatican II. Aussi pour élever le niveau du débat, je vous livre un texte sur les changements religieux, extrait du livre Le Précieux sang, publié en 1860 par Frédéric-William Faber. Faber est un anglican qui a d'abord rejeté la théologie calviniste puis a adhéré au Mouvement d'Oxford. Il se convertit enfin au catholicisme et devint un prêtre oratorien à Londres. Sa destinée le rapproche donc de Newman, récemment canonisé

Il en est des âges de la vie humaine comme des diverses contrées du monde : chaque âge a son esprit spécial, ses vertus spéciales, ses vices spéciaux ; chaque âge a ses sciences, ses inventions, sa littérature, sa politique, son développement ; chaque âge se croit distinct des autres, et en cela il a raison ; il s'imagine être meilleur que les autres, mais en cela il se trompe. Probablement, il ne vaut ni plus ni moins que les autres. Quant à ce qui regarde les choses essentielles, tous les âges sont à peu près sur le même niveau ; mais chacun d'eux a sa manière d'être et demande à être traité en conséquence. Telle est la raison pour laquelle l’Église paraît agir différemment avec les différents âges. Dans un certain sens, on peut dire que l’Église marche avec le monde. C'est dans le même sens que l'on dit que le berger abandonne les brebis fidèles pour aller à la recherche de celle qui erre loin du troupeau. Chaque âge est une brebis errante séparée de Dieu, et il est du devoir de l’Église de la chercher, de la ressaisir et de la lui ramener, autant, toutefois, que cela est en son pouvoir. Nous ne devons pas traiter légèrement cette différence des âges. Chacun d'eux demande à être persuadé d'une manière particulière. Tous trouvent dans la religion leurs difficultés propres, ont leurs tentations propres, leurs folies spéciales. L'oeuvre de Dieu ne peut jamais s'achever dans le cours d'un seul âge ; il faut le recommencer dans l'âge suivant ; les raisons anciennes deviennent inutiles, parce qu'elles cessent d'être convaincantes, et les méthodes de l'âge passé ne conviennent plus, parce que les choses ont changé. C'est pour cela que la théologie revêt des aspects nouveaux, que les ordres religieux, d'abord florissants, tombent ensuite en décadence, que la dévotion a ses modes et ses vicissitudes, que les coutumes changent, que la discipline se modifie, et que l’Église se place dans des relations différentes vis-à-vis des gouvernements du monde.

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