samedi 23 septembre 2017

Les ouvriers de la onzième heure, homélie

Lambert Jacobsz, mort en 1637
La parabole que nous venons d'entendre est une parabole plutôt déroutante, car le Seigneur nous semble ne pas être juste selon nos catégories humaines habituelles. Si un ouvrier travaille pour moi deux heures et un autre seulement une heure, je paierai le premier deux fois plus que le second.
Il est évident que cette parabole n'est pas à prendre au pied de la lettre et cela nous invite à en rechercher le sens spirituel.
Les différentes heures du jour dont on nous parle représentent les âges de la vie ou les différentes périodes de l'histoire religieuse de l'humanité. Certains sont chrétiens et servent Dieu depuis leur plus tendre enfance. D'autres se convertissent dans leur jeunesse, ou leur âge mûr ou enfin sur le tard. Certains même ne se convertissent qu'au moment de la mort. Tous recevront la même récompense. Le denier que le maître de la vigne paie à tous ceux qui ont travaillé pour lui symbolise la récompense éternelle du paradis, accordée à tous ceux qui meurent en état de grâce, quel que soit le moment où ils se sont convertis. Le paradis est un don de la miséricorde divine. Personne de toute manière n'y a droit et Dieu n'est pas injuste en traitant tous les sauvés avec une identique miséricorde. Mais la justice de Dieu sera quand même satisfaite. Car Dieu donnera un degré de bonheur éternel en proportion de nos mérites. Prenons une comparaison. Si on demande à des gens de venir avec un verre, pour qu'on le remplisse d'eau fraîche, ceux qui viennent avec de grands verres recevront plus d'eau que ceux qui viennent avec des verres de moindre contenance. Il en sera de même, quand nous entrerons dans la vie éternelle et que le Seigneur nous dira : Entre dans la joie de ton maître. Selon la grandeur de notre cœur, ou de notre capacité d'amour, nous recevrons une vie et une joie plus ou moins grandes. Voici ce que disait à ce sujet le curé d'Ars : Il faut bien savoir et se persuader que Dieu n'opère dans nos âmes que selon le degré de nos opérations, de nos désirs, de nos actes intérieurs produits à cette fin. Un vase prend de l'eau à une fontaine selon sa capacité.

Par contre tous les saints, les petits comme les grands, connaîtront un bonheur parfait, à la mesure de leur degré d'amour et de sainteté. Cela doit donc nous inciter à nous sanctifier de plus en plus tout au long de notre vie, à croître sans cesse dans l'amour. Et cela n'a rien à voir avec le moment de notre conversion. Un âme qui se convertit à la dernière heure peut mourir avec une telle perfection de contrition et d'amour qu'elle aura un ciel plus beau que celle qui aura servi Dieu toute se vie mais dans la tiédeur et la médiocrité.
Il y a donc le mérite de l'homme. Certes personne ne mérite le ciel. Je le rappelle c'est un don gratuit de la divine miséricorde. Ce qui est premier c'est toujours la grâce de Dieu. Mais il y faut la collaboration libre de l'homme et c'est en cela que consiste le mérite. Une préface que l'on dit à la messe des saints le dit à merveille : Lorsque tu couronnes les mérites, tu couronnes tes propres dons.
Les premiers seront les derniers et les derniers premiers. Un autre sens de la parabole, c'est que à tous les âges de l'histoire le salut et la conversion sont possibles. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, nous dit saint Paul. Divers peuples sont entrés les uns après les autres dans le salut de Dieu. Le peuple juif a été le premier appelé, mais, selon beaucoup de commentateurs, il sera finalement le dernier à reconnaître en Jésus, le Messie de Dieu et le seul Sauveur. Et lorsqu'il le fera en tant que peuple, alors le monde sera prêt pour le retour en gloire de Notre-Seigneur, qui viendra rendre à chacun le salaire promis. 

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