jeudi 5 juillet 2018

Jésus guérit les malades et chasse les démons, homélie

Homélie pour le septième dimanche après la pentecôte dans le rite byzantin, où on lit l'évangile de la guérison de deux aveugles et d'un démoniaque muet (Matthieu 9, 27-35)

En plusieurs passages, l’Évangile nous brosse un sommaire de l'activité missionnaire de Jésus durant son ministère public. Il nous est dit entre autres que Jésus guérissait des malades et expulsait des démons. Par sa Croix et sa Résurrection, le Fils de Dieu a vaincu le diable et le mal sous toutes ses formes. Jésus a donné à ses disciples toute autorité et mandat de faire la même chose que lui : guérir les malades et chasser les démons. Les disciples sont donc appelés à communiquer aux hommes la victoire que Jésus a acquise sur le mal, à communiquer la guérison et la libération apportées par la rédemption acquise par Jésus, notre seul Sauveur. De nos jours, cette réalité de la mission des disciples du Christ est particulièrement vécue dans le cadre du renouveau charismatique. Né dans le milieu protestant pentecôtiste, ce renouveau a pénétré l’Église catholique, d'abord aux États-Unis dans les années soixante du siècle dernier.

Dans chaque diocèse, il y a des exorcistes officiellement nommés par l'évêque. Dans notre diocèse il y en a deux par exemple. L'un vit à Dinant et l'autre à Libramont. Les exorcistes doivent être des prêtres prudents et jouir d'un bon discernement. En effet les symptômes de l'action directe du démon et ceux de maladies psychologiques se ressemblent étrangement. Parfois on a affaire à des personnes qui souffrent de troubles psychologiques et qui ont donc simplement besoin d'une bonne thérapie chez un spécialiste, parfois ce sont des personnes qui sont saines au point de vue psychologique mais qui sont alors réellement les victimes d'obsession ou de vexation diaboliques, souvent les choses sont plus complexes et on a alors des cas ou emprise satanique et maladie psychique sont entremêlées. C'est pourquoi l'exorciste se fait souvent accompagner dans son ministère par un professionnel de la santé.
Dans le cadre du renouveau charismatique, on distingue bien la prière de guérison intérieure et la prière de libération ou de délivrance. Dans le premier cas, ce sont des blessures psycho-affectives, remontant à l'enfance, qui font souffrir la personne qui demande de l'aide. L'Esprit-Saint éclaire et permet de nommer ces blessures afin de les exposer à la lumière guérissante du Seigneur. C'est seulement l'amour de Dieu qui nous guérit de toutes nos blessures. Dans les cas où on a discerné une emprise diabolique, due notamment à des fautes personnelles de ceux qui vivent une telle oppression, ou due même à des fautes de leurs ancêtres, on recourt alors aux prières de libération. Par exemple, celui qui a touché à l'occulte sous une forme ou une autre risque toujours de ne pas en sortir indemne, car le diable ne lâche jamais ses proies.
Les exorcistes sont clairs sur le sujet. L'exorcisme n'est pas de la magie, mais une prière faite dans la foi à la puissance salvatrice et libératrice du Christ, souverain Seigneur par sa victoire pascale. Cela signifie entre autres qu'un exorciste ne pourra jamais faire grand chose pour une personne qui vit dans le péché et ne veut pas y renoncer et choisir de vivre désormais uniquement dans la lumière de Dieu. Du reste, une vie vraiment chrétienne, basée sur la pratique des commandements de Dieu, les sacrements et une intense prière, est le grand moyen d'être protégé efficacement de toutes les manœuvres du diable. Dans ce cas on n'a pas besoin de prière particulière de délivrance ou de libération.
L’Évangile nous enseigne comment nous pouvons chasser le mal, guérir de nos blessures ou être libérés de Satan. Un jour, à propos d'un démon particulièrement coriace, Jésus a dit : Cette espèce-là ne s'expulse que par la prière et par le jeûne.
Le jeûne d'abord. De nos jours on en redécouvre l'importance. Certaines personnes jeûnent au pain et à l'eau le vendredi par exemple. Leur âme ainsi se purifie et leur prière acquiert plus de puissance. Mais il y a un jeûne que tout le monde doit pratiquer, c'est celui de la sobriété et de la tempérance à table à tous nos repas. Si on mange trop ou avec trop d'avidité, la vie spirituelle baisse dangereusement, notre âme et notre corps s'alourdissent, et on devient facilement l'objet des attaques de l'esprit du mal, parce que notre prière devient impossible. Que de fautes ont trouvé leur origine dans la gourmandise ou l'abus de l'alcool. Les orthodoxes ne mangent jamais avant d'aller à la liturgie ou à une vigile.
Ce qui nous permet aussi de vaincre le mal dans notre vie c'est la prière. Énumérons quelques-uns de ses aspects qui seront pour nous comme des exorcismes ou des prières de guérison intérieure.
L'office divin est la puissante prière de l’Église, épouse du Christ. Participer à celui-ci nous installe dans la vie de Dieu. Les sacrements sont indispensables. L'eucharistie est la vie éternelle qui se déverse en nous. La confession régulière est aussi un grand moyen de nous purifier et de nous fortifier. La prière de louange, très pratiquée dans le renouveau charismatique, est puissante pour chasser le démon, qui a celle-ci en horreur. L'invocation des saints noms de Jésus et de Marie est indispensable. A ce sujet mentionnons la prière traditionnelle du rosaire, d'une puissance particulière, la plus forte après l'eucharistie, d'après de nombreux saints. Il y a aussi la répétition inlassable de la prière de Jésus, chère à nos frères d'orient : Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, Fils de David, par les prières de la Toute-Sainte Mère de Dieu, sois propice au pécheur que je suis. Enfin l'adoration silencieuse du Saint-Sacrement est une source d'apaisement et d'unité intérieure, qui nous rend forts et nous protège contre toute emprise du mal.
N'ayons jamais peur du mal et de Satan. Jésus vainqueur est de loin le plus fort. Si nous croyons en lui et lui sommes unis nous n'avons rien à craindre. Mais si la victoire du Christ est acquise, encore doit-elle se communiquer et pour cela il faut notre collaboration. Tout ce que nous dit l’Évangile au sujet de l'esprit du mal n'a pas été écrit pour nous faire peur ou nous démobiliser, mais pour nous pousser à la foi, à la confiance et à la prière et à faire entrer ainsi le mystère pascal au creux de notre existence la plus concrète.

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