jeudi 30 avril 2020

Homélie pour le samedi de la 3e semaine après Pâques: Jean 6, 60-69

Les paroles de Jésus sur le mystère eucharistique, qu'il tint dans la synagogue de Capharnaüm, eurent des résultats très opposés dans le cercle, soit général, soit intime, de ses disciples : ce fut, d'une part, l'incrédulité ; de l'autre, la foi la plus aimante. Il semble bien que la majorité des auditeurs eurent malheureusement la première de ces réactions. On trouva que les propos de Jésus étaient durs, choquants, intolérables.
 Bien sûr, les propos du Christ ne furent pas compris comme il se devait et comme l’Église les comprend maintenant, dans un sens tout spirituel et sacramentel. Ceux qui faisaient ces réflexions hostiles supposaient peut-être que Jésus leur ordonnait de démembrer son corps et de le manger par morceaux ! Puis de boire le sang qui s'en échapperait, ce qui répugnait tout particulièrement à des Juifs ! Notre foi chrétienne en l'eucharistie est tout autre : Jésus a livré son corps et versé son sang pour notre salut et pour que nous ayons la vie éternelle. Et la veille de sa passion, il a institué le sacrifice de son corps et de son sang et nous a ordonné de le célébrer, en mémoire de lui, jusqu'à ce qu'il revienne. Dans la communion, nous recevons dans notre cœur de manière substantielle et non sanglante son corps livré et son sang versé par amour pour nous, son âme, sa divinité, tout son amour. C'est avec son immense amour qu'il vient s'unir à nous, pour que nous ayons la vie.
N'en va-t-il pas de même aujourd'hui, lorsque l’Église dans son enseignement tient des propos exigeants et contraires aux valeurs mondaines ? Surtout lorsqu'elle maintient les exigences de la morale chrétienne et du droit naturel, beaucoup de nos contemporains refusent de l'entendre. Quand l’Église enseigne les mystères de la foi qui dépassent la raison, sans la contredire, le monde refuse de l'entendre et s'en tient à une vision des choses bornée, matérialiste et rationaliste, en se privant ainsi d'accéder à la beauté et aux merveilles de notre foi chrétienne. Car la foi aura toujours pour le regard des incroyants un aspect scandaleux, alors qu'elle est divine beauté et merveilleuse réalité pour celui qui croit.
Jésus va dès lors insister à la fois sur la possibilité réelle de ce qu'il vient de dire et sur le sens spirituel de ses paroles. Il va d'abord parler de sa future ascension dans le ciel, lorsqu'il aura été glorifié : si le Fils de l'homme est capable de monter au ciel, il est aussi capable de trouver le moyen de donner sa chair en nourriture, car son corps ne sera plus soumis aux lois ordinaires de la nature. En effet, poursuit Jésus, mes paroles sont esprit et vie. Comme le dit Bossuet : « Jésus ne rabat rien du sens littéral, mais il y ajoute le sens spirituel et le divin ». C'est la puissance même du Fils de Dieu qui rend possible l'insondable mystère eucharistique. Ceux qui y croient et y communient ressentent toute la force spirituelle et vivifiante de ce mystère et prennent ainsi à la lettre la parole du Christ : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie en lui ».
Ils peuvent alors dire comme Pierre : « A qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ». Ils ne voient personne d'autre à qui ils puissent adhérer. Jésus possède tout ce dont ils ont besoin et lui seul peut satisfaire tous leurs désirs de salut et de vie véritable. Les paroles de Jésus, si mystérieuses, voire si choquantes qu'elle soient, sont des paroles qui par elles-mêmes déjà procurent la vie éternelle et divine, dès lors qu'elles sont accueillies avec foi et amour.

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