jeudi 24 mars 2022

Annonciation 2022

 


En ce jour, notre Saint-Père le pape François, ainsi que de nombreux évêques de part le monde, vont consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie, ainsi que l'Ukraine, qui est le berceau historique de la Russie chrétienne, avec le baptême de saint Vladimir en 988. En italien un tel acte de consécration se dit affidamento, ce qui veut dire une remise confiante d'une situation problématique entre les mains de Notre-Dame, Mère de miséricorde qui intercède pour ses enfants auprès de son divin Fils. L’Église en ce jour va donc prier pour qu'adviennent la conversion des cœurs et cette paix universelle, à laquelle tous les peuples aspirent. Et ce jour de l'annonciation est tout indiqué pour un tel acte, puisque en cette fête nous commémorons l'annonce du salut de l'humanité, par l'incarnation du Prince de la Paix.

Nous devons agir comme si tout dépendait de Dieu : la prière est donc absolument indispensable. En même temps, nous devons agir comme si tout dépendait de nous : la collaboration de l'homme à l’œuvre de Dieu est elle aussi indispensable. Il en a été de même dans le mystère de l'incarnation : Dieu a eu besoin de Marie. De même que les rois de la terre envoient solennellement leurs plus fidèles ministres proposer à quelque glorieuse princesse une union vivement désirée, de même Dieu a choisi l'ange Gabriel pour porter à Marie des propositions toutes célestes, et pour contracter avec elle un engagement incomparable : Gabriel a été envoyé pour fiancer la créature au Créateur, nous dit S. Grégoire. le Thaumaturge.

Jésus étant le second Adam, on fut amené à appeler Marie une seconde Ève, tout aussi différente de son type que Jésus le sera lui-même du premier homme. C'est pour cela que l'Église latine chante dans l' Ave Maris Stella la strophe suivante : Recevant cette salutation de la bouche de l’ange, établis-nous dans la paix en changeant le nom d’Ève.

Il fallait que Marie donne un libre consentement à la proposition divine. Quel instant solennel dans l'histoire du salut de l'homme! O bienheureuse Marie, le siècle captif au complet demande ton consentement… Ne tarde pas, Vierge ! Donne vite une réponse à l’envoyé, et reçois le fils, s'écrie S. Augustin, dans un de ses sermons.

Ainsi Marie apparaît sur le vieux tronc du judaïsme comme la fleur sur l'arbre, pour annoncer la saison de maturité. Selon les prophètes, l'ère messianique sera celle de la paix. Le psaume 71 le dit clairement : En ces jours-là fleurira la justice, grande paix jusqu'à la fin des lunes ! Et c'est bien cette paix que l'ange annonce à Marie en la saluant en hébreux : Shalom.

La justice que va apporter le Fils de Dieu par son incarnation, c'est l'état de grâce, la vie en nous de la Sainte Trinité elle-même, la vie divine, l'adoption filiale, l'inhabitation de l'Esprit Saint, les prémices de la gloire éternelle qui sera la nôtre au dernier jour. Oui, malgré toutes les tragédies et les souffrances que traverse l'humanité, cette fleur de la justice est déjà éclose et elle finira par recouvrir la terre entière.

La grande paix messianique, c'est d'abord la paix dans les cœurs, condition indispensable pour que la paix règne sur terre, comme le rappelait déjà le pape Benoît XV, juste après la première guerre mondiale. Un grand saint russe, Saint Séraphin de Sarov exhortait ses disciples à demander sans cesse cette paix du cœur. La liturgie de ce jour nous offre cette grâce, au moment où le roi de la paix va descendre en notre cœur par la sainte communion. Bienheureux les faiseurs de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Les artisans de paix travaillent à l’établir entre les autres partout où elle n’existe plus. Dans un texte rabbinique, on peut lire ceci : les choses dont l’homme recueille les fruits aussi bien dans cette vie que dans l’autre : honorer son père et sa mère, multiplier les bienfaits et mettre la paix parmi les autres.

C'est donc dans l'espérance de cette paix, et dans le combat spirituel pour la paix que nous vivrons cette fête de l'annonciation, tout particulièrement cette année, où tant de menaces pèsent sur le monde. C'est plus que jamais une fête prophétique, en laquelle un acte de foi et d'espérance est exigé de nous mais nous est aussi offert par la Divine Miséricorde, avec la puissante intercession de la Mère de Dieu.

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